3- Un modèle hétéronormatif
De là, nait un modèle
hétéronormé et hétéronormatif. Le sexisme
transforme une différence physiologique en une hiérarchie sociale
et culturelle. Mais aussi, la sexualité devient l'objet de
préoccupations. La société moderne occidentale a
créé les catégories d'hétérosexualité
et d'homosexualité. Dans ce modèle, l'homosexualité est
perçue comme une déviance de genre. En effet, « l'
"orientation sexuelle" moderne ne dépend pas entièrement des
pratiques : elle est considérée comme une disposition
intérieure qui n'a pas besoin de se réaliser pour "exister"
» (Bereni et al., 2008). Le genre en arrive alors à être
lié à la sexualité, comme si ne pas se plier à la
police de genre était révélateur d'une sexualité
considérée comme déviante.
En ce sens, la féminité et la masculinité
(ou le virilisme5) apparaissent comme les vecteurs de la persistance
du sexisme. Ils sont liés à la norme hétérosexuelle
en ce que « les rapports de domination des hommes sur les femmes sont
d'abord structurés dans des rapports de domination entre hommes,
reposant sur l'hétérosexisme et l'homophobie »
(Welzer-Lang, 2010). Finalement, si pour performer leur genre, les femmes
doivent apprendre à être dociles, et les hommes à dominer
(les femmes, et les hommes moins virils), il n'y a pas de voie de sortie du
schéma hétérosexiste sans remise en cause des
stéréotypes de genre. Ainsi, le virilisme, le sexisme et
l'homophobie qui découlent de ce système
hétéronormatif « ne seraient pas les conséquences
d'une condition masculine naturelle mais des construits sociaux,
encouragés implicitement par la communauté éducative afin
de fabriquer des "vrais" garçons » (Ayral et Raibaud,
2009).
5 « L'exacerbation des attitudes, représentations
et pratiques viriles » (Welzer-Lang, 2004)
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