A. État des lieux, contextes et enjeux au
Mali
« On a trouvé en bonne politique le secret de
faire mourir de faim ceux qui en cultivant la terre font vivre les autres
» Voltaire (1694-1778) dans le Sottisier.
1 UN GRAND PAYS ENCLAVE ET CONTRASTE
Composé de 2 triangles inégaux,
séparés par le fleuve Niger, le Mali est le reflet d'un
découpage géométrique et arbitraire, héritage des
colonies et de l'Indépendance (voir carte annexe 3). Dans les
années 1960, l'Afrique de l'Ouest s'est retrouvée «
balkanisée ~ selon l'expression de Mamadou CISSOKO (2009). Les
Indépendances « n'ont pas été construites ensemble,
mais d'une manière individuelle, territoire par territoire » sans
tenir compte des populations. N'ayant pas pu se fédérer avec le
Sénégal en 1960, le Mali se retrouve enclavé sans
débouché maritime et avec une seule voie de chemin fer, celle de
Bamako/Dakar. Il est frontalier avec 7 pays : Algérie, Burkina-Faso,
Côte-d'Ivoire, Guinée équatoriale, Mauritanie, Niger et le
Sénégal.
Le Mali est un immense pays plat d'une superficie de 1 240 192
km2- soit presque 2,5 fois la France -localisé en Afrique de
l'Ouest subsaharienne. Seulement un 10ème du territoire
présente des reliefs : le long des frontières de la Guinée
et de la Côte-d'Ivoire où dominent du haut de leurs 800
mètres les Monts Manding et le massif gréseux de
Kénédougou, tandis que le plateau Dogon, avec comme point
culminant le Mont Hombori (1155m), s'étire vers le Burkina-Faso. L'Adrar
des Ifoghas, massif cristallin, royaume des Touaregs, surplombe
a 890 mètres du côté algérien. Bamako,
la capitale, complètement excentrée aux confins de la
Guinée, s'étale dans une cuvette entre les Monts Manding, au bord
du Niger.
1.1 AU NORD, DÉSERT ET NOMADISME
Le triangle nord, le Sahara, couvre 60% du pays oü domine
l'élevage nomade exercé par « les pasteurs de bovidés
», Peuls et Maures. Malgré la faiblesse de la couverture sanitaire
du cheptel et de son alimentation, le secteur de l'élevage avec environ
25 M de têtes, tout cheptel confondu, est le 3ème
produit d'exportation après l'or et le coton. Plus de 50% de
l'élevage bovin, 97% des camelins, 75% des ovins et 65% des caprins sont
dans cette région. Plus d'1 million de têtes de bétail
transhument 2 fois par an de novembre a avril, du Sahara aux rives du Niger,
dans les bourgous, pâturages naturels libérés par les eaux.
Il est un des troupeaux le plus important de l'Afrique de l'Ouest. Il
représente 10% du PIB, 35% des exportations et participe à 80% au
revenu des populations rurales. En plus des sécheresses qui
déciment régulièrement les
troupeaux2, les éleveurs sont
confrontés a l'avancement du désert (1 km par an), a la
disparition des pistes, a l'expansion des cultures et des « bortols »
3asséchés, au surpâturage, aux
« champs maudits4», aux transhumances
transfrontalières entrainant des conflits de plus en plus nombreux. 25 M
de volailles, 120 000 équins, 64 000 porcins complètent la
palette. La consommation annuelle de viande par habitant est estimée
à 6 kg : la viande bovine fournit 51% des besoins, les petits ruminants
32%, le reste étant assuré principalement par la volaille...
2 1973/1974 environ 5 millions de têtes emportés
dont 80% dans le Nord
3 Point d'eau
4 Champs rendus stériles pour cause de concentration
d'excréments lors des étapes de transhumance
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