L'habitat informel dans les villes d'Afrique subsaharienne francophone à travers l'exemple de Niamey (Niger )( Télécharger le fichier original )par Hamadou ISSAKA Université de Pau et des pays de l'Adour - Master 2 de géographie 2007 |
2.3 Le processus d'urbanisation en Afrique subsaharienne francophone face à celui des autres régions du mondeBien que d'ampleur aujourd'hui inquiétante, l'explosion urbaine en Afrique n'est pas un cas atypique et on pourrait dire qu'elle se déroule selon un processus analogue à celui d'autres continents. Ce qui fait la particularité du contexte africain, ce sont les conditions de son évolution faites de pauvreté quasi généralisée et de déliquescence des Etats d'où les inquiétudes légitimes des observateurs. En Europe par exemple, l'urbanisation a pris de l'ampleur avec l'industrialisation. Cette dernière aurait été le facteur déterminant de la migration des populations rurales qui se sont retrouvées dans les villes pour servir comme ouvriers augmentant ainsi les populations urbaines. En Grande Bretagne, foyer de l'industrialisation, au début du XIXème siècle, 20% de la population vivaient dans des villes de plus de 10 000 habitants. Cent ans plus tard, on en dénombrait 64% et la population de Londres a été multipliée par 7 passant de 1,1 million en 1800 à 7,5 millions au début du XXème siècle selon MORICONI EBRARD (1993). Il est aisé de constater que l'urbanisation en Europe s'est déroulée de façon progressive dans le temps en accompagnant l'industrialisation. Mieux, les patrons des industries s'étaient impliqués dans la planification urbaine en oeuvrant pour l'amélioration des conditions d'habitat des ouvriers installés non loin des sites industriels. L'Asie et l'Amérique Latine eurent aussi des croissances urbaines dépassant 6% entre 1840 et 1860. Il en fut de même pour les Etats-Unis d'Amérique où selon COUR J.M (1995), contrairement aux autres parties du monde, des citadins s'étaient déplacés avec leurs capitaux et savoir-faire pour se retrouver dans d'autres villes. Des mesures sévères ayant conduit à l'extermination de la culture voire même de la population autochtone, ont été prises. La planification urbaine a été rationalisée et des modèles urbains de type « cité jardin » ont été mis en oeuvre (SERGIO 2002). Selon le même auteur, l'urbanisation en Amérique Latine est liée à la migration des ruraux fuyant la désintégration des systèmes de production avec l'imposition des monocultures et l'éviction des agriculteurs par les grands propriétaires terriens (Latifundios). L'Amérique Latine est aujourd'hui une des régions du monde qui compte plus de population urbaine et où il y a les plus grandes mégalopoles. Bien que ses villes soient plus anciennes et aient de meilleures infrastructures et services que celles de l'Afrique, elles montrent aussi la hiérarchisation sociale, avec des zones résidentielles très luxueuses et une majorité des quartiers dégradés, insalubres et sans les conditions minimums d'habitabilité. Avec 13 des 23 mégalopoles mondiales d'au moins 8 millions d'habitants, l'Asie est un contient où l'urbanisation s'accélère à un rythme vertigineux sous l'effet de la migration rurale. Figure n° 2 : Pourcentage de la population urbaine 1970, 1995, 2020 Source : COUR J-M. ( http://www.urbanisme.equipement.gouv.fr) En Asie comme en Afrique on assiste à une forte migration des ruraux paupérisés mais contrairement à l'Afrique où les ruraux sont déversés dans les villes sans perspectives d'intégration pour la majorité, en Asie, l'urbanisation s'est effectuée dans un contexte de développement du secteur industriel manufacturier en particulier au cours des décennies 80 et 90 correspondant aux années d'atermoiement dans la gestion urbaine en Afrique subsaharienne francophone. |
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