B. Deuxième partie: Femmes et développement -
genre et développement
Cette question fera l'objet de la deuxième partie de la
recherche. A la lumière des observations de la première partie
sur le savoir - pouvoir, j'essayerai de voir comment ont été
conçues les politiques touchant les femmes dans le domaine du
développement, quels sont les présupposés et les
catégories d'analyse qui ont servi à l'élaboration des
différentes approches de la question et comment ces approches ont
évolué en fonction du contexte.
Depuis les années soixante, une nette évolution
est perceptible dans le monde de la coopération en ce qui concerne les
femmes. Différentes approches caractéristiques des
évolutions successives de la coopération, ont défini une
facon d'intégrer les femmes dans le développement. Des cadres
d'analyses ont été élaborés, notamment le cadre des
rôles de genre de Harvard et celui de Caroline Moser10 qui se
base sur les théories des rôles et des besoins de femmes ainsi que
l'analyse des relations sociales. Ces conceptualisations, bien qu'elles
représentent une avancée considérable dans le long
parcours vers l'approche "GED", ne sont pas exemptes de critiques. Pour revenir
aux momentum concepts de Hoffman, ces conceptualisations portent en
elles les germes de leur propre critique et donc de leur évolution. En
effet, les critiques que l'on peut émettre à ces cadres
permettent de donner des pistes pour que le genre soit mieux
intégré, mieux compris et mieux appliqué. Les critiquer me
permettra de poser les bases de nouveaux cadres d'analyse que
j'ébaucherai.
9 ERALY, opcit, p. VIII 20-28. Nous
précisons que cette définition est donnée par Eraly dans
le cadre de la Sociologie de la connaissance et qu'il ne s'agit que d'une
définition parmi d'autres. Nous l'utilisons parce qu'elle définit
bien ce que nous voulons exprimer dans le cadre de ce mémoire, à
savoir, l'utilisation du savoir afin de légitimer uncertain point de vue
et qui contribue à la mise en place d'un dispositif.
10 MOSER Caroline O.N., Planificación
de género y desarollo: teoria, practica y capacitación,
Entre Mujeres/ Flora Tristan ediciones, Lima, 1995.
En basant l'analyse sur les concepts de savoir et de
pouvoir/puissance, j'analyserai ces différentes approches afin de
comprendre comment le dispositif de développement s'est constitué
d'une part, quelles sont les alternatives envisageables à l'approche
actuellement appliquée d'autre part. Nous aborderons dans ce cadre
l'idée d'autonomie et observerons quelles sont les pistes
déjà suivies dans cette direction. Nous observerons notamment
comment cette question est abordée par les ONG et en quoi les ONG, en
tant que "mouvement s ocial", ont un rTMle crucial dans la construction d'une
vision alternative de la question. Par mouvement social nous entendons,
à l'instar de Teresita De Barbieri, tout mouvement qui ne prétend
pas s'emparer de l'Etat mais bien peser sur ses politiques et son pouvoir de
manière à y intégrer leurs propres projets de
société.11 Cette analyse nous permettra de comparer ce
qui se fait dans les ONG du Nord et la manière dont travaillent les
femmes du Sud.
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