La problématique de la rénovation des sciences sociales africaines;lecture et reprise de la théorie searlienne de la construction de la réalité sociale( Télécharger le fichier original )par Barnabé Milala Lungala Katshiela Université de Kinshasa et université catholique de Louvain - Thèse de doctorat 2009 |
2.1. Approches conceptuelles2.1.1. Courants du constructivisme socialNous dirons d'emblée que l'expression générale de « construction sociale » qui s'étend à toutes les sciences humaines aujourd'hui, a dans ses variantes plusieurs usages. A propos Linda Rouleau nous renseigne que « la construction sociale ne doit pas être envisagée comme une théorie ni comme un courant de pensée homogène ».154(*) Il y a en effet plusieurs conceptions de constructivisme aujourd'hui, « le constructivisme peut en effet prendre des connotations très différentes, allant du constructivisme radical au constructivisme social de Gergen en passant par le constructivisme écologique de Steier et bien d'autres.155(*) D'ailleurs Ian Hacking, s'efforce de remettre de l'ordre nuancé dans le fracas des « constructions sociales, (...) allant de la folie ou du Japon jusqu'aux particules élémentaires ».156(*) La différence qu'il tente de démêler des termes comme constructionnisme, constructivisme, constitutionnalisme, etc. Son attitude globale, dans ce livre, est celle d'un sceptique à l'égard de la posture constructiviste social, quelque peu indisposé par l'usage incontrôlé du terme. Ian Hacking refuse dans la foulée le fait que le livre de John Searle intitulé La construction de la réalité sociale soit tout un livre de construction sociale.157(*) Searle lui-même utilise l'expression `construction de la réalité sociale' et non la `construction sociale de la réalité' comme chez Peter Berger et alii. En fait son étude est bien plus tentaculaire. Pour Linda Rouleau , constructionnisme et constructivisme sont deux termes généralement utilisés de manière interchangeable. Du point de vue de la reconstruction épistémologique, le terme « constructionnisme » suppose que l'unité d'analyse est l'interaction entre les individus ou les groupes, alors que le terme « constructivisme » suppose que l'on privilégie l'individu et sa capacité d'action ».158(*) Au demeurant le constructivisme social va à l'encontre de la conception objectiviste qui prétend aborder la réalité sociale de façon objective et neutre. Le constructivisme au contraire, soutient que le sujet « invente » la réalité qu'il croit découvrir. Les différentes approches et théories sont considérées comme autant de discours, de points de vue, posés sur la réalité sociale ».159(*)Le « constructionnisme social » comme approche succède à d'autres approches en sciences sociales. Dans cette étude nous utilisons le terme de constructivisme, parce qu'il est plus usité que les autres variantes dans la littérature. * 154 Linda ROULEAU, Théories des organisations : approches classiques, contemporaines et de l'avant-garde, Québec, Presses universitaire de Québec, 2007, p.163. * 155Philippe JONNAERT, Compétences et socioconstructivisme : un cadre théorique, troisième tirage, De Boeck, Bruxelles, 2006. * 156 Blandine DESTREMAU, Agnès DEBOULET, François IRETON, Dynamique de la pauvreté en Afrique du Nord et au Moyen -Orient, Khartala, 2004, p.63. * 157 Ian HACKING, Entre science et réalité sociale. La construction sociale de quoi ?, la découverte, 2001, Paris, p.27. * 158 Linda ROULEAU, op.cit., p.161. * 159 Henri DORVIL et Robert MAYER (Dir.), Problèmes sociaux, Théories et méthodologies, Presses de l'Université du Québec, Tome 1, Sainte-Foy, 2001, p.117. |
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