I. Introduction générale
La fin des années quatre vingt marque l?échec
des politiques d?Ajustement Structurel dans les Pays en Voie de
Développement. Les projets de développement qui étaient
jusque-là pilotés par les États du Sud n?ont pas
apporté une valeur ajoutée pour les personnes directement
concernées. Ces projets ont montré leur limite et ont purement et
simplement été abandonnés malgré d?importants
investissements financiers alloués par les institutions de Breton
Wood1
Il fallait trouver une nouvelle structure mieux
adaptée, et qui serait plus proche des populations. C?est pour quoi,
face à une demande sociale de plus en plus pressante, les gouvernants et
les Bailleurs de Fonds ont établi de nouvelles coopérations
basées sur le financement des activités
génératrices revenus qui touchent directement les populations
démunies par :
U La mise sur pied d?un cadre rationnel d?intervention des
Bailleurs de Fonds, fondateur du Document Stratégique de la
Réduction de la Pauvreté (DSRP);
U L?adhésion des bénéficiaires des projets
qui passent par l?implication des ONG comme courroie de transmission.
Durant les années 80, les ONG étaient
perçues comme un vecteur d?influence dans les relations internationales
car elles sont susceptibles de faire émerger des débats nouveaux.
Elles avaient la maîtrise et l?appropriation des stratégies des
pays partenaires. Ces stratégies sont fondées sur la bonne
gouvernance, la cohérence des politiques et la recherche de
l?efficacité. Elles maitrisaient également les approches et les
projets dans le cadre de la mondialisation pour un développement
durable. Il n?est pas rare de constater qu?il y a des ONG créées
spécialement pour enrichir certaines personnes. Le plus souvent les
populations ne consomment que 25%2 des aides qu?elles leur
apportent. Cette situation a entaché l?image des ONG qui ont
foisonné en un temps record. Ce retournement risque de remettre en cause
leur crédibilité. Or, la mobilisation des fonds auprès des
opérateurs de développement exige des compétences accrues
dans le domaine de la gestion des projets et des programmes, requérant
l?éthique, la performance, le professionnalisme et la
crédibilité. Dans ce système de concurrence forte, les
responsables des ONG se doivent de beaucoup lutter pour assurer un meilleur
avenir à leur
1 Le Fonds Monétaire International (FMI) et la
Banque Mondiale sont les principaux investisseurs.
2 Témoignage fait par une personne au cours
d?un entretien.
DIAGNOSTIC DU SYSTEME DE PLANIFICATION DES PROJETS DANS
UNE ONG DE DEVELOPPEMENT : CAS DE CARITAS DAKAR
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association. Il s?agit d?adapter les méthodes et les
techniques du management des projets aux exigences de
compétitivité dans un environnement de plus en plus complexe et
incertain.
Au Sénégal, le problème de la
mobilisation des fonds se pose à cause du nombre élevé des
ONG, environ 300 en 1997.3 En effet, celles-ci, connaissant bien les
populations et les conditions locales, mobilisent facilement les
bénéficiaires des projets. Leur structuration et leur approche
répondent mieux au montage des projets de développement. Il
convient de rappeler que plus de 80%4 de la population des Pays les
Moins Avancés (P.M.A.) se situe en zone rurale, milieu
caractérisé par l?analphabétisme, l?insuffisance voir
l?absence de moyens et voies de communication, le manque d?Activités
Génératrices de Revenus (A.G.R.), de soins de santé. En
réalité, le bas niveau d?instruction des populations rurales ne
leur permet pas d?exiger des ONG, plus de transparence dans la gestion des
aides qui leur sont destinées.
Le contexte spécifique dans lequel va
être défini ce travail est celui du Sénégal
marqué ces dernières années par une paupérisation
croissante de la population malgré un retour de la croissance
économique. En effet au terme de deux décennies d?ajustement
économique et monétaire, le pays a pu à partir de 1994,
renouer avec une croissance économique qui a été de
l?ordre de 5% en moyenne sur la période 1994 à 2004
notamment5. Cette croissance, comme l?ont du reste reconnu tous les
économistes, a été fort mal répartie entre les
différentes couches de la population sénégalaise, entre
les zones urbaines et rurales. Pour être en phase avec la lutte contre,
la Caritas a adopté les trois approches du DSPR :
ii La prévalence de la pauvreté
: définie comme la proportion de la population vivant sous
le seuil de pauvreté, est passée de 33% en 1992 à 58% en
19956. La pauvreté au Sénégal s?accentue dans
le temps et dans l?espace.
La profondeur de la pauvreté
: mesurée en termes d?écarts entre les
dépenses moyennes d?un ménage pauvre et le seuil de
pauvreté, il serait passé de 14% à 24%. La moyenne des
ménages pauvres accuse un déficit par rapport au seuil de
pauvreté qui s?est aggravé entre 1992 et 1995.
La sévérité de la
pauvreté : cet indicateur concerne les plus pauvres parmi
les pauvres. L?extrême pauvreté concerne 12% de la population
totale. A l?intérieur cette fourchette, la zone rurale concentre entre
72% et 88 %, et la zone urbaine 44% et 59 %.
3 Rapport commissionné par l?ONUDI pour le
Forum des ONG, Dakar, 5-6 novembre 1997
4 Rapport commissionné par l?ONUDI pour le
Forum des ONG, Dakar, 5-6 novembre 1997
5 Avec cependant une rupture en 2002 du fait d?une
saison pluvieuse catastrophique.
6 Rapport commissionné par l?ONUDI pour le
Forum des ONG, Dakar, 5-6 novembre 1997
DIAGNOSTIC DU SYSTEME DE PLANIFICATION DES PROJETS DANS
UNE ONG DE DEVELOPPEMENT : CAS DE CARITAS DAKAR
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C?est ainsi que la CDD dont la mission est « de faire
vivre et témoigner la Charité Chrétienne en contribuant
à l'épanouissement et au développement de Tout Homme et de
Tout l'Homme7. » s?inscrit dans le cadre de la lutte
contre la pauvreté qui est devenue un enjeu national de
développement. La contribution de la CDD à la lutte contre la
pauvreté participe aussi de la mission fondamentale de la CDD en tant
que ONG catholique et instrument de la pastorale sociale de l?Eglise.
Les cibles de la CDD sont variées selon les programmes et
les zones d?intervention. Ces programmes et projets sont déroulés
dans la zone géographique du Diocèse de Dakar :
? À Dakar : Direction ; Division
hydraulique ; Division du Développement urbain ;
? À Mbour : FIDEC et Division du
Développement rural
? À Fatick : démembrement de la
Division Développement Rural ? À Nianing :
Division Formation et Unité de production
Et ces programmes touchent les catégories
socio-économiques suivantes:
? Populations des villages dépourvus d?infrastructures
hydrauliques ; ? Populations économiquement faibles des zones rurales et
urbaines ? Groupements féminins,
? Groupements et associations de jeunes,
? Réfugiés et victimes de calamités ou de
catastrophes naturelles, ? Personnes en situation difficile,
De ce qui précède, la CDD identifie ses projets
en se basant sur ce principe de lutte contre la pauvreté. Mais les
projets sont élaborés sans la participation des populations
locales ; cela défavorise le bon fonctionnement des activités. On
note également une absence d?outils participatifs dans le processus de
planification des projets et des carences organisationnelles qui seront
développées dans la problématique de cette
étude.
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