2.2.2 Le Réseau des Organisations
Professionnelles Paysannes en Afrique (ROPPA)
Le 6/07/ 2000, à Cotonou (Bénin) 10 plateformes
paysannes nationales créent le ROPPA. Au centre de leurs
préoccupations « promouvoir et défendre les valeurs d'une
agriculture paysanne, performante et durable au service des exploitations
familiales et des producteurs agricoles et assurer la représentation de
ses membres au niveau régional et international.., en favorisant la
concertation et la coopération entre eux ».
C'est un grand défi que doit relever le ROPPA dans un
contexte peu favorable. N'Diogou FALL, président du ROPPA
présente la situation
« Notre principal problème en Afrique de
l'Ouest est lié aux politiques publiques. Des politiques
cohérentes n'existent pas. En dernier ressort nous sommes face a des
systèmes sinistrés sur le plan de la réflexion, des moyens
et de la réglementation. De telle sorte que tout ce qui arrive dans
notre environnement nous affecte directement. La question de fond est la
suivante : comment arriver à construire des politiques qui
12 En 1993, la Coopération française prenant
acte de l'essor des OP lance avec l'aide d Agriculteurs Français et
Développement International (AFDI) et Volontaires du progrès un
programme d'appui aux organisations professionnelles agricoles. Le
Comité Inter-états de Lutte contre la Sécheresse au Sahel
(CILSS) sera le premier organisme extérieur à travailler au
niveau régional avec les OP
correspondent à nos capacités réelles
sur le plan financier, technologique ? Nos décideurs politiques
fonctionnent sur des modèles qui ont été pensés
dans des circonstances particulières loin de nos réalités.
Ce ne sont que des modes venues d'ailleurs a l'exemple de celle qui consiste a
« développer les biocarburants pour lutter contre la faim ". Il
pointe aussi du doigt l'ingérence extérieure « Les
responsables de l'Aide Publique au Développement sont souvent a
l'origine de nos maux. Ils doivent nous suivre dans ce que nous voulons ou
alors ils peuvent rester chez eux. Pour nous il ne faut plus considérer
l'aide comme élément principal, il faut un recentrage sur ce que
nous faisons, ce que nous avons et ce que nous voulons. Il est temps que soit
révolu cette aide qui déstabilise, déstructure et se
positionne en donneur de leçons... Au ROPPA nous disons que notre
politique agricole, c'est notre affaire avant d'être l'affaire des
autres. Nous ne devons pas élaborer des politiques et attendre que les
partenaires viennent apporter leurs financements. Lorsque nous élaborons
des politiques, nous devons être les premiers a apporter l'argent pour
leur réalisation, ce qui signifie que les budgets de nos pays doivent
contribuer davantage a leur mise en oeuvre... Malheureusement nous constatons
qu'à chaque fois qu'une population africaine élabore une
politique le système d'aide intervient et lui demande de modifier ses
éléments jusqu'à dénaturer ce que nous voulions
faire. Cette fois ci le ROPPA se mobilise pour communiquer notre
désaccord. On ne peut pas continuer, pour des aides insignifiantes,
à changer nos politiques, à dévier de nos objectifs »
(in DEVEZE, 2008))
C'est fort de ses réflexions que le ROPPA cherche
à faire entendre son point de vue dans ces processus politiques comme la
politique agricole de l'Union Économique et Monétaire d'Afrique
de l'Ouest (UEOMA) en 2001. Fort de cette expérience, le ROPPA
participera plus directement a l'élaboration de la politique agricole de
la Communauté Économique des États d'Afrique de l'Ouest
(CEDEAO) en 2005, et jouera un rôle actif dans les négociations
des accords Afrique-Caraïbes-Pacifique et l'Union européenne
(ACP/UE.). Dans le document de plan d'action 2006/2010 de la CEDEAO/ECOWAP sont
reconnus l'agriculture familiale et la souveraineté alimentaire, fruit
des revendications paysannes, mais dans les actes ?
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