4.1.2 La cession des terres en guise de remerciement ou de
bon voisinage : l'usufruit15
La période précoloniale était
marquée par des conflits intermittents entre les différentes
tribus ou principautés. Des alliances sont nouées afin de
garantir la sécurité des personnes et des biens. A
l'époque le bien le plus prisé était le bétail et
dans une moindre mesure les hommes qui sont réduits en captivité.
Dans le cadre de ces alliances, des terres peuvent être
cédées aux habitants d'un finage voisin soit à titre
irrévocable et dans ce cas, ils ont l'abusus sur le domaine qui leur est
concédé, soit la terre peut leur être affectée sous
forme de prêt leur conférant ainsi le fructus. Ainsi, les
bénéficiaires de ce prêt mettent en valeur les champs en
respectant les haies mitoyennes (usus16). Ils disposent des
récoltes et dividendes (fructus) mais ils doivent verser une
fiscalité à ceux qui leur ont prêté le
champ afin que leurs descendances sachent qu'ils exploitent une terre sur
laquelle ils n'ont autre droit que l'usus et l'abusus. Le non versement de cet
impôt foncier constitue une violation du pacte et pourrait amener au
retrait du champ par le propriétaire. C'est ce droit coutumier dont
l'islam n'a pas changé le principe notamment pour ce qui est de
l'héritage (dont la femme devrait avoir le tiers de la part de l'homme)
que la colonisation va bouleverser en sapant le principe sacro-saint de la
non marchandisation de la terre.
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