2.2 La planification urbaine dans les villes d'Afrique
subsaharienne francophone
Le rythme de la croissance urbaine en Afrique subsaharienne
n'a pas permis aux autorités de mettre en place les
éléments nécessaires à la maîtrise du
développement, de la gestion et de la planification urbaine. Ainsi se
développent des villes incapables d'offrir à un nombre croissant
de citadins les avantages de la ville d'où la naissance d'un urbanisme
de rattrapage
fait de ségrégation sociale et spatiale
remarquable à travers le paysage urbain constitué de quartiers
anciens surpeuplés, dégradés et paupérisés,
des quartiers résidentiels de haut standing et une
périphérie constituée parfois d'habitat de fortune.
FARVACQUE-VITKOVIC C. et GODIN L. (1997) soulignent que les
villes d'Afrique subsaharienne ont été planifiées des
années 70 à 90 selon trois repères :
- Années 70 : dès les années 60, les
nouvelles autorités s'étaient rendues compte qu'elles ne
pouvaient pas accéder à la demande de tous les citadins en
logement. Face à ce constat accablant, la stratégie
adoptée au cours de la décennie 70 consistait à rendre
accessible l'habitat au plus grand nombre et à lutter contre la
pauvreté urbaine. Le message était simple et clair et peut se
résumer en ces termes :
* la puissance publique n'a pas les moyens de construire
un logement pour chaque ménage et devrait consacrer plutôt ses
ressources à l'aménagement de terrains pour l'autoconstruction, *
les quartiers spontanés ou sous-équipés ne doivent plus
être détruits, mais améliorés et
réhabilités,
* les coûts doivent être recouvrés pour
assurer la replicabilité des opérations.
- Années 80 : cette décennie débute avec
une crise économique et financière ayant conduit à
l'ajustement structurel de l'économie de quasiment tous les pays
d'Afrique subsaharienne francophone. Les projets urbains ne sont plus une
priorité des Etats et la Banque Mondiale qui intervenait dans plusieurs
projets montrait moins d'engouement. On ne retrouve plus la
progressivité qui marquait les premiers projets et qui cherchait
à enrichir l'expérience d'un projet sur l'autre.
- Années 90 : Cette période était
marquée aussi par la dévaluation de 50% du franc CFA contribuant
à exclure la majorité des citadins à l'accès
à l'habitat urbain avec l'augmentation de 50% du coût des
matériaux de construction importés ; les prix des
matériaux locaux ont été majorés alors que les
revenus n'ont pas connu une amélioration. Au même moment est
apparue l'ouverture démocratique qui s'est traduite par un
affaiblissement du pouvoir central qui a eu des répercussions sur le
tissu urbain.
C'est avec ce balbutiement que l'Afrique subsaharienne est
entré dans le nouveau millénaire avec une urbanisation mal
maîtrisée et pernicieuse.
Confrontés aux difficultés d'obtention des
titres fonciers ou même des actes de cession, certains de citadins
occupent le sol urbain de manière irrégulière. On assiste
à une ruralisation de la ville ou du moins de certains quartiers dans
lesquels les populations pratiquent des activités agricoles et
consomment l'eau des puits malgré le risque lié à la
contamination de certaines nappes phréatiques.
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