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La problématique de la rénovation des sciences sociales africaines;lecture et reprise de la théorie searlienne de la construction de la réalité sociale

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par Barnabé Milala Lungala Katshiela
Université de Kinshasa et université catholique de Louvain - Thèse de doctorat 2009
  

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3.6.8. La menace contre le réalisme : le rationalisme en question

« L'une des cibles centrales de la critique postmoderniste concerne le rationalisme, qui est au coeur de la civilisation occidentale et s'articule logiquement avec une visée universaliste. »597(*)  Et :« La critique du rationalisme vise (...) les orientations qui ont présidé à l'histoire effective des deux derniers siècles et qui au nom de la rationalisation ont débouché sur des formes de domination inédites (...) où le colonialisme, l'impérialisme et différentes formes de violence ont été exercé au nom de la « mission civilisatrice de l'Occident ».598(*)

Les critiques sont multiples. « La critique postmoderniste, écrit Bonny, va mettre en doute et en cause le projet sur plusieurs angles. D'abord, en soulignant le caractère autoréférentiel de la raison, c'est-à-dire l'impossibilité d'une « fondation ultime » du discours ou des institutions (c'est en ce sens que l'on parle d'une critique du fondamentalisme dont nous avons parlé) ».599(*)

En outre, écrit-il encore « le rationalisme moderne repose sur un ensemble de postulats et d'orientations de la pensée qui ne constituent en rien une évidence ou un point d'appui ultime et qui peuvent par conséquent toujours être discutés et contestés ».600(*) Cela débouche sur le fait que l'usage de la Raison est toujours situé et que c'est toujours d'un certain point de vue et depuis une certaine perspective que l'on peut développer une argumentation cohérente. S'en suit une critique de l'universalisme moderne.

Les représentations de l'homme que se fait le rationalisme en tant que culture dominante sont interrogées sous plusieurs facettes. Une autre orientation de l'analyse est davantage historique plutôt que philosophique. Elle consiste à soutenir que les idées développées à partir du rationalisme véhiculent tout un univers de représentations propres à la culture occidentale et des acteurs socialement dominants. Pour prendre un exemple des théories de la connaissance « le modèle classique de la science opposant un sujet savant à un objet de connaissance défini de l'extérieur a été profondément questionné, au profit d'une raison herméneutique s'élaborant dans l'intersubjectivité, c'est-à-dire dans un rapport de dialogue avec autrui, mêlé de distanciation critique, mais refusant une posture de rupture et de surplomb à son égard ».601(*) Cette posture est présente de façon insistante dans la philosophie africaine.

Yves Bonny regroupe ces critiques en tant qu'elles s'organisent comme mouvements autour du phénomène de domination et d'aliénation, liés à la mise en ordre à caractère symbolique des rapports sociaux : la théorie critique de l'Ecole de Francfort ,(...) ,la critique de la culture et du pouvoir symbolique développée par Bourdieu et son école ,les courants dits poststructuralistes( la démarche de déconstruction des discours sociaux), ...les cadres et concepts théoriques issus de tous les domaines d'étude où les questions d'identité et de subjectivation occupent nécessairement une position centrale(études sur l'ethnicité ,le genre ,l'homosexualité ,les situations postcoloniales ,les zones frontalières mettant en rapport le « Nord » et le« Sud »-à l'exemple des Chicago studies -,les positionnements subalternes ») ».602(*) Comme se présentent, le centre et la périphérie, ainsi de suite.

En résumé, sur les bases du relativisme,  on est amené à développer la thèse de la pluralité et de l'incommensurabilité des systèmes de connaissance, ce qui signifie que l'on ne peut jamais les juger d'un point de vue extérieur, et qu'ils ont tous la même valeur.

Sur la relativité, Searle pense en définitive qu'un énoncé vrai peut être un système d'énoncés vrais mais incommensurables par rapport à d'autres énoncés ou schèmes conceptuels tout aussi vrais à propos d'un même objet (coréférentialité).

* 597 Ibidem, p.72.

* 598 Ibidem, p.73.

* 599 Yves BONNY, op.cit., p.72.

* 600 Ibidem.

* 601 Ibidem, p.76.

* 602Ibidem, p.126.

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