4) Les conditions socio-spatiales et sanitaires de la
personne âgée constituent des facteurs de risque d'exclusion
importants.
Sur le territoire, la répartition des populations
âgées est organisée de façon
hétérogène (cf. annexe n°2) ; mais cela est
sociologiquement* et géographiquement* justifiable. On s'aperçoit
que les départements comprenant les taux de personnes âgées
les plus importants sont géographiquement des zones montagnardes,
littorales, et fortement rurales. La représentativité de cette
population est au plus grand dans les petites villes, et au plus bas
dans les milieux fortement urbanisés. Pourquoi ? Depuis
plusieurs décennies, la société s'intéresse avant
tout aux citoyens actifs - nous entendons par ce terme << ayant un emploi
» - car ils représentent le moteur dynamique de l'économie
du pays. Ce dernier adoptant une politique d'urbanisation toujours plus
élargie, l'exode rural des jeunes générations prend de
plus en plus de poids, et délaisse les campagnes au profit des grandes
villes. Sur le plan économique on établira le constat suivant :
moins d'actifs dans les campagnes donc moins de revenus, et même si les
personnes âgées sont nombreuses, les revenus des retraites sont
moins importants, et cette réduction entraîne une quantité
et une qualité des services de ces communes relativement amoindries (par
exemple la fermeture de certaines écoles, des petits bureaux de poste,
petits commerces...). Comment se fait-il que cette politique de centralisation
ne fasse pas bon ménage avec les personnes âgées ?
N'oublions pas que ce public n'a pas les mêmes besoins
que les générations plus jeunes, notamment en termes de
santé. Une personne de 65 ans ou plus nécessite aujourd'hui deux
fois plus de soins médicaux qu'un Français moyen, et davantage
après 80 ans. Le vieillissement contribue naturellement à une
détérioration des tissus vivants, le corps s'en trouve ainsi,
dès les environs de l'âge de la retraite en général,
fragilisé, usé, parfois invalide par rapport à son
environnement. Nous revenons au fait que nous avons énoncé au
départ le mauvais ressenti qui se dégageait du terme de personne
âgée ; c'est parce qu'elle est bien (trop) souvent attachée
à cette idée anxiogène de perdre sa propre autonomie, de
tomber malade, de faire une chute grave, de devoir être assisté
dans les gestes du quotidiens que l'on arrivait autrefois à accomplir
seul et sans mal. << On n'a plus l'âge de se débrouiller
seul », et cela est dur à accepter pour la personne se trouvant
dans cette situation.
Bien sûr, des moyens existent pour parer à la
dépendance* des personnes âgées, et nous y reviendrons,
mais si l'on reste toujours sur l'axe d'analyse socio-spatial de ce
phénomène, il est évident que la population
âgée tend à se retrouver exclue du système, de part
son isolement géographique. Les structures médicales se
centralisent, elles aussi, depuis plusieurs années, et bien que la loi
stipule que l'accès aux soins soit égal pour tous, cela ne peut
être satisfait de cette manière. Aujourd'hui, ces personnes sont
parfois obligées de parcourir plus de 50 km pour consulter un
ophtalmologiste, ce qui pose évidemment des soucis. Mais le
problème se généralise pour l'ensemble des services,
allant des courses alimentaires jusqu'à l'achat d'un carnet de timbres.
De plus, comme de moins en moins de jeunes restent dans les milieux ruraux,
l'espace des relations des personnes âgées s'en retrouve
réduit. Cela amène implicitement à les exclure de la
société dite << active ». Nous faisons donc face
à une processus d'exclusion triangulaire : une exclusion
économique, une exclusion sanitaire, et une exclusion sociale.
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