L'habitat informel dans les villes d'Afrique subsaharienne francophone à travers l'exemple de Niamey (Niger )( Télécharger le fichier original )par Hamadou ISSAKA Université de Pau et des pays de l'Adour - Master 2 de géographie 2007 |
Chapitre II : Les villes d'Afrique subsaharienne francophone et leur planification urbaineLe modèle urbain actuel de l'Afrique subsaharienne est une pâle copie de celui de la période coloniale dont les objectifs visaient avant tout à satisfaire les besoins d'administration et surtout de transit des matières premières en partance pour l'Europe. C'est ce qui selon SERGIO (2002) explique que sur 33 villes de plus de 1 million d'habitants, 18 sont créées dans la zone du littoral. Après les indépendances, les nouveaux Etats n'ont pas pu créer un dynamisme interne pour faire de ces villes des vecteurs de développement en planifiant leur croissance. Au contraire, les villes sont devenues des réceptacles de populations diverses dont la majorité est mal préparée à s'intégrer à une vie urbaine parfois austère. 2.1 L'historique des villes d'Afrique subsaharienne francophoneTimide à ses débuts, le processus d'urbanisation en Afrique subsaharienne a commencé à prendre de l'ampleur au lendemain de la deuxième guerre mondiale (vers 1950) pour atteindre un seuil effarant dans les années 1980. L'entrée de l'Afrique dans l'économie de marché, la migration des ruraux et la forte croissance démographique sont autant de facteurs qui ont favorisé ce phénomène. A titre d'exemple, en Afrique occidentale, la population est passée de 40 millions d'habitants en 1930 à 87 millions en 1960 pour atteindre 194 millions en 1990 et près de 220 millions à la fin du siècle, soit un doublement tous les 25 à 30 ans (COUR J-M. 1995). Cette croissance exponentielle observée au niveau global est encore plus poignante quand on la rapporte au niveau urbain. En effet, alors que la population africaine a triplé de 1950 à 1997, celle des villes a été multipliée par 11 passant de 22 à 250 millions. Des villes comme Abidjan, Kinshasa ont connu des taux de croissance de 10% dans les années 1970 et d'une manière générale le taux de croissance urbaine était supérieur à 6% au cours des années 60 et 70 alors que ce taux était de 3, 8% pour l'ensemble des pays sous-développés (SERGIO, 2002). L'urbanisation rapide en Afrique subsaharienne est un phénomène inéluctable et inquiétant. En 1960, selon FARVACQUE C ; LUCIEN GODIN (1997)5 plus de 80% de la population étaient rurales mais l'ampleur de la croissance fait que les capacités locales de 5CATHERINE FARVACQUE-VITKOVIC LUCIEN GODIN (1997) L'avenir des villes africaines : Enjeux et priorités du développement urbain LE DEVELOPPEMENT EN MARCHE, Washington, 177p gestion, d'absorption et de financement sont vite dépassées. Cela pose d'énormes défis qu'il va falloir relever urgemment car les chiffres parlent d'eux-mêmes : 50 millions de personnes vont émigrer vers les villes d'Afrique de l'Ouest d'ici ces dix prochaines années, 80 000 hectares de terrains seront nécessaires pour répondre à cette demande. D'ici 2020, 63% de la population habitera en ville (figure n°1). Figure n°1 : Perspectives de population urbaine en Afrique subsaharienne francophone en 2020 Pop. millien 100000 40000 20000 90000 80000 70000 60000 50000 30000 10000 0 Pop. Urb. 1990 Pop. Totale 2020 Pop. Urb. 2020 Source : http://www.fao.org/DOCREP/003/X6988F/x6988f06.htm Selon les statistiques de l'ONU le taux moyen d'urbanisation en Afrique subsaharienne francophone qui était d'environ 30% en 1990 passerait à un peu plus de 47% en 2020. Pour la même période, le taux moyen de croissance annuelle de la population urbaine serait de 4,8. La Mauritanie et le Burkina Faso sont les deux extrêmes avec 3,8 pour le premier et 7 pour le second. Même si les projections sont parfois contradictoires, elles montrent une nécessité de planification de la croissance urbaine afin d'éviter les formes de violence et troubles sociaux qu'occasionnent les disparités. |
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