4) La présentation du projet
art-thérapeutique au sein de l'Hôpital de l'Ermitage de Tours a
été accueilli favorablement par les responsables de
l'établissement.
L'Hôpital de l'Ermitage est une structure d'accueil et
d'hébergement de la personne âgée, et est rattachée
au Centre Hospitalier Régional Universitaire de la ville de Tours.
Autrefois asile, puis hôpital militaire, l'Ermitage a pu, suite à
un don financier d'un particulier, devenir ce qu'il est aujourd'hui. La
structure est divisée en trois unités : une unité de soins
de longue durée (U.S.L.D.) comprenant 130 lits, une unité de
soins de suite et de réadaptation (U.S.R.R.) comprenant 62 lits, et une
unité de soins palliatifs. Cependant, cette dernière sera
amenée, en octobre 2010, à laisser la place à une nouvelle
unité : L'unité cognitive et comportementale (U.C.C.), se
traduisant par un service d'accueil de jour pour les personnes atteintes de
démence type Alzheimer.
Les unités sont sous l'autorité du
médecin chef de service, puis chacune de ces unités est
gérée par des cadres de santé - deux cadres pour
l'U.S.L.D, un cadre pour l'U.S.S.R) - à l'exception de l'unité de
soins palliatifs. Intervient également le personnel administratif
(directeur du pôle Médecine, directeur de l'établissement,
cadre supérieur, adjoint des cadres, secrétaire médicale,
secrétaire d'accueil...). Les unités sont réparties par
étage et bénéficient chacune de leur propre personnel
soignant (infirmiers, aides-soignants, agents de services hospitaliers...). Les
médecins et intervenants paramédicaux interviennent dans toute la
structure (médecins, kinésithérapeutes, assistantes
sociales, animatrices, coiffeuse, socioesthéticienne). L'Ermitage compte
aussi la présence régulière de plusieurs associations
bénévoles (Théâtre de la Jeune Plume, VMEH,
Vac'Anima, Blouses Roses...) venant égayer le quotidien des
résidents. L'hôpital de l'Ermitage est une structure très
dynamique de par la présence de nombreux intervenants et
d'étudiants-stagiaires, et fait preuve d'une qualité de soin
efficace pour les patients qui s'y trouvent.
L'accueil de stagiaires art-thérapeutes est devenu
courant dans cette institution (ainsi que pour l'ensemble du CHRU de Tours) ;
cette dernière s'est d'ailleurs déjà vu employer sur
quelques années des art-thérapeutes dans le cadre du projet de
vie de l'établissement. Pour ce qui nous concerne, la stagiaire
art-thérapeute bénéficiait déjà de certaines
connaissances au niveau du fonctionnement, mais aussi des intervenants et des
résidents de l'Ermitage, puisqu'elle y avait, dans le cadre de la
formation préparatoire au diplôme universitaire
d'artthérapie, réalisé un stage d'observation. Toutefois,
étant donné les effectifs conséquents de
l'établissement, un temps de présentation a été
préalablement nécessaire auprès des équipes dans
les quatre étages ainsi qu'au rez-de-chaussée. C'est sur le
terrain que, malgré le caractère présupposé
familier de la présence d'un art-thérapeute dans cette structure,
on se rend compte que beaucoup ne connaissent pas notre rôle, ou le
confondent avec celui d'un artiste faisant des ateliers d'art, ou encore avec
celui de l'animateur. C'est là que le travail de l'art-thérapeute
commence, et non à partir du début de prise en charge du patient.
Éclaircir sa fonction auprès de l'équipe permet à
tous de comprendre son positionnement, et ce que l'art-thérapeute peut
apporter en complément des soins déjà mis en place.
L'accueil du stagiaire s'est très bien passé, l'équipe de
soins était curieuse de connaître les modalités du projet
art-thérapeutique.
En réalité, tout s'est décidé
pendant la réunion avec le personnel de chaque étage (comprenant
une à deux infirmières, et deux à quatre
aides-soignantes). Après que l'artthérapeute ait expliqué
les objectifs de sa discipline et ses axes de travail envers le patient,
l'indication a pu se faire pour une douzaine de patients. La population
concernée est, rappelons-le, la personne âgée atteinte
d'exclusion sociale. Mais comment diagnostiquer l'exclusion lorsqu'une personne
est entrée et vit dans une institution où elle côtoie au
quotidien des dizaines de personnes (personnel et résidents) ? Les
« cas » d'exclusion ont été identifiés comme
tels par rapport à leur investissement au sein des activités
collectives de la
structure (animations, activités
bénévoles, ateliers...). Sur les dix-sept patients
indiqués, à l'exception de trois d'entre elles, tous
étaient auparavant des résidents actifs ou très actifs
dans les activités collectives, mais aujourd'hui ils ne voulaient «
plus rien faire ». Les raisons de ce désinvestissement,
évoquées par l'équipe, concernent pour la plupart une
aggravation de leur état de santé, mais pour d'autres c'est
davantage une question de lassitude, bien que les activités soient
variées ; mais dans ces deux cas de figure, un comportement introverti,
triste, voire dépressif en a résulté, ce qui a bien
évidemment soucié l'équipe soignante. L'objectif de la
stagiaire art-thérapeute a alors consisté à redonner aux
patients le goût de renouer des relations avec les autres, et de
s'investir dans la collectivité.
Sur les dix-sept patients indiqués, seules quatre
prises en charge ont pu se mettre en place, et trois ont pu aboutir.
Néanmoins, nous ne relaterons dans ce mémoire que deux d'en
elles, car la troisième s'est tardivement révélée
inadaptée pour le patient vis-à-vis de l'objectif à
atteindre. Nous parlerons alors de l'expérience art-thérapeutique
avec Mme A, et Mme B. Dans un souci de confidentialité, les initiales
ont été modifiées. Nous dresserons ensuite un bilan de ces
expériences, et les discuterons.
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