9.4.2 La filière coton, outil de l'État
et des pro-OGM
« Le coton est la base des problèmes de l'agriculture
au Mali »
66 Le collège OPA sont les coopératives, mutuelles,
caisse d'épargne et de crédit et OP qui doivent élire 5
représentants pour l'ensemble.
Un Secrétaire d'État directement rattaché
a la Primature est en charge du dossier coton qui est le2 ème
poste de rentrer de devises, donc sous haute surveillance étatique.
D'autant plus que la CMDT sera définitivement privatisée en 2010.
D'oü l'importance d'avoir des alliés dans le monde paysan et
l'APCAM est un lieu stratégique « C'est un appendice de
l'État...elles *les chambres d'agricultures et APCAM+ se disent
représentantes des paysans depuis 1990 et valident les décisions
ministérielles dans des logiques clientélistes » (NARDONNE
2006)
La nomination du nouveau président de l'APCAM ne serait
alors pas due au hasard. Plusieurs dires dressent pourtant un portrait peu
flatteur pour le personnage et son rôle.
« Le président, Boukary TOGOLA a appuyé
ATT aux dernières élections qui l'a nommé président
de l'APCAM ... en conflit avec l'AOPP et la CNOP » (NARDONE 2006)
Confirmé par un membre de la CNOP « Il a
même appelé à voter ATT publiquement à la
télévision. Sur le terrain personne ne le soutient, il est connu
pour ce qu'il est, même dans son village il ne peut pas parler
».
« [Il] est embourbé dans des structures. Il
est président du SYCOV, du groupement coton, de l'APCAM, de la Chambre
d'Agriculture de Sikasso, de l'Union des coopératives coton, de
l'interprofession coton » égrène un représentant de
la CNOP. Outre ses prises de positions il est soupçonné et voire
accusé de malversations.
Selon le représentant de la FAO « lui est venu
avec son argent, je ne sais pas d'oU il vient, mais il est riche de toute
façon ».
Des paysans détaillent « ATT a un rapport sur
[ses] escroqueries, qui peut le mener directement en prison. Alors il ne bouge
pas et est aux ordres, l'État a besoin d'un leader peu encombrant et se
sert de lui ». Un autre explique «Le lobby coton a travers l'AOPP a
investit l'APCAM, ce sont des gens incultes et spéculateurs. Le
président de l'APCAM en fait parti, il est aussi fournisseur d'engrais,
signe avec les commerçants et se fait livrer des remorques
entières d'engrais dans ses champs, ce qui est équivalent
à des pots de vin et on lui prête aussi des machines a l'oeil !
». Un autre renchérit « Il y a collusion entre des agents haut
placé du pouvoir et le lobby du coton. Il a a travers l'AOPP investit
l'APCAM ... il est un pion du lobby coton qui est pro-OGM, et le coton c'est le
bras armé du gouvernement. L'ancien président a été
poussé ».
La situation est nouvelle sur la question des OGM. Jusqu'en
2006 la CNOP, l'AOPP, l'APCAM avec des associations de la Société
Civile s'étaient toujours mobilisées contre. Ils ont
manifesté67 leur désapprobation
officiellement pour la 1ère fois contre un projet entre les
services de recherche agronomique et les firmes semencières, a
l'époque Monsanto, et ont été entendus. En octobre 2004,
le gouvernement reporte lors d'un Conseil des ministres l'introduction d'OGM au
Mali. De même ils ont sans cesse continué a exprimer leur
opposition sur le terrain avec de nombreuses communications et sensibilisations
via les radios et diffusion de livret en plusieurs langues. Une marche commune
a même été organisée vers le siège de l'USAID
le 21 août 2006. Lorsqu' en février 2008, un Groupe consultatif
sur les biotechnologies fait voter un pré-projet de loi sur les OGM,
sans tambour ni trompette, seule la CNOP, des OP de l'AOPP et des associations
civiles réagissent a toute vitesse en organisant un sit-in symbolique
devant l'AN. De toute façon ils n'avaient pas le temps de battre le
rappel pour une forte mobilisation.
La rupture est depuis consommée ouvertement entre la
CNOP et l'APCAM depuis la nomination du nouveau Président, et
l'État n'y serait pas pour rien. L'exemple suivant l'illustre de la voix
même du Président de la CNOP :
« A chaque fois qu'on *la CNOP+ se plaint, c'est lui
*TOGOLA+ qui filtre. Par exemple a la réunion régionale de la
CEDEAO, j'ai été mandaté pour faire une déclaration
commune (APCAM/CNOP) très forte contre les OGM, remettant en cause le
ministre. Cette déclaration a fait une explosion dans la salle. A la fin
de la réunion, il
67 Lors de la Conférence sur la maitrise des sciences et
technologies en vue d'accroitre la productivité agricole en Afrique a
Ouagadougou en juin 2003,
était prévu une conférence de presse
avec lui et moi, il*le ministre+ lui *TOGOLA+ a dit d'y aller car il ne
dénoncerait pas , il est manipulable tandis que moi du fait que je suis
classé dans les intellectuels , je garde mon autonomie, je ne suis
attaché à aucun parti. Il y a eu plusieurs fois des situations
comme celle-ci qui ont contribuées à dégrader les
relations entre lui et moi. ».
Cette attitude se retrouve à travers cette
déclaration du Président de la CNOP « Je n'ai pas
été au dernier CSA [l'an dernier]) à cause des OGM car la
déclaration commune que nous [CNOP, APCAM, Société civile,
Femmes et Jeunes] avions préparé sur le sujet n'était plus
soutenu par le président de l'APCAM ». Un juriste confirme
:
(( Sur les OGM c'est une catastrophe ce qui a
été voté. L'assemblée a suivi les ordres du
pouvoir. Pour la politique semencière il y a des gros enjeux, on aurait
du mieux s'inspirer du document de la CNOP sur les semences. »
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