2.2.3 La Coordination Nationale des Organisations
Paysannes (CNOP)
« L'évènement essentiel ces
dernières années c'est que les OP ont accepté que la CNOP
existe. Avant il y avait des problèmes de leadership, les OP
évoluaient de façon libre et sans concertation, et ne voyaient
pas l'enjeu politique. La CNOP, c'est là où l'on débat de
toutes les questions politiques, des positions à adopter, des
réflexions par rapport aux politiques agricoles, aux enjeux
internationaux pour le développement socio-économique des
agriculteurs » dixit Mamadou Alamine COULIBALY vice-président
de la CNOP en 2002.
Les « grandes OP » maliennes se sont réunies
en 1996 pour engager un processus de mise en place d'un cadre de convergence.
L'AOPP « a eu du financement du ROPPA pour créer la CNOP, pour
parler d'une seule voix, l'AOPP a porté la CNOP... l'AOPP était
le cerveau de la CNOP. Les cerveaux se sont retrouvés à la CNOP.
» Rapporte un responsable paysan. La CNOP est née en 2002, elle est
reconnue par l'État sous le récépissé n°
0012G-DB depuis le 26 novembre 2004. Elle se définit dans le
Mémorandum paysan comme le :
((cadre démocratique de convergence des
préoccupations, actions et stratégies [des OP] dans le but
d'aboutir a un espace commun de représentativité réelle,
de formulation de stratégies communes face aux autres acteurs, de
renforcement des effets de leurs actions de lobbying et de plaidoyer».
Elle se veut ((le seul cadre autonome de représentation des OP du
Mali... pour édifier un mouvement paysan crédible, porteur d'une
vision paysanne basée sur la promotion socio-économique durable
des exploitations agricoles familiales à travers une agriculture
paysanne et la souveraineté alimentaire.
La CNOP fédère des OP à compétence
locale, nationale et/ou régionale qui couvrent tous les sous-secteurs
de l'agriculture, de l'élevage, de la pêche, des forêts.
Sont adhérentes aussi les 2 organisations les plus
représentatives des femmes la Fédération
Nationale des Associations de Femmes Rurales du Mali (FNAFR) et des jeunes la
Fédération Nationale des Jeunes Ruraux du Mali (FNAJER). Dans le
cadre de la LOA, elles sont nommées indépendamment de la CNOP, ce
qui augmente son poids au sein des instances. La CNOP est adhérente de
la Via Campesina13. Son président
Ibrahima COULIBALY est aussi élu au bureau du
ROPPA14..
Les membres élus à la CNOP sont des paysans qui
représentent les Fédérations membres. Ses organes sont
l'assemblée générale, le conseil d'administration et le
bureau exécutif national. A ce jour, un cadre permanent et « un
personnel de soutien ~ compose l'équipe salariée très
restreinte. Cette situation monopolise les élus en permanence qui
s'usent et ne peuvent assurer tout le temps sans compensation financière
« permanente et adéquate » .
Financièrement ou en appui de renforcement de
capacité, en organisant des formations, des ateliers, en étant
consultante la CNOP est soutenue par le Bureau de la Coopération Suisse
du Mali pour le côté institutionnalisation de la structure, ou par
des ONG comme la SNV-Mali pour améliorer les capacités de
réflexions et d'actions, d'Oxfam-Solidarité pour faciliter la
structuration au niveau régional et la communication, de Terra Nuova
d'Italie pour faire profiter les OP de base du programme CILSS. Ponctuellement
d'autres ONG interviennent comme SOS faim de Belgique, des ONG du Canada. Lors
de l'élaboration de la LOA elle a eu un budget spécifique
d'environ 200 M de FCFA. Actuellement elle a du mal, a obtenir des financements
pour la mise en oeuvre. Dans son Plan d'Orientation Stratégique (POS)
2008-2012, le budget prévisionnel est de 2 150 470 600 FCFA sur 5 ans,
soit plus de 400 M FCFA/an.
Ces rapides portraits des structures, à tendance
syndicale du Mali ne reflètent pas les problèmes auxquels elles
sont confrontées. Pour certaines d'entre elles et
particulièrement la CNOP, ils seront développés dans la
partie E], et seront mis en exergue tout le long du rapport dans des situations
bien précises.
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