C. Troisième partie: Féminisme et
développement en Amérique latine
Notre expérience personnelle nous a amenée
à effectuer plusieurs voyages au Mexique et en Amérique centrale,
voyages au cours desquels nous avons découvert des femmes debout, en
lutte pour leurs droits, pour leur autonomie, qui nous ont fait
découvrir une autre facette de ce que nous pensions être la
réalité de terrain de la coopération au
développement. Ce sont sans doute ces rencontres qui ont suscité
le choix de ce mémoire. Nous nous limiterons donc, dans notre analyse de
cas, à l'Amérique latine puisqu'il s'agit de la zone
géographique que nous connaissons le mieux.
D'autre part, le féminisme et les mouvements
d'organisations des femmes sont particulièrement
développés en Amérique latine et ont, ces trente
dernières années, effectué un cheminement énorme,
tant dans la pratique que dans la théorie. Si certaines critiques sont
émises quant au caractère "féministe" des "latinas",
l'histoire nous montre que ces femmes n'ont rien à envier à leurs
consÏurs du Nord. L'histoire particulière des pays sud -
américains a forgé un féminisme basé sur un large
mouvement social et politique, issu de différentes luttes et a rendu "le
modèle latino-américain unique dans son organisation des
femmes"12
Cette partie s'attachera donc à brosser un tableau de
la situation générale en Amérique latine. Ensuite nous
analyserons quelques grands traits des mouvements de femmes et des mouvements
féministes pour terminer par une réflexion sur les liens entre
ces groupes et la coopération internationale.
C. Quatrième partie: NOVIB: un exemple d'ONG
engagée dans le genre
Enfin, pour la troisième partie consacrée
à l'analyse, il me fallait trouver une (ou plusieurs) ONG(s) qui avaient
fait du genre un des points centraux de leur travail. Il fallait en outre
qu'elle(s) ai(en)t un historique dans le domaine qui puisse être
étudiable, c'est-à-dire ayant suffisamment d'expériences,
tant dans le domaine de la recherche et la production de
11 citée par WEINSTEIN Marisa, La
citoyenneté dans les relations Etat-femmes populaires, in
MARQUES-PEREIRA Bérengère: Femmes dans la
Cité: Amérique latine et Portugal, Sextant, ULB,
n°8, 1998, Bruxelles, pp. 7-16, pp. 43-74, p. 66. Considérer les
ONG comme un mouvement social est dans une certaine mesure un raccourci et nous
expose à des critiques non dénuées de justesse sur leur
participation parfois complaisante au.système néo-libéral.
Nous pensons néanmoins que leur travail en général en fait
des "mouvements sociaux", comme le sont les syndicats par exemple. Consciente
de ces critiques, nous utiliserons néanmoins le qualificatif de
mouvement social comme étant une sorte d'idéal à
atteindre.
12 SAPORTA STERNBACH Nancy (et alii),
Feminisms in Latin America: from Bogota to San Bernardo, in ALVAREZ
Sonia et ESCOBAR Arturo (sous la direction de), The making of the
social movements in Latin America. Identity, strategy and democracy, Westview
Press, Boulder, 1992, pp. 207-239.
connaissances spécifiques que dans celui de l'action
sur le terrain (au Sud comme au Nord). Assez rapidement, il ne faisait pas de
doute pour moi que l'une des seules, si pas la seule, ONG qui correspondait
à ces critères était OXFAM; et plus
particulièrement deux branches nationales de la fédération
internationale d'OXFAM: la branche Britannique (OXFAM GB-I) et la branche
hollandaise (NOVIB) qui combinent une histoire qui a "évolué avec
son temps" et un travail de recherche et de systématisation des
expériences peu répandu dans les ONG.
Pour des raisons pratiques (proximité et
facilité d'accès aux documents) et personnelles (j'avais pu me
rendre compte de leur travail en Amérique du Sud lors de voyages sur
place), je me suis focalisée sur le cas hollandais même si je me
réfère de temps à autre au cas britannique.
Je tracerai dans un premier temps un bref historique et une
description des principes politiques généraux de NOVIB. Ensuite,
j'étudierai à la lumière de l'analyse faite dans les deux
premières parties comment NOVIB a intégré le genre dans sa
facon de travailler. J'analyserai cela d'abord au niveau des principes
théoriques (statuts, plans d'action, É) pour ensuite passer
à l'aspect de l'application pratique (organisation interne, projets
soutenus, relations avec les partenaires). Nous observerons plus
particulièrement comment se sont concrétisés les divers
projets d'intégration du genre en Amérique latine.
Nous terminerons enfin par une critique
générale, à partir de ce cas particulier, de
l'intégration du genre dans le développement, afin de voir
quelles peuvent être les perspectives tant dans le domaine de
l'intégration du genre dans la coopération au
développement, que dans les stratégies communes de changement
sociétal qui peuvent être mises en Ïuvre par la
société civile du Nord et du Sud.
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