E. La CNOP en voie de déstabilisation
(( Quand l'AOPP s'enrhume, la CNOP tousse »
Plusieurs facteurs ont amené a l'éclatement dans
la gestion concertée de la mise en oeuvre de la LOA liés a des
modifications de stratégies entre les acteurs. Le processus a surement
été d'abord altéré par les élections
présidentielles qui se sont déroulées en juin 2007,
entrainant des remaniements ministériels, des mutations de
fonctionnaires, des réorganisations internes même si c'est le
même président qui a été élu. Ces changements
ont aussi interféré dans le processus de mise en oeuvre de la LOA
a l'intérieur de chaque structure et dans son déroulement. La
cassure est nette. Au temps de l'élaboration pendant le premier mandat
d'ATT, il y avait une volonté forte, des responsables convaincus et
unis. Au temps de la mise en oeuvre, 2ème mandat, on se
retrouve avec une dispersion des responsabilités, une volonté
affaiblie et de nouveaux acteurs perturbants au sein des OP.
9.4 L'AOPP PORTE D'ENTREE POUR DIVISER AU SEIN DE LA CNOP
ET PRIVILEGIER L'APCAM
La CNOP, jeune structure, est née pour porter la parole
:
« Des Représentants du Monde Rural et des OP tout
le pays et de tous les secteurs Agricoles avec une vision commune construite
ensemble *...+ Nous donnons mandat a la CNOP de nous représenter dans
toutes les instances de concertation relatives a la loi et a ses textes
d'applications et nous lui confions la responsabilité de coordonner
toutes les initiatives paysannes d'application, de suivi, de surveillance et
d'évaluation de la LOA65. »
Plébiscitée pour mener les concertations lors de
l'élaboration de la LOA, elle a assis sa crédibilité en
surmontant de nombreux obstacles. Ce qui a été
dépassé « presqu'en force, par volonté politique
~à ce moment là, ressurgit en cette période de flottement
et de changement au sein de l'appareil étatique. Cette situation avait
été anticipée et gérée par l'équipe
de la CIFA qui avait tenue ferme devant les velléités de certains
fonctionnaires de bâillonner la voix paysanne portée par la CNOP.
Aujourd'hui ce déficit d'autorité se ressent et les
frustrés du temps de l'élaboration reviennent sur le devant de la
scène.
65 Mémorandum paysan sur la LOA du Mali
9.4.1 Les chambres d'agriculture un tremplin pour
d'autres élus paysans
Les Chambres d'Agricultures, surtout au niveau de l'APCAM,
sont clairement des structures paraétatiques. Les élu-e-s du
collège exploitant n'étaient peu ou pas issus des réseaux
d'organisations syndicales. En 2006, aux dernières élections
individuellement membres de l'AOPP et de la CNOP commencent a s'investir dans
les Chambres d'Agriculture Régionales (CAR) « Dans les Chambres il
y a trois vice-présidents CNOP, 1 depuis 5 ans, 2 depuis 2 ans. La
chambre de Koulikoro est même aux mains de la CNOP. »
Être dans cette structure au niveau régional,
peut permettre d'avoir des moyens pour agir, étant un acteur
obligatoirement consulté car elle est automatiquement membre de toutes
les instances concernant le monde rural. Elle est souvent maître
d'ouvrages de nouveaux projets, programmes, avec un accès a de gros
financements pour la formation, l'information et la communication,
l'organisation et la structuration des filières et OP,
l'approvisionnement en intrants agricoles, zootechnique et
vétérinaires et l'appui a la commercialisation des produits. Les
CAR sont indépendantes dans leur gestion et très liées au
développement local.
Au niveau national, a l'APCAM les enjeux sont
différents et plus politisés. La déclaration du
représentant de la FAO éclaire les enjeux « ce sont les
consultants de la BM qui mènent, lui *le président de l'APCAM+ il
n'est rien». La SNV précise « La CNOP dérange car elle
ne se fait pas acheter... et est très engagée contre les OGM,
l'APE... On lui reproche que se soit des intellectuels qui mènent donc
moins malléables que des paysans de base ». Un membre de la CNOP
explique :
« L'entrisme aurait été mené a
partir des CAR, via des représentants de l'AOPP. L'APCAM est
constituée de 32 membres tous élus au scrutin secret et
répartis comme suit : 9 Présidents des CAR (1 président et
8 viceprésidents), 2 membres par CAR soit 18 membres ; 5 membres des
OPA66 laissant très peu de place aux OP *... +De toute
façon nous sommes représentés que dans un collège
avec 5 membres. A la base les textes sont mauvais, on peut être
élu en tant qu'individu et pas organisation. Et dans le collège
OP il y a eu une manoeuvre pour évincer la CNOP. L'État a reconnu
6 associations de pêcheurs et la Fédération Nationale des
Pêcheurs avec a sa tête Souleymane Keita qui ont pris le pouvoir,
ainsi l'État était sur qu'il n'y aurait pas de débats a
l'APCAM. Il voulait casser la faîtière CNOP~.
Un fonctionnaire affirme que :
« L'État a soutenu des membres d'OP pour
qu'elles se présentent ». La CNOP réplique «
L'État n'a jamais poussé la CNOP a aller aux chambres, mais le
Ministre de l'Agriculture a donné de l'argent a des élus APCAM
pour que la structure reste inerte, maitrisée par TOGOLA. D'ailleurs a
l'ancien président on lui avait conseillé de ne pas se
représenter et de laisser la place ", tandis qu'un autre assène
« pour cela elle *l'APCAM+ a débloqué des moyens financiers
pour soudoyer des jeunes éléments de l'AOPP ».
Tout cela été facilité par le fait que
dans cette grande « famille Agricole » les visions, qui avaient
été « maitrisées~ pendant l'élaboration de la
LOA, ressurgissent ouvertement - par rapport au statut, aux OGM, aux
interprofessions -. La CNOP défend l'EAF et sa diversité sur tout
les territoires ce qui ne satisfait pas les producteurs
spécialisés, entrés en force a l'APCAM,
représentants des filières tournées vers l'exportation aux
revenus plus élevés, toujours soutenus par les stratégies
d'État basées sur « l'économie de traite ».
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