Nous avons commencé notre recherche par une
réflexion sur la constitution des savoirs, notamment les savoirs
féministes et les savoirs du développement et la mise en pratique
de ces savoirs. Notre grille de lecture abordera donc deux types de
thématiques, la première est de type théorique, la seconde
est pratique. Par théorique nous entendons tout ce qui fait la
pensée d'une organisation, ce qui implique aussi bien le savoir
théorique stricto sensu que le savoir qui émane d'une
pratique. Comme nous l'avions mis en exergue dans la première partie, le
développement et le féminisme sont des exemples de
'recherche-action', ce sont des pratiques qui font constamment l'aller-retour
(ou du moins qui devraient le faire) entre la réflexion et la pratique,
mouvement qui permet d'avancer et de développer son action. Nous avions
pour qualifier ce mouvement utilisé la définition de John Hoffman
de 'momentum concept'223 qui décrit bien le caractère
inachevé et imparfait du développement mais aussi du genre comme
terme d'analyse.
La notion de dispositif et de gouvernementalité qui ont
orienté notre analyse sera ici encore importante pour comprendre quel
est le rTMle des ONG dans le "monde du développement".
A. Au niveau théorique
· La constitution du savoir et le type de savoir qui est
mobilisé.
· Les bases théoriques sur lesquelles se fondent les
actions de l'ONG.
· L'influence des études féministes et des
études de développement dans l'intégration du genre.
Comment sont intégrées les études faites dans des domaines
parallèles à leurs actions.
· Les définitions du genre, du pouvoir, de
l'autonomie.
· L'organisation du savoir au niveau interne (existence
ou non d'un organe chargé d'études et de recherches, les liens
entretenus avec les universités, les centres de recherche, etc.).
· L'organisation du savoir au niveau externe (comment le
savoir est organisé au niveau de la pratique).
· Le rapport organisationnel entre savoir et pouvoir
(Qui se charge de la constitution du savoir, quel est le rapport avec le reste
de la structure, quels sont le temps et les moyens qui y sont consacrés
et qui les développe?).
223 voir définition du "momentum concept" page 18
B. Au niveau pratique
Dans notre première partie, nous avons mis l'accent
sur le lien entre theorie et pratique, tant pour les feministes que pour les
acteurs du developpement. C'est donc à ce niveau que nous analyserons la
pratique de NOVIB, d'abord leur pratique interne et ensuite la pratique
externe. Par pratique interne nous entendons le travail effectue au niveau de
l'organisation de NOVIB pour integrer le genre. La pratique externe concerne le
travail proprement dit de l'ONG: les projets dans le Sud, les actions de
sensibilisation dans le Nord, les actions de lobbying et de plaidoyer, la
participation à des reseaux, etc.
Dans cette partie nous observerons donc comment est integre le
genre dans la conception, la mise en Ïuvre et le suivi des projets mais
egalement dans l'evaluation permanente qu'il y a de ces projets. Nous nous
attacherons tout particulierement à voir comment se fondent les
relations avec les partenaires locaux de l'ONG, comment sont evalues les
projets, quels sont les liens qui sont tisses avec les organisations
locales.
Nous observerons comment NOVIB se positionne par rapport aux
aspects suivants:
· la conception qui est mise en avant (FED ou GED) et
comment le passage de l'un à l'autre s'est effectue.
· quelles sont les analyses qui sont faites des grilles
d'analyses existantes (besoins, rTMles, approches, etc.) et leur application
sur le terrain.
· l'institutionnalisation ou transversalisation du
genre.
· le positionnement politique de l'ONG.
· comment cette vision est appliquee sur le terrain et ce
que ca implique pour les projets.
· les valeurs qui sont mises en avant dans le choix des
partenaires et les criteres qui sont utilises pour choisir et evaluer les
projets avec ces partenaires.
· la facon d'integrer le feminisme dans ses actions, les
relations et les actions qui sont faites avec les groupes feministes du Sud.
· la reponse apportee aux critiques des femmes du Sud
à propos de l'integration du genre.
· le lien qui est fait entre le travail de terrain
proprement dit et les relations exterieures, le positionnement de NOVIB dans le
monde, dans les forums et conferences internationales (e. a. les conferences
des Nations Unies, les Forum Sociaux tels celui de Porto Alegre).
· l'autocritique de l'organisation ainsi que les
alternatives qu'elle tente de mettre en place.
L'objectif de cette etude était de mettre en exergue
certains points qui nous semblaient primordiaux dans l'analyse de
l'intégration de la perspective de genre dans les ONG. La liste de
points ou de thématiques pris en compte est bien sur loin d'être
exhaustive. Il s'agissait pour nous de se baser sur quelques criteres que nous
pensions etre pertinents. Nous voulions pouvoir comprendre quelles était
le cheminement d'une ONG, de la 'dé couverte' du genre, à sa mise
en Ïuvre, quels étaient les moments charnières et les
difficultés auxquelles elle était confrontée et quelles
sont les solutions ou les alternatives qui sont proposées. Enfin, nous
terminons notre analyse par un examen plus approfondi du travail de NOVIB en
Amérique latine. Cette section est toutefois, à notre regret,
incomplete puisque nous n'avons pas pu rencontrer la personne chargée du
Genre en Amérique latine à NOVIB. Les sources pour cette analyse
relevent donc plutTMt du discours et ne sont basées que sur les
informations générales obtenues de NOVIB.