Pour mieux cerner notre thématique, il nous est apparu
important de mettre en revue toute la documentation disponible sur cette
thématique. L'objectif étant de situer notre travail par rapport
aux débats en cours mais aussi d'orienter et approfondir notre
réflexion.
La problématique sur la sécurité
alimentaire est devenue de nos jours une préoccupation mondiale. Si dans
les pays développés, ce problème a été
résolu depuis fort longtemps, dans les pays du Sud il se pose avec
acuité. Dès lors, la lutte contre la faim devient donc un credo
pour tous les Etats, Institutions, Chercheurs et Développeurs. C'est
pourquoi des institutions comme la FAO et certains chercheurs ont fait de ce
problème leur cheval de bataille. Ainsi, au nombre des chercheurs on
note entre autres: Carfantan (J-Y), Condamines (C), 1983; Abott (J C), 1962;
Lammerink (M.P) et Wilffers (I), 1998.... qui chacun à sa manière
a apporté sa contribution pour édifier ce problème. C'est
ainsi que Abott (J.C), 1962 a fait ressortir l'importance de la
commercialisation dans l'accroissement des productions agricoles. Selon cet
auteur, le rôle de la commercialisation mérite d'être
souligné dans les programmes agricoles en raison de ses multiples
répercussions sur la production. En effet, si le producteur ne peut
compter sur un marché facilement accessible lui permettant
d'écouler les denrées alimentaires dont il n'a pas besoin pour sa
consommation, il n'est guère encouragé à produire ces
denrées. Tandis que Carfantan (J-Y), Condamines, (1983) ont mis l'accent
sur le nombre d'êtres humains qui meurent de faim chaque année.
Ils ont lancé un cri d'alarme pour une action commune pour en finir avec
ce génocide. Si ces auteurs ont exprimé la
nécessité d'une multiplication des bonnes volontés et les
générosités individuelles pour combattre la faim,
Lammerink (M.P) et Wilffers (I), (1998) ont démontré la
nécessité d'impliquer les paysans dans l'élaboration des
programmes de développement agricole. Pour eux, tout programme
élaboré sans l'implication des paysans est voué à
l'échec.
La lutte pour la sécurité alimentaire à
l'échelle sous régionale a amené Breman (H), Sissoko (K),
(1998) à montrer la nécessité d'une politique
d'intensification agricole au Sahel. Cette étude a également
débouché sur des perspectives pour un développement
durable de l'agriculture sahélienne. Dans le même ordre
d'idée, Damon (J) et al, (2003) ont mis en exergue le
rôle de l'agriculture dans la compétitivité ouest
africaine. Cette étude a aussi dégagé des perspectives
indispensables à mettre en oeuvre pour relancer le secteur agricole,
pour l'adapter aux exigences du marché régional ou international
et à l'évolution des questions environnementales et
foncières.
Au Niger, l'ordonnance N° 92-030 du 8 juillet 1992
portant sur le document intitulé << Principes Directeurs d'une
Politique de Développement Rural pour le Niger >> définit
en quatre points une véritable politique nationale en matière de
développement rural. Il s'agit de: '' La gestion des ressources
naturelles ", " L'organisation du monde rural et la participation des
populations ", " La sécurité alimentaire " et " L'intensification
et la diversification des
productions ". Depuis lors, une attention particulière
est mise sur les cultures de contre saison particulièrement les cultures
maraîchères en raison de leur multiple contribution à la
sécurité alimentaire en comblant surtout les déficits
alimentaires par les revenus générés. Ainsi, Waziri Mato
(M), (2000) a examiné l'importance de ces cultures de contre saison dans
la lutte contre l'insécurité alimentaire au Niger. Selon cet
auteur, les cultures sèches permettent l'échelonnement de la
production au cours de la campagne offrant ainsi la possibilité de
disposer d'une alimentation complémentaire ou une source de revenus
garantissant l'achat des aliments de base ou des condiments nécessaires
à la préparation des repas.
La diversification des productions agricoles constitue donc
le principal axe pour la lutte contre l'insécurité alimentaire.
La pomme de terre étant l'une de ces cultures les plus rentables (ayant
fait ses preuves dans certains pays) peut donc répondre à cette
préoccupation. C'est pourquoi, la FAO a décidé que 2008
soit décrétée année internationale de la pomme de
terre. Cette célébration intervient au lendemain de la hausse
vertigineuse des prix des céréales dans le monde. L'objectif
étant également de répondre aux grands problèmes
mondiaux tels que la malnutrition, la pauvreté et les menaces pour
l'environnement...
Au Niger, la pomme de terre est cultivée dans certaines
zones (Agadez, Bonkoukou) depuis fort longtemps. Néanmoins, le pays
reste dépendant de l'extérieur en approvisionnement des semences.
C'est pourquoi Sidikou (R), (2002), a préconisé
l'intégration des biotechnologies végétales à la
culture de la pomme de terre. En effet, au Niger les conditions climatiques
sont trop souvent favorables à certains pathogènes, la production
des plants sains de pomme de terre demeure un facteur limitant pour la culture
de cette plante. Pour cet auteur, les biotechnologies végétales
peuvent apporter leur contribution au développement de la pomme de terre
et à l'amélioration de la sécurité alimentaire,
tant sur les plans qualitatif que quantitatif. Tandis que Assoumane (K.I),
(2007) et Tchibozo (H.C), (2007) ont étudié sur les pratiques
culturales de production de la pomme de terre à Bonkoukou. Le premier a
fait ressortir que la principale contrainte de la pomme de terre à
Bonkoukou réside non pas dans la production mais dans la conservation.
En effet, les lacunes constatées sur les méthodes de conservation
contraignent les producteurs à brader le kilogramme à 150Fcfa
pendant la récolte alors qu'ils peuvent le vendre à 350Fcfa deux
mois plus tard. Le second, après avoir examiné l'important revenu
que génère cette activité, s'est également
appesanti sur les techniques de conservation assez sommaires mais parfois qui
se sont révélées efficaces.
A Dogondoutchi des études ont été
également faites sur la pomme de terre notamment par Bori (H), 2007 et
Barké (A), 2007. Le premier a fait ressortir que la culture de la pomme
de terre dans le département de Dogondoutchi est une culture à la
fois vivrière et de rente. C'est également une activité
qui intéresse toutes les catégories sociales du
département et très appréciée par la population. Il
ressort également de cette étude que le rendement moyen est
très appréciable. Quant au second, il a mis l'accent sur les
principales contraintes de la culture de la pomme de terre dans le
département. Il s'agit notamment de l'insuffisance des semences,
l'attaque parasitaire, l'insuffisance de maîtrise des techniques
culturales...
Au terme de cette revue, beaucoup de questions se posent
encore sur la culture de la pomme
de terre notamment sur le plan local.
Comment se comporte cette activité? Comment
est-elle
gérée? Quelle est la dynamique créée
par cette activité? Quelles sont les perspectives pour
cette filière? Des interrogations auxquelles nous
essaierons d'aborder dans la présente étude.