1.4 L'état de l'art
L'habitat irrégulier est une caractéristique de
l'urbanisation qui affecte quasiment tous les continents. Si l'on peut trouver
des variantes à travers le monde, le phénomène traduit un
malaise, une marginalisation que l'on se presse à attribuer aux pauvres.
Cependant, une analyse du phénomène permet de comprendre
qu'au-delà des pauvres, les couches moyennes sont également
concernées. La caractéristique commune de l'habitat
irrégulier est la précarité du statut foncier. Sinon, la
constitution d'un quartier spontané varie parfois d'une ville à
une autre, voire d'un continent à un autre. C'est pourquoi, une
multitude d'expressions est utilisée pour désigner le
phénomène d'occupation illégale de l'espace. C'est dans
cette optique que BLANC, B. et DANSEREAU, F. (1995), proposent de faire la
distinction entre les notions d'habitat informel, irrégulier,
illégal, clandestin ou spontané ou encore de quartier
sousintégré, de taudis et de bidonville. Tous ces termes sont
plus ou moins confusément utilisés comme synonymes
évocateurs d'une réalité unique alors qu'ils recouvrent
des situations infiniment diverses. L'illégalité des
établissements, l'absence d'infrastructures officielles et
l'encombrement constituent probablement des éléments communs de
base mais la forme et le degré des écarts sont susceptibles de
variations très grandes.
Nous allons aborder succinctement la situation sur les
différents continents avant de nous appesantir sur le cas de l'Afrique
subsaharienne.
1.4.1 L'habitat informel à travers le monde
Bien que de nature différente, l'habitat informel se
retrouve quasiment sur tous les continents.
1.4.1.1 En Europe
Selon BARNET Y. (2003), le phénomène de
bidonvilisation a connu deux phases en Europe : la révolution
industrielle et la seconde guerre mondiale. Au cours de la révolution
industrielle, les habitants des bidonvilles étaient des ouvriers venus
en ville pour servir de main d'oeuvre dans l'industrie en expansion. Ils se
sont installés non loin des usines situées à la
périphérie des villes. Face à l'ampleur du
phénomène, politiciens et patrons se réunirent pour
trouver une solution à ce problème et c'est ainsi que des
logements sociaux furent bâtis aux ouvriers ainsi que des aides au
logement apportées à ceux qui en ont besoin.
La seconde vague consécutive à la guerre
était constituée principalement de maghrébins fuyant leurs
territoires pour venir s'installer en Europe. Il faut ajouter à ces
immigrants, les sinistrés de la seconde guerre mondiale. Là, ce
sont les terrains vagues situés à la périphérie des
agglomérations qui sont squattés. En France, par exemple, ce
phénomène se situe autour de 1953-1962 où plusieurs
dizaines de milliers de familles vivaient dans ce qui fut le plus grand
bidonville de France à quelques mètres des logements sociaux et
qui mettait face à face le confort et la désolation : le
bidonville de Nanterre.
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