WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Féminisme, genre et développement en Amérique latine: le cas de Novib (ONG néerlandaise )

( Télécharger le fichier original )
par Zoé Maus
Université libre de Bruxelles - DEA pluridisciplinaire 2002
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

ii. Les triples rTMles de genre: rTMle de reproduction, rTMle de reproduction et rTMle communautaire

98 RAZAVI et MILLER, opcit., p. 17.

99 ZWALHEN Anne, Vers un autre genre de développement, in Créativité, femmes et développement, Cahiers de l'IUED, Genève, 1997, pp. 31-41, p. 32.

100 Voir l'analyse des relations sociales point iv.

101 Le ménage, ou foyer, est ici considéré sous un angle"traditionnel": un homme, une femme, deux ou trois enfants et le posent comme"unité" de base pour l'étude des relations sociales de genre. Ne prendre en compte que les relations au sein du foyer est doublement critiquable: d'une part, en considérant qu'il y a un homme et une femme au sein de la famille, on fait abstraction d'autres modes de structure familiale (beaucoup de femmes sont seules chefs de familles, il existe d'autres formes de groupes communautaires), d'autre part, se limiter aux relations hommes-femmes dans la sphère privée, en particulier dans le couple, n'est que poursuivre ce qui a été fait auparavant, à savoir confiner la femme dans la sphère privée, comme si elle n'avait de relations avec les hommes que dans son "ménage" mais aussi comme si les relations avec les autres femmes n'étaient jamais empreintes de pouvoir ou de domination mais aussi de coopération et complicité. La question lesbienne notamment est rarement abordée par le monde de la coopération, alors qu'il s'agit d'un thème récurrent parmi les féministes en Amérique latine.

Caroline Moser, entre autres, base la planification en terme de genre sur l'analyse des rTMles. Elle en dénombre trois: reproductif, productif et communautaire. Il s'agit évidemment d'une simplification de la complexité de la réalité, mais l'identification de ces trois rTMles est, selon Moser, un outil permettant de rendre visible ce qui ne l'était pas auparavant.102 En effet, l'objectif est de provoquer une prise de conscience et d'attirer l'attention sur le fait que les femmes doivent trouver un équilibre entre leurs différents rTMles et que cela a une implication sur leur capacité à participer aux projets et à leur investissements dans ceux-ci.

La nouveauté du schéma des trois rTMles réside dans la reconnaissance du temps et de l'effort déployés par les femmes dans l'aménagement de la communauté locale. Les femmes agissent tant au niveau des infrastructures qu'à celui des services. Le tissu des relations sociales est envisagé comme un ensemble d'infrastructures et de services. Cependant ce schéma reste, selon Jeanine Anderson, l'une des reductions les plus maladroite qu'on ait tenté d'appliquer à l'analyse de la femme et à celle du développement. 103

La définition des rTMles se fait en fonction des ressources qu'ils génèrent. Le rTMle productif a ainsi trait à la production des ressources économiques et matérielles, alors que le rTMle reproductif a trait à la gestion et la reproduction des ressources humaines. Ces deux rTMles ne sont en fait qu'une autre facon de différencier la sphère privée de la sphère publique, les concepts de reproduction et de production.

Pour ce qui est du rTMle communautaire, Kabeer souligne le manque de clarté dans la définition qu'en donne Moser. On ne sait pas très bien en effet si ce rTMle communautaire produit des biens et services

gr%oce aux efforts communautaires plutTMt qu'individuels, l'accent étant mis dans ce cas sur l'organisation de la production, ou si au contraire les efforts collectifs se rapportent à ce qui est produit, par le fait de revendications rendues possibles gr%oce à l'appartenance des membres aux organisations communautaires.104 Par ailleurs, au-delà de cette imprécision, Moser fait la différence entre le rTMle de gestion communautaire et le rTMle de politique communautaire. La gestion serait le fait des femmes, et Moser décrit ce rTMle comme étant "une extension du rTMle reproductif", puisqu'il s'agit de veiller au bien-titre de sa famille et de sa communauté. La femme remplit ce rTMle lors de ses temps libre et bénévolement. Le rTMle politique communautaire serait le fait des hommes. Il s'agirait ici d'organisation politique formelle, impliquant rémunération et augmentation de statut et de pouvoir. 105 Moser relève toutefois que ce clivage entre investissement communautaire bénévole féminin et investissement politique rémunéré masculin est renforcé par les états, les institutions et les ONG. Quand des t%oches sont redistribuées aux femmes, dans le cadre de projets (par exemple des projets de santé communautaire ou d'alimentation), elles le font en général gratuitement et pour combler le vide institutionnel. Cette instrumentalisation des femmes est particulièrement claire dans l'approche "efficacité" que nous analyserons plus loin.

Ce rTMle communautaire, décrivant les activités des femmes dans la gestion de leur communauté, ne décrit pas, du moins pas de manière explicite dans les textes de Moser, l'activité politique des femmes dans d'autres lieux que leur communauté. Or, c'est autour de la défense du bien -etre des individus et de l'intéret pour la gestion collective des biens

102 MOSER Caroline O.N., Planificaci--n de género y desarollo: teoria, practica y capacitaci--n, Entre Mujeres/ Flora Tristan ediciones, Lima, 1995, p. 140.

103 ANDERSON Jeanine, Le 'triple rTMle', in BISILLIAT Jeanne et VERSCHUUR Christine (dirige par), Le Genre: un outil nécessaire. Introduction à une problématique, Cahiers Genre et développement, n°1, 2000, AFED -EFI, Paris - Genève, pp. 175-178.

104 KABEER Naila, Triples rTMles, rTMles selon le genre, rapports sociaux: le texte politique sous-jacent de la formation à la notion de genre, in BISILLIAT Jeanne et VERSCHUUR Christine (dirige par), Le Genre: un outil nécessaire. Introduction à une problématique, Cahiers Genre et développement, n°1, 2000, AFED-EFI, ParisGenève, p. 161.

105 MOSER, opcit, p. 59.

publics que s'est articulée la citoyenneté des femmes développée durant ces trente dernieres années, du moins en Amérique latine.106

A propos de cet engagement, Moser prétend que, lorsque les femmes se mobilisent autour de themes qui sont directement en lien avec leurs sphere sociale et en dehors des organisations politiques établies, elles deviennent tres puissantes, justement parce qu'elles ne remettent pas en question la nature de leur subordination de genre. Par contre, une fois qu'elles s'impliquent dans le monde "masculin" de la politique publique, les confrontations sont virtuellement inévitables. Selon l'auteur c'est une des raisons pour laquelle les femmes choisissent de rester dans le gestion communautaire. Et de citer comme exemple la réussite des associations comme les Meres de la Place de Mai en Argentine, ou le Comité de Amas de Casa de Siglo XX en Bolivie.107 On ne sait pas tres bien si lorsque Moser dit que les femmes ont tendance à éviter la confrontation et restent donc dans leur sphere traditionnelle, elle approuve cette facon de voir ou si elle ne fait qu'un simple constat. Or les femmes, meme si elles ont été traditionnellement confinées au "monde privé de la sphere domestique", ont toujours été présentes dans les luttes collectives comme le souligne Elizabeth Jelin.108 De plus, lorsque les femmes préferent éviter la confrontation et restent donc dans leur rTMle de gestion communautaire, elles peuvent le faire pour diverses raisons, notamment parce qu'à ce moment, pour une raison ou une autre, elles préferent mettre en avant la satisfaction de certains besoins et intérets.

Pour conclure sur ce cadre des trois rTMles de genre, il nous faut constater que si le bon sens nous incite à le considérer comme étant un cadre d'analyse valable, nous ne pouvons que constater qu'il ne fait que transcrire une certaine réalité de la division des rTMles et qu'en aucun cas son utilisation ne menera à une transformation et une amélioration de la situation de la femme. Reconna»tre les rTMles est une choses, se donner les moyens de les transformer ou de les répartir de maniere équitable en est une autre. Or ce cadre, en se basant sur des notions et des concepts traditionnels, émanant d'une tradition "patriarcale", est par trop statique et simpliste.

Comme le souligne à juste titre Jeanine Anderson,

si nous voulons le bien des femmes, notre devoir est de reconna»tre que leur monde a la meme complexité que celle que nous attribuons à celui des hommes. Nous de parlerions jamais du "triple rTMle" des hommes, ni meme des hommes de milieux défavorisés; cela serait considéré comme une simplification insensée et intolérable. 109

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus