Syndicalisme enseignant de l'enseignement superieur et universitaire et pouvoir politique (1999-2008)( Télécharger le fichier original )par Hermes Ndala Université de Kinshasa - licence en science politique et administrative 2007 |
V.2. Quels capitaux mobilisés dans la lutte ?Le corps enseignant de l'UNIKIN a pu mobiliser certaines ressources entre autres sa cohésion, l'opinion, une masse estudiantine et les corps scientifique et administratif de l'UNIKIN, dans une certaine mesure ; tout en étant opposé au comité de gestion de l'UNIKIN, nommé par le pouvoir politique. V. 2. 1. La cohésion du corps enseignant Sa cohésion, favorisée en large partie par le contexte démocratique, des élections et institutions y afférentes, où la garantie des fonctions et le carriérisme politiques ne tiennent pas toujours, dans l'ensemble, à des arrangements oligarques ou au clientélisme politique. Il s'y impose une nécessité de maximiser sa sécurité financière même pour ceux du corps enseignant évoluant au sein du parlement et du gouvernement. Révolue est, donc, dans ce pluralisme de formations politiques concurrentes au parlement et au gouvernement, la tendance à une opposition, à un antagonisme tranché entre corps enseignant au pouvoir et corps enseignant non associé à la direction politique comme sous la deuxième République. Ainsi, son niveau d'exigence de l'engagement collectif, si haut poussé, a renforcé la portée de sa lutte corporative. Des voies de soutien autant au parlement qu'au gouvernement ont donné à ce corps la dimension d'un « segment institutionnel informel ». De par son capital culturel, ce corps se retrouve disséminé dans les organes et institutions politiques, dans le processus des décisions politiques et capable d'essaimer au-delà de frontières substantielles des institutions. V. 2. 2. L'opinion publique L'opinion publique pris à la fois comme enjeu et arbitre dans une lutte politico symbolique (107(*)) a été glané par un recours intensif aux médias. La responsabilité d'une éventuelle année blanche pesait sur le pouvoir politique. Le gouvernement est perçu autant incompétent que injuste `'refusant un salaire confortable au grand corps, ces dirigeants à qui l'imagerie populaire consent ce droit » ; pendant que la vitesse de l'enrichissement facile par voie de salaire hors échelle d'autres dirigeants soit au parlement soit au gouvernement scandalisent les consciences populaires. En outre, l'APUKIN suspend interminablement sa grève, maintient une pression continue tout en esquivant, n'ayant pas levé la grève, les longueurs de la procédure d'une reprise éventuelle de grève ; Ces longueurs de la procédure étant susceptible de ramollir la pression psycho-symbolique sur l'opinion et ramener cette dimension de la lutte à zéro. Bien plus, le corps enseignant est conduit à éviter que cette dimension symbolique de la lutte se retourne contre lui. Car après quelques concessions satisfaisantes du pouvoir politique, il est conduit à saper les procédures de délibérations régulières des jurys puis à proclamer la rentrée de l'année académique nouvelle (2008-2009) rien que pour les classes débutantes. La nécessité en étant que les autorités politiques menacées d'une mesure d'année blanche si l'année académique nouvelle n'était reouverte avant fin janvier 2009. Dans cette situation, la responsabilité incomberait au corps enseignant, disposant selon l'imagerie populaire de l'effectivité du pouvoir de gestion académique de l'UNIKIN. V. 2. 3. la masse estudiantine Une composante significative de ce capital social, est aussi la masse estudiantine ; ce taureau aux glissantes cornes, dont la capacité à semer la pagaille par sa violence est autant profitable que redoutable pour le corps enseignant selon les enjeux sociaux divers. Devant la division de hauts managers de la coordination estudiantine de l'UNIKIN, l'APUKIN a recouru à divers leaders de ladite masse pour l'intégrer à sa lutte. Ces masses partageaient une communauté de préjudices d'avec le corps enseignant du fait de la nécessité de poursuivre l'année académique. La formation universitaire constitue une ressource sociale non la moindre pour l'étudiant et sa famille. Cette masse qui a intériorisé son rôle contestateur au prix de la violence n'a pas hésité de porter son soutien à l'APUKIN d'autant plus que aucune entrave dans le champ politique ne pouvait compromettre le succès de son action contestatrice. La marche des étudiants n'a pas manqué de conforter la position de l'APUKIN face au pouvoir politique dans le processus de négociations qui déjà stagnait. Pour redoubler intentionnellement le sens de cette intégration de la masse estudiantine dans sa lutte, le président de l'APUKIN fut conduit à remercier les étudiants de leur geste de solidarité. Exhibant ainsi le profit politico symbolique offert par les étudiants. V. 2. 4. Les corps scientifique et administratif de l'UNIKIN Pour finir ce point, disons un mot sur le poids des corps scientifique et administratif. Le compagnonnât fut bon aussi longtemps qu'il s'agissait de pousser le gouvernement à concéder à l'ensemble de revendications. Cependant, lorsque cet adversaire a concédé avec des aménagements respectifs pour chaque corps, la cohésion a cédé parce que l'arbitre des bénéfices de l'ensemble de l'enveloppe disponible n'était plus que ce même pouvoir politique. Fort de sa position privilégiée dans le champ universitaires et les institutions politiques, le corps enseignant s'est taillé gros. Malgré frustrations et ramollissement de ces deux autres corps, la lutte a bel et bien évolué du fait de la position privilégiée du corps enseignant dans le champ universitaire qu'est l'UNIKIN. Le professeur DIUR KATOND n'hésita pas du haut de la tribune de l'assemblée nationale, à laquelle il appartenait, de clamer que `'l'UNIKIN pouvait fonctionner sans les cadres scientifiques''. Le corps scientifiques n'a même pas pu faire pression sur l'APUKIN. * 107 DE MONTBRIAL Thierry et KLEIN Jean, op. cit |
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