2- Gérer la mixité
Que ce soit à l'école ou dans les lieux de
loisirs, une fois que la mixité (entendre le mélange formel entre
jeunes des deux sexes) est mise en place, il s'agit à la fois de la
maintenir et de la rendre effective sur le terrain, en évitant les
situations de sexisme, d'homophobie, le développement des
stéréotypes et autres tensions dans les relations entre les
jeunes.
L'école et les lieux de loisirs : des espaces
genrés
On remarque, au fil des entretiens, que la majorité des
professionnel.le.s rencontré.e.s sont conscients de la nature
genrée des relations qui se nouent dans leurs structures. Ainsi, la
moitié d'entre-eux.elles remarque que les rapports qu'ils.elles ont avec
les jeunes ne sont pas forcément de la même nature que
ceux.celles-ci soient des garçons ou des filles. Dans la même
idée, ils.elles sont conscients que le fait d'être un enseignant
ou une enseignante (un animateur ou une animatrice) a des implications dans la
manière dont les voient les jeunes et dont ils.elles interagissent avec
eux.
« Les jeunes filles et les jeunes garçons
projettent des choses sur moi, qui ne sont pas les mêmes qu'ils
projettent sur ma collègue ; et inversement, ce que moi je projette sur
les jeunes, ce que je projette sur les garçons n'est pas la même
chose que ce que je projette sur les jeunes filles. Donc le travail n'est pas
le même. Après, je sais que j'essaie au maximum de ne pas rentrer
dans leurs codes et de leur présenter une autre image de ce que peut
être un adulte de sexe masculin. Bon, au départ je rentre un peu
dans leur jeu, parce qu'il y a quand même un... dans la création
du lien, dans les codes. Mais après, j'essaie de m'en écarter.
Et, de toute façon, je pense que je leur présente une figure, de
par ce que je suis de manière naturelle, qui est différente de ce
qu'ils ont l'habitude de voir. » (B2, éducateur
spécialisé)
« Même avec moi, ça joue quand même
pas mal, je n'ai pas le même
rapport avec des garçons qu'avec des filles. »
(J2, professeure d'anglais)
Ce constat est souvent lié à l'idée que,
dans les représentations des jeunes, hommes et femmes ont des
rôles bien distincts. Les enseignants et animateurs hommes seraient les
dépositaires de l'autorité, tandis que les enseignantes et les
animatrices femmes seraient plus dans le soutien affectif avec les jeunes. En
effet, « l'autorité - du moins celle que l'on confère
à une personne - serait donc un attribut, une disposition
considérée naturelle chez l'homme, de même nature que la
sollicitude, disposition qui serait spécifiquement féminine
» (Vari, in Raibaud et al., 2006). Ainsi, les attentes des jeunes
divergeraient en fonction du sexe (du genre) de l'adulte qu'il.elle a en face,
et il serait difficile de s'en écarter.
« C'est quand même plus difficile pour une
femme d'enseigner que pour un homme. Moi, j'ai plus de mal que mes
collègues à asseoir mon autorité. Et pourtant, j'ai plus
de 30 ans de carrière. Tous les ans, ce n'est pas facile. [...] Nous,
l'autorité, il faut qu'on la gagne. Et ce n'est pas simple. »
(J3, professeure de mathématiques)
« L'équilibre... J'ai presque envie de le
comparer à celui d'un foyer mais, en tous cas, dans les attentes des
élèves, dans les différences de traitement des
différentes situations, que l'on soit un homme ou une femme, on le
traite de manière différente, ça équilibre aussi
pour les élèves. C'est une sorte de
complémentarité. Je pense qu'à un moment donné il y
a de fait, malgré tout, une différence de traitement et de
sensibilité sur certaines choses que l'on soit un homme ou une femme.
» (J6, professeur d'EPS)
« De manière très simpliste, l'homme
représente d'avantage l'autorité, la femme c'est l'affectif.
Même si les deux ont des rôles qui se rejoignent, j'ai l'impression
que ça reste quand même bien encré. [...] C'est le mode
relationnel qu'ils vont avoir avec le professeur qui va être
différent. » (J9, professeur de lettres-musique)
« Même si on est là pour leur
transmettre quelque chose et les faire devenir des citoyens, c'est bien que
l'on ait différentes approches. Quand vous êtes un enseignant
homme, je ne pense pas que vous ayez les mêmes approches que quand vous
êtes un enseignant femme. » (J8, professeure
d'histoire-géographie)
Certains professionnel.le.s disent même transgresser ou
utiliser les codes de genre afin d'entrer dans leur rôle d'enseignant.e
ou d'animateur.e.
« Moi, quand je fais la cardio-boxe, je dirais que
j'ai un rôle un peu plus dans la virilité, même si je ne le
suis pas, parce que je dois être assez carré et raide parce que
c'est quelque chose qui est difficile. C'est
ludique, et en même temps c'est un métier
d'homme la boxe, donc j'amène quelque chose qui est homme avec moi, il
faut que j'ai un peu ce rôle là. » (J5, entraineuse
cardio-boxe)
« C'est là que vous comprenez que vous devez
instrumentaliser votre apparence en fait, pour pouvoir gagner en
autorité, tout simplement. Un homme, beaucoup moins. » (J8,
professeure d'histoire-géographie)
Ainsi, la plupart des professionnel.le.s sont conscient.e.s
que l'école ou le centre d'animation sont des espaces genrés.
Cependant, cela n'implique pas forcément qu'ils.elles soient conscients
que le fait que ces espaces soient genrés construise en partie les
jeunes qu'ils accueillent.
La mixité scolaire de fait : pour ou contre
Même si ce n'est parfois plus le cas au lycée,
les classes de collège sont mixtes. Cependant, on sait que cette
mixité apparente ressemble le plus souvent à une
co-présence ou à une co-éducation (Ayral et Raibaud,
2010). De leur côté, les enseignant.e.s de collège
interrogé.e.s sur le sujet défendent majoritairement cette
mixité de l'école républicaine. Ainsi, elle serait garante
du mélange des sexes et permettrait de découvrir et d'apprendre
à connaître l'autre, même si les jeunes fréquentent
l'école mixte depuis un très jeune âge.
« La mixité, je pense que c'est indispensable.
On ne peut pas, si on veut apprendre à se connaître... Il faut en
passer par là, et puis il faut avoir des adultes sur la route qui
remettent un peu les choses au point, qui fassent réfléchir en
tous cas s'il y a des situations difficiles. Mais je crois qu'il faut en passer
par là. Si on n'est pas ensemble, on n'apprendra jamais à se
connaître. [...]Le truc où on les met séparément
pour pouvoir parler de ci, de ça, moi je n'y suis pas très
favorable. Je pense que c'est très bien qu'on entende ce que les
garçons pensent et ce que les filles pensent. C'est indispensable. Ce
serait un retour en arrière. On travaille bien garçons et filles
ensemble. » (B1, infirmière scolaire)
« La mixité, oui, ça fait partie de la
socialisation. C'est une forme de socialisation comme une autre. Il faut que
les garçons et les filles se mélangent, pour se dire des choses,
pour s'écouter, pour apprendre des autres. Ça fait partie, pour
moi, de la socialisation. C'est obligatoire pour moi. C'est comme ça que
l'on se construit aussi, la construction ne se fait pas forcément dans
la facilité. » (B5, professeur en Segpa)
Cette entraîneuse de cardio-boxe à l'Espace
Lagrange précise même les conditions dans lesquelles cette
mixité doit se faire. Racontant une anecdote vécue à
travers sont fils, elle
explique les risques de se voir confronté, à
l'âge du collège, à l'autre sexe, de manière
individuelle.
« Et puis bon, il y avait cette fête
organisée, et j'ai dit que je ne voulais pas qu'il [son fils] soit
isolé en tant que garçon, que toutes les filles lui saute dessus,
et puis qu'il le vive mal en fait, parce qu'il n'a pas l'habitude d'être
juste avec des filles. Donc la mixité oui, filles et garçons
ensemble, mais qu'un garçon avec que des filles, hors de question. Je
trouve que ce n'est pas sain en fait, dans ce sens ou dans l'autre, ce n'est
pas sain. [...] On a des comportements complètement différents
les filles et les garçons, donc il faut apprendre à se
connaître en se mélangeant, mais en groupe. On se compare, on se
regarde, mais toujours en n'étant pas isolé, je pense que c'est
important. » (J5, entraineuse cardio-boxe)
D'autres, cependant, envisagent l'idée d'une
séparation pour remédier aux problèmes d'indiscipline,
soit que les filles (sages) soient dérangées par les
garçons (agités), soit que les filles empêchent
inconsciemment les garçons de se concentrer.
« (Question) : Qu'est-ce que vous pensez de la remise
en cause de la mixité ? - (Elle) : Oui, il faudrait essayer. Il y en a
qui disent que les garçons, surtout à l'adolescence commencent
à avoir des vues sur les filles, qu'ils commencent à regarder les
filles et que du coup, ça les disperseraient. [...] Du côté
des filles, ce serait une classe tranquille. Quelques conflits
évidemment, mais ça serait facile à gérer. Une
classe de garçons, avec une femme enseignante... Je ne sais pas, hein.
Ça ne serait pas simple. Non, je n'aimerai pas enseigner dans une classe
que de garçons. Ça ne m'est jamais arrivé. »
(J3, professeure de mathématiques)
Même si l'argument mis en avant ici est celui d'un
problème de discipline, d'autres arguments, scientifiques cette fois,
peuvent être avancés. Ainsi, d'après Marie Duru-Bellat
(2010), la mixité renforcerait « l'expression d'un soi
dépendant de l'appartenance au groupe de sexe ».
Prévenir et réagir aux situations de sexisme et
d'homophobie
Quoi qu'il en soit, la mixité est bel et bien
présente sur le terrain, dans les collèges et les centres de
loisirs étudiés. Comme le décrivent les
professionnel.le.s, elle peut créer des situations de sexisme et
d'homophobie dans la classe ou dans l'activité. Alors, différents
niveau d'action peuvent permettre de prévenir ou de réagir
à ces situations.
· L'organisation de la classe
Les enseignant.e.s ne se livrent pas facilement sur ce qu'il
se passe à l'intérieur de leur salle de classe, lorsqu'ils.elles
font leur cours. Cependant, si aucun.e d'entre eux.elles ne dit oeuvrer
délibérément à l'effectivité de la
mixité dans ses classes, trois d'entre eux.elles décrivent des
fonctionnements qui auraient plutôt tendance à renforcer soit une
sorte de ségrégation spatiale, soit un sentiment de
différence.
« Alors, au départ, ils s'installent où
ils veulent. Après, je les déplace plus ou moins en fonction de
comment ça se passe. Ils sont chacun à un bureau, sauf si on fait
un travail de groupe. [...] En même temps, si je les changeais de place,
ils râleraient pour la forme, mais ça ne poserait aucun
problème pour le fonctionnement de la classe. » (B5,
professeur en Segpa)
« Moi, je les mets tout à fait à
l'aise. Filles, garçons, je ne vois pas de différence. Ce sont
des classes mixtes, donc entre eux, on est le plus neutre possible. C'est
sûr que les filles ont tendance à se mettre avec les filles. Je
tiens compte de leurs préférences pour faire mon plan de classe.
» (J2, professeure d'anglais)
« Je ne les encourage pas sur les mêmes
critères. Un garçon veut se mettre en valeur, donc prendre la
parole, se faire remarquer à l'oral. Alors qu'une fille va demander sur
quoi elle est notée. » (J2, professeure d'anglais)
« Mais avant de gérer une mixité, je
gère davantage un groupe-classe. La mixité, j'ai toujours
vécu avec, elle est dans l'ordre des choses, c'est comme ça.
» (B5, professeur en Segpa)
Le cours d'EPS (Education Physique et Sportive), en ce sens,
est un espace particulier de l'école. En effet, « le corps se
situant au coeur des processus de construction du genre, les cours d'EPS
constituent donc un lieu privilégié d'expression et de production
des différences entre les sexes » (Guérandel et Beyria,
2010). Pour cette étude, un seul professeur d'EPS a pu être
interrogé, les autres enseignant.e.s des trois collèges
étudiés ne souhaitant pas participer. Ainsi, même si tous
les élèves suivent les mêmes enseignements, ils.elles sont
séparé.e.s par niveaux, ce qui revient, pour l'enseignant,
à les séparer par sexe.
« Ils doivent répondre à une
programmation, et chaque élève vit les mêmes
activités chaque année, qu'il soit fille ou garçon. [...]
Alors, sur les sports collectifs, le prof peut opter pour, ça c'est des
stratégies d'enseignements hein, soit des équipes
hétérogènes en leur sein avec différents niveaux au
sein de la même équipe, auquel cas, là, la
mixité
elle se retrouve assez facilement. Ou après,
effectivement, plus on monte dans les niveaux de classe, plus on a quand
même une différence physique, et effectivement, si on se retrouve
par différence de niveaux, on va souvent se retrouver avec des groupes
plus a connotation masculine, et des groupes plus féminins. »
(J6, professeur d'EPS)
Cette constatation vaut pour une majorité de cours
d'EPS : « Quel que soit le niveau de la classe et son profil
d'options, l'observation des cours d'EPS témoigne de rapports sociaux de
sexe structurés autour du principe de séparation,
résumé par la formule "ensemble-séparé"
empruntée à Goffman » (Guérandel et Beyria,
2010). L'enseignant rencontré justifie d'ailleurs son choix en
renforçant l'idée d'une différence naturelle de niveau et
de force entre garçons et filles. Par là, il produit une attente
de comportement de la part de ceux-ci et de celles-ci qui a toutes les chances
de se concrétiser.
« C'est souvent quelque chose que j'explique aux
filles d'ailleurs, pourquoi, à un moment donné, je vais mettre
les filles d'un côté et les garçons de l'autre. Dans un
premier temps, elles sont un peu véhémentes, mais quand on le
fait, elles se rendent vite compte de l'intérêt qu'elles ont
à ne pas être avec les garçons, pour évoluer entre
elles et pour être à leur niveau. » (J6, professeur
d'EPS)
[Photo 3 : galanterie] « C'est-à-dire que
systématiquement, quand on a du matériel à porter, je fais
plus appel aux garçons, plutôt les garçons costauds, qu'aux
filles. Et quand les filles, paradoxalement, me reprochent de ne pas les
mélanger aux garçons, je leur fait remarquer que je fais plus
porter le matériel aux garçons. » (J6, professeur
d'EPS)
· Réagir à l'insulte
De la description que font les professionnel.le.s des jeunes,
ce qu'ils.elles remarquent le plus souvent, ce sont les insultes à
caractère sexiste ou homophobe qu'ils.elles peuvent s'échanger.
Alors, on doit se pencher sur la réaction, qu'en tant qu'adultes,
ils.elles apportent à ces insultes. Certains d'entres eux.elles,
considèrent que ce n'est pas nécessaire, ou trop
compliqué.
« Après, c'est dur, parfois à chaud,
c'est difficile. Se mettre en porte-àfaux par rapport à l'autre,
ce n'est pas toujours facile. » (B2, éducateur
spécialisé)
« Ça dépend de la façon dont
c'est fait, parce que souvent c'est plus du ressort de la blague, justement
pour... qui aime bien châtie bien on dit, donc ils aiment bien se, comme
ils diraient, se casser un petit peu, pour
le contact. Donc voilà, si c'est comme ça, bon
voilà... » (J4, entraineur badminton)
Pour d'autres, l'important est de faire émerger les
représentations des jeunes en apportant le débat. Ainsi,
ils.elles peuvent comprendre les implications que leurs mots peuvent avoir.
« J'essaie de faire un travail de médiation.
Je rencontre d'abord la jeune fille, ensuite je rencontre le jeune homme. [...]
Il faut vraiment que la parole se libère, et que l'autre puisse entendre
le ressenti et ce qu'attend l'autre, ce qui n'est pas du tout dans la logique.
Et c'est vrai qu'ils n'ont pas vraiment de lieu. » (B3, assistante
sociale)
« C'est-à-dire qu'il y a des fois où
c'est vraiment "Sale PD", bon, des fois je vais laisser passer. Après,
quand ça va plus loin ou que c'est lié à une situation qui
fait que l'on dit "sale PD" parce que, à un moment donné, il a eu
un geste affectueux avec un garçon... Donc oui, là je vais
réagir. On part sur le débat. Parce que de toute façon,
ça les questionne l'homosexualité. Pour eux, ce n'est même
pas que ce soit interdit, mais c'est sale. Voilà, ça ne se fait
pas, ce n'est pas dans la normalité des choses. Notre boulot, il doit
être de pouvoir les rassurer par rapport à ça. »
(B6, animatrice)
Enfin, certains professionnel.le.s ont pour objectif de ne pas
« laisser passer » ce genre de comportement de la part des jeunes
auprès desquel.le.s ils.elles travaillent.
« Moi, j'y vais du tac au tac ! Je les mets en face
à face. Quand il y a un souci, je suis toujours... Et puis en fait, sur
le quartier, les nanas, les petites gamines, elles ont vachement de
caractère. Il ne faut pas croire, hein ! [...] Elles ne se laissent pas
faire, et tant mieux, et je fais en sorte qu'elles ne se laissent pas faire.
Parce que dès qu'il y a un souci, il faut que ça se règle
tout de suite. Et puis on peut aussi amener une discussion sur ce qui pourrait
les faire ne pas s'entendre. On essaie de désamorcer les conflits.
» (B4, éducatrice spécialisée)
· Une posture
Certains professionnel.le.s estiment qu'une certaine posture
prise par l'enseignant.e ou l'animateur.e peut éviter de créer ce
genre de situation. Ainsi, pour certain.e.s, il s'agit de montrer aux jeunes
qu'on les traite de la même manière, qu'ils.elles soient des
filles ou des garçons.
« Si on est aussi à l'aise avec les
garçons et les filles, si on s'adresse à
eux de la même manière, si on attend d'eux les
mêmes choses, j'ai
l'impression qu'on se retrouvera moins confronté
à ce genre de problèmes. » (B7, animatrice)
« Après, je pense que c'est un positionnement
que l'on peut avoir nous, en tant qu'adultes. Je n'ai pas de difficultés
à aller voir des garçons, à être avec un groupe de
garçons et à discuter avec eux de choses tout à fait
classique, et en même temps à garder mon statut de femme. »
(B6, animatrice)
Il peut aussi s'agir, dans une posture plus militante, de
donner à voir aux jeunes d'autres modèles des rôles que
peuvent jouer animateurs et animatrices, adolescents et adolescentes, hommes et
femmes.
« En séjour, où la vie quotidienne
prend beaucoup de place, je vais être toujours attentive à ce que
les garçons et les filles en fassent autant, et à ce que les
garçons ne montent pas les tentes et les filles ne fassent pas à
manger. Parce que ça ne tient qu'à nous... Mais même moi en
tant qu'animatrice, qui représente donc une fille, je ne vais pas me
mettre chargée de cuisine. » (B7, animatrice)
« Et dire qu'une nana elle peut aussi aller au
footsal, et qu'un mec peut mener un atelier de cuisine, par exemple. Dès
l'instant où les jeunes voient ça... ça ne les choque pas,
ils ne se posent pas la question. » (B6, animatrice)
Enfin, amener les jeunes à avoir une réflexion
sur ces rôles et sur les stéréotypes qu'ils peuvent avoir
est une posture proposée par une animatrice du centre social de
BastideQueyries. Elle précisera par ailleurs avoir justement
trouvé dans la formation « Cet autre que moi » des outils lui
permettant d'amener les jeunes à cette réflexion.
« L'adulte, ce n'est pas celui qui détient la
vérité, enfin, moi ce n'est pas comme ça que j'ai envie de
poser l'autorité. [...] On n'est pas là pour apporter des
réponses, on est là pour mener les jeunes vers une
réflexion, vers une autonomie. » (B7, animatrice)
Certaines postures que prennent les professionnel.le.s, on l'a
vu, peuvent aller vers une prise de conscience des stéréotypes de
genre et une remise en question des rôles habituellement assignés
aux deux sexes. A l'inverse, lorsque la mixité n'est pas
problématisée et que ces stéréotypes et rôles
sexués sont invisibilisés, on peut avancer que l'école et
les lieux de loisirs viennent les conforter.
L'organisation des structures d'animation, ainsi que les
manières de gérer la mixité, lorsqu'elle est
présente, peuvent donc apparaitre comme des facteurs d'aggravation ou
d'amenuisement de la construction genrée des jeunes, et
donc, des tensions sexistes et homophobes.
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