La gestion des programmes et projets axés sur les résultats: outils et mécanismes de mise en oeuvre; expérience du bureau du PNUD au Tchad( Télécharger le fichier original )par Emmanuel Nguéyanouba Université Catholique d'Afrique Centrale - Master 2 Développement et management des Projets 2007 |
I. LA GESTION AXEE SUR LES RESULTATS A L'AGENCE CANADIENNE DE DEVELOPPEMENT INTERNATIONALLa littérature consacrée à l'approche GAR à l'instar de la plupart des approches, méthodes et outils de gestion des programmes et projets de développement est relativement peu critique vis-à-vis des limites et des risques liés à son utilisation (Hédia Hadjaj Castro ; 2004 : 6). De l'avis de Hédia Hadjaj Castro (2004 :6-7) « les ONG sont [...] poussées vers un professionnalisme « technocratique » de façade en produisant de « bons dossiers » aux cadres logiques lisses et finalement très éloignées des réalités ». En fait, il s'agit généralement d'un exposé normatif et/ou descriptif des approches, méthodes et outils de gestion des interventions de développement15(*) et, d'une sorte de prescription de la posologie de leur usage à la façon du médecin traitant un patient. Ce qui postule l'image du sous-développement ou de la pauvreté comme une pathologie dont le « développeur » est un médecin. Et la GAR qui ne fait pas exception en cette matière est par conséquent peu mise en débat. Tout ceci rend notre entreprise difficultueuse car la littérature reste somme toute confinée dans la description des outils fondamentaux de l'approche ainsi que de leurs modes d'utilisation dans le cadre des programmes et projets de développement. Avant d'aller plus loin, il est convenable de situer contextuellement et historiquement l'approche GAR. 0 I.1.Contexte de la Gestion Axée sur les RésultatsI.1.1. Contexte politique canadienL' ACDI est reconnue comme l'institution qui a élaboré la Gestion Axée sur les Résultats au début des années 90. Cette innovation managériale a pour but de permettre de définir et de gérer avec plus de rigueur et de manière participative les objectifs globaux et les résultats de développement poursuivis par les programmes et projets de développement du gouvernement canadien de concert avec les partenaires sur le terrain et au Canada. Mais l'initiative est avant tout une réaction aux pressions connues aussi bien par le gouvernement canadien que ceux d'autres pays du monde. Effectivement il apparaît pendant les dix dernières années qui ont précédé l'élaboration de la GAR que beaucoup de gouvernements du monde faisaient l'objet de critiques et de pressions en rapport à la nécessité de gérer plus efficacement les fonds publics en particulier ceux consacrés au développement social. Les contre-sommets notamment ceux des alter-mondialistes, les manifestations de certains contribuables mécontents des pays occidentaux sont les lieux et les occasions d'expression de ces critiques et pressions. Le problème porte sur le fait que les sommes consacrées notamment à l'Aide Publique au Développement (APD) depuis plusieurs décennies, ne laissent pas percevoir aux contribuables des résultats satisfaisants. De plus, les problèmes socioéconomiques allant crescendo, les bailleurs de fonds sont confrontés à un nombre plus grand de priorités de développement. Il faut faire plus avec moins de moyens et surtout démontrer des résultats souhaités. C'est donc une gamme d'arguments qui a contribué à l'apparition de l'approche de Gestion Axée sur les Résultats dans le secteur public canadien. « En effet, les gouvernements fédéraux canadiens, pour répondre à ces pressions croissantes, ont procédé à diverses réformes du secteur public dont l'un des piliers importants consistait à l'expérimentation et l'application de la méthode de gestion axée sur les résultats qui sont devenues ensuite indispensables dans l'ensemble du gouvernement fédéral.»(ACDI ; 2006 :5) En somme, l'idée de la bonne gouvernance et de la responsabilité qui induisent celle de rendre les comptes aux contribuables a fait de la GAR un cadre conceptuel global pour la gestion des projets devant contribuer à une meilleure évaluation des retombées de l'aide et permettre ainsi à l'ACDI de rendre compte avec plus de précision aux contribuables canadiens, de l'utilisation des fonds publics. Ce cadre global décrit une démarche fondamentalement basée sur le cadre logique qui axe tous les efforts des programmes et projets - de la formulation des politiques de développement à leur évaluation en passant par leur mise en oeuvre en terme de gestion des projets - sur les résultats attendus par l'organisation. * 15 Au demeurant, notre présentation des ces méthodes, approches et outils est à certains moments très descriptive et à ce titre informative, exceptée celle de la GAR où nous faisons des analyses des composantes. |
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