1.3.3. Le cadre légal et institutionnel
Ici, nous nous consacrons à la lecture de
l'environnement légal et institutionnel de la P.M.E. congolaise. Par
»environnement légal et institutionnel», nous entendons le
cadre défini par le système politique et son arsenal
législatif, réglementaire et administratif. Il s'agit, comme
précise KANGULUMBA116, des décisions politiques, des
lois portant création, constitution et formes des sociétés
(commerciales), déterminant la nature juridique des entreprises, leur
nationalité, la localisation des capitaux, les codes des investissements
et l'autorité de contrôle.
Compte tenu des caractéristiques qui lui sont
propres - spécialement sa fragilité - et du rôle qu'elle
set appelée à jouer dans l'économie, la PME évolue
dans un environnement spécifique : celui des structures de soutien aux
petites entreprises ou d'appui à la création de petites
entreprises.
Ces structures, qui relèvent tant du secteur
public (Etat, régions, provinces, communes, CEE,...) que du secteur
privé (secrétariats sociaux, organisations professionnelles,
sociétés d'investissement, centres d'entreprises, grandes
entreprises,...) peuvent consister en la mise à la disposition des
nouveaux entrepreneurs de locaux et de certains services communs tels les
télécommunications , la photocopie, le gardiennage, les salles de
réunion, l'archivage, le stockage léger, la restauration
légère,... Une autre vocation de ces structures se situe dans les
services de réception et d'accompagnement des porteurs de projets :
étude de faisabilité, préparation du plan d'affaires,
conseils sur les aides financières, cours d'initiation au baba de la
gestion117.
A coté de ces structures, on observe, au sein
de la plupart des pays industrialisés, une prolifération des
structures plus légères et fortement décentralisées
et composées d'une équipe restreinte d'intervenants, dont on
signale les caractéristiques118 suivantes :
· La prise en compte de l'ensemble de besoins
des entrepreneurs ;
115 Ce comportement ne concerne qu'une infime partie de
la population, car pour la majorité le revenu se situe en dessous du
minimum vital et l'épargne n'est pas envisageable.
116 KANGULUMBA MBAMBI, »L'entreprise africaine
d'assurance et son environnement», Communication faite au Colloque sur
»L'entreprise africaine et son environnement», Maison Africaine de
Bruxelles, 19 novembre 1994.
117 P.A. JUILEN, op.cit., p.86 ; R. FREDERIC, Entreprendre et
réussir, De Boeck, 1990, pp. 101 et ss ; Rik DONCKELS et alii, Guide
pratique pour créer votre entreprise, Générale de Banque,
1987, pp.31 et ss.
118 P.A. JUILEN, op.cit.
· La disposition d'équipes de professionnels
capables d'encadrer les entreprises par créneaux de clientèle
;
· La sélection des projets des entrepreneurs
et des initiatives et assurance d'un suivi et d'un contrôle des
opérations encours avec les entrepreneurs ;
· L'organisation des mesures d'interfaces et la
création des réseaux d'interaction avec les autres entrepreneurs
de leur région.
Ces structures fournissent des services consultatifs
ainsi que des prêts, des garanties de prêts ou de capital-actions
aux futures entreprises ou aux petites entreprises
existantes119.
Le cadre dans lequel évoluent les
sociétés congolaises ainsi que les petites et moyennes
entreprises est constitué d'une mosaïque des textes légaux
et règlementaires dont les plus récents datent de 1973 et les
plus anciens de 1887120.
C'est seulement dans les années 70
marquées par la montée du nationalisme, que l'Etat congolais a
souligné la nécessité d'africaniser les structures
économiques afin d'éviter le contrôle de tous les secteurs
de l'économie nationale par les étrangers. Cette politique
d'africanisation, souligne Mulumba Lukoji121, vise d'une part
à réduire l'importance des cadres étrangers et d'autre
part à exclure les investisseurs étrangers de certains secteurs
économiques.
Ainsi, quatre lois économiques furent
promulguées :
- La loi n° 73/009 sur le commerce;
- La loi n° 73/010 instituant le régime
d'agrément de petites et moyennes entreprises congolaises ;
- La loi n° 73/011 portant création et
organisation de l'Office de Promotion des P.M.E. congolaises (OPEC) ;
et
- La loi n° 73/012 créant et organisant le
fonctionnement d'un Fonds de garantie des crédits aux P.M.E.
L'objet de la loi instituant le régime
d'agrément est de favoriser la promotion des P.M.E., car leurs
activités sont susceptibles de contribuer au développement
économique et social du pays. Ce régime vise à
sélectionner les P.M.E. devant jouir des avantages divers tels que :
allègement fiscal, accès au Fonds de garantie des
crédits.
119 Tel est le cas de « Comités d'aide aux
entreprises » (CAE), l'une des cinq options offertes à
l'intérieur du Programme Canadien « Développement des
Collectivités ». Les autres options sont : l'aide au
déplacement des chômeurs ; l'appui aux activités
indépendantes des chômeurs ; l'assistance au milieu associatif ;
et la formation des travailleurs.
120 Le droit commercial en vigueur aujourd'hui en RDC repose
sur un vétuste décret : le décret du Roi-Souverain du 27
février 1887, modifié et complété par les
décrets du 23 mars 1921, du 18 octobre 1942, du 23 juin 1960 et le
décret-loi du 19 septembre 1965 ; Aussi le décret du 2 août
1913 et les lois du 5 janvier 1973 sur le commerce et les petites et moyennes
entreprises.
121 MULUMBA LUKOJI, `'Les lois du 5 janvier 1973 sur le commerce
et les petites et moyennes entreprises zaïroises», in
Zaïre-Afrique, Kinshasa, 1973.
Deux de ces lois économiques mettent sur pieds
deux organismes : l' »Office de Promotion des Petites et Moyennes
Entreprises» (OPEC) et le »Fonds de garantie des crédits aux
petites et moyennes entreprises».
Outre ces mécanismes mis en place par les lois
du 5 janvier, nous devons signaler l'existence d'un certain nombre
d'institutions appelées à contribuer au développement de
la P.M.E. au Congo. Elles relèvent tantôt du secteur public
tantôt du secteur privé. Elles sont nationales ou
étrangères. Elles sont venues alimenter cet environnement pour
répondre aux besoins spécifiques et chacune a en charge un aspect
du développement de la PME. Dans les lignes qui sui suivent, nous
présentons les différentes initiatives122.
1. L'OPEC.
C'est l'organisme chargé d'encadrer les PME et
de leur servir de conseiller. Il a pour mission de réaliser des
études, concevoir et mettre en oeuvre toutes actions, de nature à
susciter le développement ou la création des petites et moyennes
entreprises congolaises, d'en améliorer l'efficience et la
productivité, d'en promouvoir l'organisation collective et d'en assurer
la défense123.
Concrètement, note Mulumba
Lukoji124, l'OPEC est appelé à mettre à la
disposition des PME congolaises des services d'études techniques des
projets, un conseil commercial, juridique, financier ou comptable, les assister
dans la préparation des dossiers bancables.
2. Le »Fonds de garantie des crédits aux
PME».
C'est un organisme financier dont la mission est,
comme le nom le suggère, de garantir des crédits à court,
moyen et long terme consentis par les banques et les institutions
financières125.
3. Le Bureau d'encouragement pour le développement
de la petite et moyenne entreprise (BEDEPE).
Une création de la Banque Mondiale à la
demande du gouvernement (Conseil Exécutif). Par des ressources
spécifiques, le BEDEPE devait financer des projets de PME aux conditions
simples126.
122 ONUDI, Rapport technique : propositions pour un schéma
directeur de développement des PME zaïroises, Projet ONUDI n°
DP/ZAI/81/014, septembre 1987.
123 Loi n° 73/011, article 4, alinéa 1er
124 Mulumba Lukoji, op. cit
125 Loi n° 73/012
126 Le BEDEPE, la BCA et les Fonds de Convention de
Développement sont inopérationnels à ce jour.
4. Les Fonds de Promotion de l'Industrie (F.P.I). Il
accorde son soutien aux Petites et Moyennes Entreprises du secteur
industriel.
5. Le Conseil Permanent de Comptabilité au Congo
(CPCC).
Il a pour objectif d'instaurer un système
comptable harmonisé pour tout le pays et d'assister les entreprises dans
son application. Pour les PME, le CPCC a mis sur pieds un système de
gestion comptable. C'est une institution d'appui technique à la
gestion.
6. La Banque de Crédit Agricole (BCA) et le Fonds
Agricole.
Ces deux organismes avaient pour objet le financement
des opérateurs
économiques du secteur agricole. Par
définition, ils étaient censés accorder leurs
crédits à toutes les entreprises agricoles (agriculture,
élevage et pêche). Mais la faiblesse de leurs dotations
respectives les orientait davantage vers les PME agricoles.
7. Les Fonds de Convention de
Développement.
Cette institution avait reçu vocation de
financer toutes les activités à l'approvisionnement industriel
d'origine agricole. La mission essentielle du crédit était
d'assurer l'intégration entre l'agriculture et l'industrie.
8. La Fédération des Entreprises du Congo
(FEC).
C'est une organisation d'entrepreneurs, à la
fois syndicat et chambre de commerce, dont l'objet est d'une part, de
promouvoir les intérêts des opérateurs économiques
des différents secteurs et, d'autre part, de représenter
auprès des pouvoirs publics, des organismes nationaux et
étrangers, les activités industrielles, agricoles, de services ou
artisanales ainsi que les employeurs. Elle joue un rôle dans la promotion
des PME et a créé en son sein une direction des PME
appelée à jouer le rôle d'une Centrale de Services pour ces
entreprises.
Cette direction »a pour mission d'identifier les
PME et d'organiser en leur faveur des programmes d'assistance avec ou sans le
concours des organismes internationaux d'aide au développement. Cette
assistance s'oriente dans les domaines économiques et techniques, ainsi
que dans le perfectionnement des méthodes de
gestion''127.
9. Le Centre de Perfectionnement aux techniques de
Développement (CEPETEDE).
C'est une institution de formation qui ne vise pas
spécialement les PME, mais a déjà eu à assurer des
formations des chefs d'entreprises, à la demande de la FEC.
10. Le Centre Chrétien d'Action pour Dirigeants
et Cadres d'Entreprises au Congo (CADICEC).
127 ONUDI, op. cit., p. 46
C'est la deuxième institution privée de
formation. Il s'intéresse en particulier aux problèmes de gestion
des PME et surtout des PME informelles. Il organise des séminaires ou
rencontres ayant pour objet l'échange d'expériences. C'est une
ONG relevant des pouvoirs de la Compagnie de Jésus.
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