La problématique de la rénovation des sciences sociales africaines;lecture et reprise de la théorie searlienne de la construction de la réalité sociale( Télécharger le fichier original )par Barnabé Milala Lungala Katshiela Université de Kinshasa et université catholique de Louvain - Thèse de doctorat 2009 |
2.3.2.2. Les théories de l'action
En revenant à la pragmatique, le passage de l'intentionnalité à l'action, peut faire appel à plusieurs théories de l'action. A propos, pour Habermas, il y a « quatre concepts d'actions devenus pertinents pour la formation de la théorie des sciences sociales »312(*) : - Le concept de l'agir téléologique se trouve depuis Aristote au centre de la théorie philosophique de l'action ; - Le concept de l'agir régulé par les normes ...concerne au contraire les membres d'un groupe social qui orientent leur action selon des valeurs communes ; - Le concept de l'agir dramaturgique concerne les participants d'une interaction, qui constituent réciproquement pour eux-mêmes un public devant lequel ils se présentent ; - Le concept de l'agir communicationnel concerne l'interaction d'au moins deux sujets capables de parler et d'agir qui engagent une relation interpersonnelle (que ce soit par les moyens verbaux ou extra- verbaux). Nous pouvons dans cette ligne revenir à la théorie de l'action sociale du point de vue des sciences sociales dans une perspective analytique même si la question peut se poser aussi du point de vue de la philosophie de l'esprit et de la philosophie de l'action. La critique de Jürgen Habermas pour les trois premières actions tient au fait que ces trois autres modèles de l'action le langage est conçu unilatéralement. Nous abordons cette étude du point de vue de la philosophie du langage et de la philosophie de l'esprit. Notre approche s'inspire des théories philosophiques logico- sémantique, pragmatique et intentionnelle ou cognitive. 2.3.3. Le constructivisme sociologico - phénoménologique de Peter Berger et Thomas LuckmanPeter Berger et Thomas Luckman ont mis ensemble un nombre impressionnant des traditions scientifiques pour en arriver à son approche de la construction sociale de la réalité. Peter Berger et Thomas Luckmann ont écris, dans le courant phénoménologique à la suite des précurseurs comme Rudolf Carnap, La construction logique du monde, en 1966, La construction sociale de la réalité, un livre devenu depuis un classique, en tout cas selon le dire de Danilo Martuccelli, qui en présente l'avant-propos dans l'édition de 2006 chez Armand Colin. Ce livre qui traite de la réalité quotidienne rejoint la réflexion de John Searle dans son livre, La construction de la réalité sociale, qui corrobore cette même réflexion déjà en 1969 avec un de ses livres dont l'autorité est restée quasiment intacte en philosophie du langage, Les actes du langage, essai de philosophie du langage qui est d'une grande importance dans le contexte des fondements de la connaissance. Les concepts d'action et de sens sont au centre de la théorisation de Peter Berger. C'est « l'étude de la réalité au travers de processus cognitifs et pratiques, l'instituant comme réalité »313(*) chez Berger et Luckmann. « Ce qui anime d'un bout à l'autre l'ouvrage (la construction sociale de la réalité) est l'étude des processus cognitifs dynamiques par lesquels se produit et reproduit la vie sociale en fonction des interprétations et des connaissances socialement distribuées ».314(*) Ce sont des règles et des schèmes par lesquels la société est vécue, institutionnalisée, transmise et transformée. Le courant sociologique du constructivisme a pour pères fondateurs, Peter Berger et Thomas Luckmann et peut se comprendre « en une seule phrase lapidaire énonçant les fondements du constructionnisme sociologique (...): la société est une production humaine, la société est une réalité objective, l'homme est une production sociale et résumant en ces trois propositions en trois concepts : « extériorisation, objectivation, intériorisation ».315(*) Par rapport à John Searle ,Peter Berger et Thomas Luckmann pensent que l'expression - non exempte d'ambiguïté - de « construction sociale de la réalité » qui fait partie d'une discussion nourrie chez le premier , ne vise pas à nier l'existence d'une réalité objective première(tout au plus ,leur arrive-t-il d'affirmer qu'ils mettent cette question entre parenthèses- c'est -à - dire ,qu'ils ne l'abordent pas vraiment dans leur travail ) mais souligne le fait que le regard doit se centrer sur des règles et schèmes par lesquels la société est vécue ,institutionnalisée ,transmise et transformée ».316(*) John Searle développe aussi la question qui est mise entre parenthèses. * 312 Jürgen HABERMAS, Théorie de l'agir communicationnel, rationalité de l'agir et rationalisation de la société, Tome I, Fayard, 1987, p.92. * 313 Peter BERGER et Thomas LUCKMANN, op.cit., p.17. * 314 Ibidem, p.18. * 315 Blandine DESTREMAU, Agnès DEBOULET, François IRETON,op.cit., p. 56. * 316 Peter BERGER et Thomas LUCKMANN, op.cit., p.18. |
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