3 UN CONTEXTE GÉNÉRAL u EXPLOSIF
»
Il est intéressant de pointer du doigt certains sujets
qui sont indissociables des évolutions des acteurs et du contexte entre
l'élaboration et la mise en oeuvre de la LOA et particulièrement
de l'État qui a modifié son comportement entre le 1er
et 2ème mandat (2002/2007.2007/2012)
Pendant son 1er mandat ATT avait su négocier
toutes protestations arguant qu'il fallait lui laisser du temps pour mener les
actions gouvernementales. Ce pacte a été respecté,
permettant d'appliquer une forte volonté politique présidentielle
comme l'illustre la phase d'élaboration de la LOA. Mais au moment de son
2èmemandat, la situation générale ne s'est pas
vraiment améliorée voire c'est même dégradée,
et des voix s'élèvent, des manifestations s'organisent. Ainsi
quelques éléments contribuant à mieux appréhender
ce nouveau contexte sont abordés ci-après.
En laissant la parole aux maliens eux-mêmes a partir d'un
article de presse suite a une conférence, un tableau des conditions de
vie actuelles va être brossé :
« Malgré les multiples programmes,
stratégies et projets, le continent africain - le Mali en particulier-
doit faire face à un phénomène de paupérisation
grandissant comme l'attestent les indicateurs de développement humain
durable. Effectivement le Mali est classé 174ème sur
177 avec un PIB de 290 $ h/an (100 fois moins que la moyenne française)
confirmant que depuis 1981 la proportion de pauvres dans la population mondiale
a diminué de moitié alors que le taux en Afrique subsaharienne
n'a connu aucune baisse. Le taux de scolarisation universelle reste faible avec
des inégalités villes/campagnes, des disparités de genre
et des distorsions par ordre d'enseignement. Le taux d'alphabétisation
est alarmant, 73% des adultes ne sont pas alphabétisés dont 65%
d'hommes et 82% de femmes. Le taux de mortalité maternelle reste un des
plus élevés au monde avec selon les estimations du PNUD plus de
464 décès maternels pour 100 000 naissances. Le taux de
malnutrition juvéno-infantile traduit les problèmes structurels
de sécurité alimentaire que connaissent encore le Mali et la
situation de survie qu'affrontent les ménages les plus pauvres. Le taux
d'accès à l'eau potable (moins de 65%) malgré les
progrès enregistrés reflète le sous équipement et
le manque d'infrastructures de base. Ce qui accentue la précarité
des conditions de vie des femmes et des ménages, surtout ruraux,
exposés aux maladies et pandémies. Le taux de couverture en
électricité (8 % à l'échelle nationale) montre la
fracture technologique qui existe entre le Mali et les pays du nord. En un mot
les conditions ne sont pas encore réunies pour asseoir un réel
développement économique.'' 16
Effectivement la pauvreté ne fait que s'accentuer
particulièrement dans le milieu rural puisqu'il s'élève a
73, 04% contre 20,12% en urbain alors qu'il était de 68,3% en 2002.
15 5 postes réservés aux organisations
professionnelles agricoles (OPA) qui recoupent le collège des
coopératives, des mutuelles et des caisses d'épargne et de
crédit, et les OP. Le collège exploitant individuel rassemble des
agriculteurs, éleveurs, pêcheurs et forestiers. Ils votent pour 3
membres par cercle qui peut varier 12 a 24 selon le nombre de cercles
rattachés a la Chambre d'Agriculture régionale.
16 Du 16 au 20 février 2010, se déroulaient les
travaux du 10ème Forum de Bamako '' L'Afrique 50 ans après : la
faim sur le continent, le défi alimentaire''
3.1 CONTEXTE DÉMOGRAPHIQUE
Le Mali recense 13 518 000 habitants avec une densité
de 11h/km2, inégalement répartis : 91% sont
concentrés sur 30% du pays, dans le triangle sud. 21M sont prévus
en 2025.( D. DELACROIX/ DEVEZE, 2008). La population a doublé, de 6 M
à 12 M, entre 1970 et 2000. Les centres urbains de plus de 5000
habitants ont plus que triplé au cours de la même période.
Bamako comptait 0,5M en 1970 et 1,5M en 2006, signe d'un développement
alarmant car :
«Le déplacement en ville n'est que le
prolongement d'une situation difficile dans les campagnes. Ce qui est
inquiétant dans l'urbanisation c'est d'abord que les villes se
construisent sur les richesses produites par le monde rural, et il n'y a pas de
retour. Cela crée un dysfonctionnement entre monde rural et monde
urbain. Pour que l'urbanisation ne soit pas sauvage, il faut essayer d'assurer
un certain équilibre au niveau des conditions de vie. On
considère encore aujourd'hui qu'accéder a l'eau, a
l'électricité et aux loisirs est un luxe alors qu'en tant que
citoyens les ruraux doivent y avoir accès. C'est indispensable, tout le
monde ne peut pas vivre dans les villes....~ F.N'DIOGOU Fall ((in DAGNON,
2006).
Ainsi résoudre la situation des ruraux et de la
paysannerie est au coeur des futurs enjeux économiques et sociaux. Il
faut agir politiquement :
« Même si l'exode rural est important dans la
plupart des pays d'Afrique subsaharienne, surtout a l'intérieur de notre
continent, la population rurale va continuer de croître ainsi que le
nombre d'exploitations familiales. Ce sont elles qui auront a relever les
défis... en terme de productivité, (travail, capital, terre et
statut, bien être), d'aménagement de l'espace et de gestion
intégrée des ressources naturelles, d'insertion des jeunes en
milieu rural et d'accès aux marchés. » !brahima Assane
MAYAK! (in DAGNON, 2006)
Le Mali reste un pays peu peuplé par rapport à
son territoire qui a de forte de potentialités foncières Sur le
long terme la croissance démographique pourrait représenter un
facteur favorable pour les campagnes et plus largement pour nourrir sa
population voire approvisionner au niveau régional, ni le
nécessaire est fait en rééquilibrant les investissements
entre urbain et rural.
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