B- La faiblesse des moyens mis à la disposition des
structures
Les moyens dont disposent les services et les
collectivités territoriales sont sans commune mesure avec l'ampleur de
leur mission. Cette insuffisance de moyens se répercute
négativement sur la qualité du service public que peuvent
apporter ces structures. C'est surtout
en termes de capacités que la problématique des
évaluations environnementales et sociales doit être abordée
en Haïti, parce que les textes sont relativement bien faits et ont presque
tout prévu. Les structures qu'ils dirigent disposent de peu de
ressources humaines et de très faibles moyens pour accomplir leur
mission.
De manière générale, les services
techniques de l'Etat, qui ont la responsabilité de la gestion des
ressources naturelles exception faite aux Responsables des structures, ne
disposent généralement pas de ressources humaines suffisantes et
manquent le plus souvent de moyens matériels et financiers pour bien
mener leur mission.
Les services de l'Etat parviennent difficilement à
garder ou à fidéliser leurs cadres, qui sont souvent
débauchés par des projets ou par des organismes qui offrent des
salaires, des conditions de travail et un plan de carrière plus
motivant.
2- Le Droit à l'information sur l'état de
l'environnement en HaïtiLe droit à l'information est
lié aux libertés publiques déjà reconnues tant au
plan
international que national. Il se rattache à la
liberté d'échanger des opinions et à la liberté
d'expression. Toute personne à la liberté de recevoir ou de
communiquer des informations. Désinformation et indifférence sont
des périls mortels pour la démocratie. Dans une perspective
démocratique, le droit de l'environnement implique la participation de
tous les intéressés, donc leur information préalable.
Or, les citoyens haïtiens tiennent à une certaine
qualité de leur information. Le 12 janvier 2010 a toutefois
suscité immédiatement de nombreuses craintes sur la gestion de
l'environnement par nos concitoyens et par l'Etat. Ce tremblement de terre a au
moins poussé la population haïtienne à comprendre que
l'environnement est un bien qui n'est pas conçu comme une
réalité objective que l'homme aurait à découvrir,
mais comme une construction subjective, ou intersubjective, que les hommes
auraient à édifier.
De la fin du mois de janvier 2010 à nos jours, le
ministère de l'Environnement aurait pu et aurait dû mobiliser la
population haïtienne sur la responsabilité de son espace vital, en
lançant une éminente campagne de sensibilisation sur
l'état de notre environnement. C'était une occasion en or pour ce
ministère de faire jouer toute son influence : en
dénonçant le déboisement de nos collines, les
constructions anarchiques aux bords de nos rivières, la perforation de
nos mornes pour exploiter l'or blanc qu'est le sable de Laboule, celui du morne
L'Hôpital et de la Rivière froide et dans d'autres provinces de la
de la république, pour soutenir et promouvoir une
politique de reboisement, de sensibilisation,
d'éducation sur la menace qu'encourt le pays; car, si rien n'est fait
dans ce domaine et si nous continuons à adopter le même
comportement d'avant le 12 janvier, la république risque de disparaitre
un jour.
La disponibilité d'informations, si possible exactes,
sur l'état de l'environnement et sur les activités mettant
(potentiellement) en cause la qualité de l'environnement, est une
conditio sine qua non pour le développement de concepts de politique
environnementale. Ce n'est qu'en disposant d'informations véritablement
complètes, qu'il est possible de développer des stratégies
de politique de l'environnement efficaces, appelées à combattre
les risques pour l'environnement.
De plus, le contenu des informations environnementales
revêt une importance particulière pour une mise en oeuvre efficace
de la politique environnementale. Ce n'est qu'en sachant si la qualité
de l'environnement s'est améliorée (ou
détériorée), dans quelle proportions et pourquoi, que l'on
peut faire une évaluation fiable de la mise en oeuvre du droit de
l'environnement. De plus, ces informations forment la base pour le
développement de stratégies de mise en oeuvre.
L'information et la participation du public en matière
environnementale constituent une démarche essentielle pour la prise de
décision publique dès son élaboration, sa conception, sa
mise en oeuvre puis son évaluation. Il s'agit également d'un
élément important pour responsabiliser les agents
économiques et les citoyens aux impacts de leurs comportements et pour
les informer des risques ou nuisances auxquels ils peuvent potentiellement
être exposés»61.
L'information va de pair avec la participation. Car
l'information communiquée préalablement sur l'état de
l'environnement peut interpeller la conscience unanime et susciter cet
éveil écologique qui nous fait défaut et nous porter
naturellement à nous intégrer et à participer dans les
décisions visant la protection de l'environnement.
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