Processus électoraux en Afrique noire francophone( Télécharger le fichier original )par Mazamesso WELLA Université de Lomé - DEA - Droit public 2011 |
B- Intégration du facteur ethnique dans la dévolution et l'exercice du pouvoirLes revendications et crises identitaires plus visibles en période électorale, ne doivent pas être considérées comme des signes d'un échec irréversible de l'oeuvre de construction nationale. Il suffit donc de trouver la politique appropriée pour consolider la conscience des citoyens d'appartenir à un même corps social et politique. A ce sujet, des solutions sont, à notre sens, envisageables. En premier lieu, les dirigeants doivent rompre avec la politique de mimétisme qu'ils ont adoptée jusqu'ici. En effet, ils ont abordé la construction étatique essentiellement par reprise plus ou moins forcée de modèles exogènes, issus des sociétés industrielles de l'Est et de l'Ouest qu'elles ont artificiellement plaqués sur des structures économiques, sociales et politiques qui réclament probablement un autre type d'organisation104. A y voir de près, le choix du système de parti unique est la conséquence de l'ancienne situation coloniale. Ils ont hérité d'un pouvoir autocratique et d'une administration pyramidale et centralisée, entièrement conçue dans le sens d'un pouvoir central puissant. Le meilleur système pouvant leur permettre d'asseoir leur pleine autorité, comme le colonisateur l'avait fait précédemment, était donc le système de parti unique. En second lieu, il est important de cesser de considérer
la diversité ethnique 104 DJEDJRO MELEDJE (F.), « Les élections sont faites pour les hommes et si elles doivent conduire à la perte des vies humaines, cela ne vaut pas la peine », communication donnée à la Faculté de Droit de l'Université de Lomé le 18 janvier 2011 sur « les alternances politiques en Côte d'Ivoire ». différentes communautés ethniques sont obligées de vivre ensemble. Il convient, pour ce faire, d'éviter les politiques d'exclusion. La décentralisation territoriale qui permet à l'Etat d'associer les populations à la base à la gestion des affaires publiques constitue, à cet effet, une politique à promouvoir. Aussi la répartition des postes politiques dans l'administration centrale en fonction de l'équilibre régional constitue-t-elle un facteur d'union des fils d'un pays. De même comme l'ont préconisé certains, on pourra envisager des candidatures tournantes par rapport aux différentes ethnies en trouvant des formules adéquates relativement aux ethnies éligibles, à la capacité de diriger etc. et ceci dans le respect de la minorité. Aussi la conversion des régimes présidentiels et présidentialistes africains en régimes parlementaires apparaît comme une des solutions. L'élection présidentielle provoquant plus de clivages en raison de l'importance de l'enjeu, la répartition du pouvoir entre différents représentants réduira les tensions lors des élections. L'ethnie ne doit plus constituer un tabou qui joue un rôle inédit en fait, mais ignoré par les textes qui proclament l'unité nationale105. Elle constitue un atout dont l'Afrique doit se servir pour affermir sa démocratie électorale. A ces facteurs sociologiques qui vicient les processus électoraux en Afrique, s'ajoute le défaut de culture démocratique. |
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