3.5. Théories interactionnistes
Les théories interactionnistes accordent la
prédominance à l'interaction entre facteurs internes et externes.
L'interaction peut s'opère par exemple entre deux théories ;
la théorie cognitive qui prône les activités mentales et la
théorie béhavioriste qui se base sur la relation entre les
comportements et ses conséquences. Intéressons-nous de ces deux
chercheurs psychologues : Robert Gagné et Albert Bandura.
A/Robert Gagné
En apprentissage Gagné affirme qu'il faut partir des
principes du conditionnement, dont celui du renforcement. Il définit
l'apprentissage comme un processus qui résulte d'une interaction entre
l'individu et son environnement. Pour qu'il y ait apprentissage, le changement
dans la performance est très important à observer. Selon la
théorie de Gagné, « l'apprentissage est
influencé par des événements internes (motivation) et
externes (rétroaction donnée par une personne externe,
l'enseignant) ». Autrement, l'apprentissage nécessite les deux
types de motivation : extrinsèque et intrinsèque.
Pour procéder à un apprentissage efficace,
Gagné utilise des hiérarchies qui consistent à
décrire les habiletés et leurs relations dans la
réalisation d'une tâche plus globale. Pour obtenir un
apprentissage signifiant, il faut un ensemble des préalables ;
c'est ainsi qu'apprendre résulte d'une séquence
d'événements où interviennent les récepteurs et le
registre sensoriel, la mémoire à court terme et à moyen
terme et les générateurs de réponses. Pour Gagné
l'acte d'apprendre est constitué de huit phases:
1. la motivation
2. l'appréhension
3. l'acquisition
4. la rétention
5. le rappel
6. la généralisation
7. la performance
8. la rétroaction (feed-back)
Il affirme que les événements externes
favorisent l'apprentissage tels que : l'activation de la motivation de
l'élève, informer des objectifs d'apprentissages, activer
l'attention, stimuler le rappel des connaissances antérieures, guider
l'apprenant. Certains enseignants appliquent cette théorie de
Gagné dans l'acte d'apprentissage scolaire.
B/Albert Bandura
Bien que la théorie de l'apprentissage social de
Bandura ne soit pas admise en milieu scolaire, elle peut servir dans toute
recherche concernant l'apprentissage. Elle a été utilisée
comme cadre de référence par exemple par Rolland Viau (1994) dans
son ouvrage « la motivation en contexte scolaire ». Sa
théorie cognitive social fait parti des théories
interactionnistes de l'apprentissage car elle reconnaît l'importance du
conditionnement classique et opérant et du traitement de l'information.
Dans sa théorie, il met l'accent sur les points suivant :
- les processus vicariants symboliques et
autorégulations dans le fonctionnement psychologique
- le renforcement et l'observation de comportements
- L'aspect cognitif.
Pour expliquer le processus d'apprentissage, Bandura utilise
un modèle de triangle. L'acquisition du nouveau comportement se fait en
interaction entre l'environnement et les caractéristiques de l'individu.
Pour lui, les individus ne réagissent pas tous de la même
manière face à un comportement. Dans la théorie de
Bandura, il insiste sur l'importance de l'observation. Le processus
d'essai/erreur n'est pas toujours important pour l'acquisition de nouvelles
connaissances. Pendant l'apprentissage par observation, les modèles de
pensée et d'action sont importants. Le renforcement est essentiel dans
sa théorie, plus il y a renforcement, la probabilité d'adoption
d'un nouveau comportement augmente. La motivation est très capitale dans
tout apprentissage. Bandura soutient que les médiats jouent un
rôle important dans le processus d'apprentissage car l'imitation
est proposée (soit à la TV, radio, livres, etc.)
Bandura, dans sa recherche, il affirme qu'on peut apprendre
par autorégulation et la perception d'efficacité personnelle.
Pour lui, l'apprentissage est constitué de quatre phases importantes:
a. Phase d'attention
b. Phase de rétention
c. Phase de reproduction
d. Phase de motivation
Au niveau de l'apprentissage, Bandura (1980) parle de
l'influence sociale dans la dynamique des apprentissages. Il propose un
modèle de « théorie sociale de
l'apprentissage » qui s'oppose aux théories
béhavioristes par le fait que le renforcement peut être
anticipé par les représentations mentales dans l'apprentissage.
C'est ce que Bandura appelle le renforcement symbolique qui dépend du
niveau de développement mental.
La première caractéristique de ce modèle
est basée sur l'influence mutuelle. Bandura affirme que
le sujet influence son environnement qui, en retour, l'influencera. Ce
modèle social essai d'expliquer le comportement humain en termes
d'interactions continues entre les déterminants cognitifs,
comportementaux et environnementaux. Le sujet et ses environnements sont tous
des déterminants réciproques l'un de l'autre.
La deuxième caractéristique consiste à
l'apprentissage indirect. Pour apprendre, le sujet peut tout
simplement observer les autres. C'est l'aptitude du sujet de réaliser un
apprentissage social indirect. Quand un élève constate qu'un
autre se fait toujours punir quand il arrive en retard en classe,
décide de ne pas tenter d'arriver en retard ! Donc Bandura affirme,
tout sujet dispose une capacité d'apprentissage par observation des
résultats des actions des autres.
La troisième caractéristique consiste à
la représentation symbolique. Bandura précise
que « l'être humain possède une certaine
flexibilité qui dépend de ce qu'il est, de ce qu'il fait, de ce
qu'il veut faire et de ce qu'il pense qu'il pourrait faire ». Dans ce
sens les pensées et les actions sont organisées par des
représentations que le sujet se donne de tout ce qui se fait dans son
univers.
La quatrième caractéristique consiste à
la perception qu'a un sujet sur son aptitude de réussir
et du rendement de ses interventions. Bandura insiste sur l'importance du
rôle joué par les perceptions d'un sujet sur la performance de ses
actions. L'apprentissage et les actions du sujet dépendent du jugement
qu'il porte sur ses aptitudes. Bandura affirme que la perception qu'a un sujet
sur sa capacité de réaliser une tâche donnée
influencera certainement les résultats de ses futurs comportements.
La cinquième caractéristique consiste à
l'autorégulation du sujet. Bandura montre que le sujet
possède la capacité de s'autoréguler. L'homme ne
dépend pas de son environnement et de ses instincts. Il est capable
d'agir en fonction de ses besoins et modifier ses actions en fonction des
résultats obtenus. L'homme a l'aptitude de réfléchir sur
ce qui se passe ; il est capable de s'observer, s'analyser et même
analyser comment il pense et modifier ses perceptions, ses actions. Bref,
l'homme sujet détient un certain contrôle sur sa propre
destinée. Mais l'apprentissage scolaire est un atout pour arriver
à l'autorégulation.
La sixième caractéristique consiste à
l'utilisation des modèles. Bandura mentionne que le
sujet apprend par mimétisme ou par imitation : il imite les autres.
Parfois, il choisit une personne comme modèle à imiter surtout
dans ses comportements. La différence entre l'apprentissage indirect et
l'apprentissage par modèle est dans la nuance suivante : en
apprentissage indirect, le sujet apprend en observant les résultats des
comportements d'un autre ; en apprentissage par modèle, il apprend
à partir des résultats de ses comportements. Pourquoi
l'apprenant n'imiterait-il pas son enseignant dans la pratique de la
motivation ?
|