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Processus électoraux en Afrique noire francophone

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par Mazamesso WELLA
Université de Lomé - DEA - Droit public 2011
  

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PARAGRAPHE II : UNE MEILLEURE GESTION DU CONTENTIEUX

ELECTORAL

Le contentieux électoral est une opération qui vise à régler les litiges mettant en cause la régularité des processus électoraux. Il a pour but de vérifier la régularité des actes et la validité des résultats des élections. L'adhésion de l'Afrique au principe de l'organisation d'élections disputées à intervalles réguliers implique l'institution des mécanismes de gestion du contentieux électoral. Mais le règlement du contentieux électoral en Afrique peine à satisfaire l'opinion commune (A) d'où la nécessité de le redynamiser (B).

A- Un contentieux électoral balbutiant

L'organisation d'un scrutin compétitif passe par la maîtrise et la réussite de toutes les étapes du processus électoral. Elles vont de la détermination du cadre normatif et institutionnel, à la proclamation des résultats définitifs en passant par l'établissement d'un fichier électoral fiable, l'enregistrement des candidatures, la campagne, le vote, le dépouillement et la transmission des résultats et la gestion du contentieux éventuel.

L'élection pluraliste étant aujourd'hui indispensable pour mesurer la légitimité des gouvernants, le contentieux est incontournable pour assurer la crédibilité de la consultation électorale. Mais comme le souligne Djedjro Francisco MELEDJE, « en faisant une appréciation rétrospective du contentieux électoral en Afrique, on est saisi par une impression de vide et un fort sentiment de déception »118.

En effet sous le régime du parti unique, le contentieux électoral était souvent préalablement vide du fait du rôle du parti dominant ou simplement sans issue. Mais le renouveau démocratique a replacé la question de la justice constitutionnelle119 et le contentieux électoral en particulier au coeur des débats politiques.

118 MELEDJE (D.) : Le contentieux électoral en Afrique, Pouvoirs 2009/2, N° 129, pp. 139-155.

119 Voir HOLO (T.):Émergence de la justice constitutionnelle, Pouvoirs 2009/2, N° 129, pp. 101- 114.

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Certes on a assisté à l'institution des juridictions constitutionnelles en Afrique, qui en dehors du contrôle de constitutionnalité, gère le contentieux électoral120. Mais deux décennies après, le règlement du contentieux en Afrique est, de loin, non satisfaisant. Cette situation est liée à des difficultés structurelles et conjoncturelles.

S'agissant des difficultés structurelles, elles tiennent à la procédure ; par exemple comment comprendre le fait pour le juge électoral au Nigeria ne se prononce que plus d'une année et demie après l'élection présidentielle d'avril 2007 sur la régularité de ce scrutin ? Dans ces conditions et raisonnablement, Umaru Musa YAR'ADUA, donné comme élu et exerçant depuis un temps très long les fonctions de chef de l'État, ne peut plus voir son élection invalidée.

Il est aussi question de la composition des juridictions faite souvent en majorité des profanes du droit121. Parfois la règle de la majorité et le secret de la délibération sont de nature à rendre inefficace les décisions de ces juridictions. Les dysfonctionnements conjoncturels constituent une pesanteur qui influence les décisions en matière électorale. « Dans une démocratie, disait Jürgen HABERMAS, les citoyens doivent avoir la conviction que ce sont eux, par leurs décisions électorales, qui conservent, à certains moments cruciaux, le pouvoir d'influencer une politique par ailleurs étatisée et encapsulée »122. Oui, en Afrique, le juge électoral influence les résultats électoraux le plus souvent pas sur les moyens évoqués mais par sa gratitude à l'égard du pouvoir en place, dont il est l'émanation. N'entend-on pas des détenteurs du pouvoir chanter que la Cour leur est acquise ? Le constat fait par le Professeur Koffi AHADZI selon lequel « en Afrique, l'expérience montre trop souvent que les liens d'allégeance s'établissent entre l'organe politique et ceux qu'il désigne »123 est vérifié.

Le contentieux électoral en Afrique est loin de trouver un dénouement heureux eu égard à ces multiples vicissitudes que présentent les institutions en charge de ce contentieux.

120 Il s'agit souvent du contentieux des consultations nationales : présidentielles, législatives et le referendum. Le contentieux des élections locales est de la compétence des juridictions ordinaires.

121 Voir art.100 de la Constitution du 14 octobre 1992 du Togo

122 HABERMAS (J.), Cité par DAKO (S.), thèse de doctorat, op.cit. P.436

123 Voir K. AHADZI, Les nouvelles tendances du constitutionnalisme africain : le cas des Etats d'Afrique noire francophone, Cité par Simon DAKO, Thèse de doctorat, op.cit. P.438

123 Voir DUHAMEL- MENY (Y.), Cité par Simon DAKO, Thèse de doctorat, op.cit.p.432

Il faut trouver des solutions adéquates pour redynamiser le juge électoral, gage de la crédibilité et de la fiabilité des consultations électorales.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery