C) Le bilan de ces expériences a, et continue de
révéler à l'art-thérapeute de nouveaux
questionnements sur l'art-thérapie, ses principes et ses outils.
1) Le métier d'art-thérapeute est difficile
à reconnaître par l'équipe de soins, dans la structure
hospitalière.
Bien que l'Ermitage commence à être <<
habitué >> à accueillir des art-thérapeutes
stagiaires, le personnel est assez régulièrement renouvelé
(mutations, aide-soignantes en apprentissage, élèves
infirmiers...), et malgré le fait d'être à Tours, qui est
la ville qui a vu naître l'école d'art-thérapie via
l'A.F.R.A.T.A.P.E.M. il y a plus de trente ans, l'art-thérapeute est
perçu comme un drôle de personnage au regard des autres
intervenants. Ce qui revient souvent est l'amalgame que l'on fait avec
l'animateur. << En fait tu fais des animations, mais que dans l'Art
>>, avait supposé une aide-soignante. D'autres y associent le
domaine de la psychothérapie et de la psychanalyse, notamment dans
l'interprétation des oeuvres Ce n'est nullement un reproche en soi, mais
l'école d'art-thérapie de Tours n'enseigne pas la discipline sous
cette forme. Il faut donc expliquer avec simplicité et précision
notre enseignement, notre rôle, et les enjeux de notre intervention au
sein de la structure. Ce qui pose également problème est la
taille de la structure, qui accueille plus de 150 salariés ; il faut
donc consacrer un temps considérable dans notre présentation et
dans l'investissement au sein de l'équipe. Et malgré cela,
l'art-thérapeute est souvent retenu dans les mémoires comme un
animateur qui fait des ateliers d'art. Pourquoi ?
Cela peut s'expliquer du point de vue des résidents. La
discipline étant jeune, parler d'art-thérapie est un concept
totalement nouveau, sinon loufoque, qu'ils doivent assimiler, et ce n'est pas
toujours facile. L'équipe de soins, mais aussi parfois
l'art-thérapeute stagiaire, a dû (ré)expliquer sa
profession en tant que << variante de l'animatrice
spécialisée dans les
techniques artistiques », ce qui après
réflexion, n'est pas tellement simple à comprendre non plus.
Trouver les bons mots s'est révélé être plus
difficile que prévu, surtout pour cette population. Et il est important,
dans une structure aussi vaste, de se positionner avec clarté au sein de
l'équipe pluridisciplinaire, au risque sinon d'être perçu
comme un simple stagiaire qui est venu là plus pour apprendre
qu'apporter à l'établissement.
Un autre événement est venu «
épaissir le brouillard » autour du statut de l'artthérapeute
: la création d'un poste d'art-thérapeute au sein de l'U.C.C.
(Unité Cognitive et Comportementale) qui va ouvrir ses portes en octobre
prochain. L'équipe soignante ne comprenait pas l'intérêt de
ce poste dans cette unité d'accueil de jour de personnes
âgées démentes et/ou désorientées. Cela a
été une occasion intéressante d'en discuter avec
l'équipe ; mais malgré tout, affilier l'art-thérapeute
à la catégorie des soins paramédicaux et lui
reconnaître un intérêt original et complémentaire
dans le programme de soins des patients sont des idées qui ont du mal
à prendre racine vis-à-vis de certains soignants. Mais le «
défi » n'en a que plus d'importance ; la création de ce
poste est, en plus d'être une avancée considérable dans le
milieu hospitalier public, une aubaine pour l'art-thérapeute de montrer
que ses compétences peuvent avoir une place respectueuse parmi les
autres professions médicales et paramédicales.
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