CONCLUSION
Avec une histoire syndicale en grande partie
héritée de celle de la France métropolitaine, le
Sénégal a su se doter au fil des années d'un syndicalisme
fort et atypique, adapté aux circonstances locales. Cette marge de
progrès et de transcendance témoigne d'un renouveau syndical qui
s'identifie de plus en plus à ces travailleurs qui en sont la pierre
angulaire.
Malgré cet élan rénovateur, le
syndicalisme sénégalais est toujours resté conforme aux
normes et principes internationaux fixés par l'OIT. En effet, en ayant
ratifié les conventions qui posent les jalons de la protection de la
liberté syndicale et du droit à la négociation collective,
à savoir la convention n°98 sur le droit d'organisation et de
négociation collective et la convention n°87 sur la liberté
syndicale, la Sénégal a magnifier son adhésion à
l'effacement de la démocratie politique au profit de la
démocratie sociale.
Par le biais de ce cadre de dialogue et de concertation qu'est
la Négociation Collective, les acteurs du monde du travail ont
trouvé un moyen consensuel à même de garantir un climat
social apaisé et une tribune pour faire entendre leurs revendications
respectives.
A ce titre, la promotion de la négociation collective
internationale est l'une des principales missions de l'OIT. Elle lui a
été confiée en 1944 par la déclaration de
Philadelphie, intégrée dans la constitution de ladite
organisation.
En effet, aux termes de la résolution soumise à
la conférence internationale du travail en Juin 2002, le renforcement du
tripartisme de la négociation collective fait partie des objectifs
stratégiques de l'OIT.41
Dans un souci de se conformer aux principes, conventions et
recommandations de l'OIT sur la négociation collective, le
Sénégal s'est doté d'un arsenal juridique et
institutionnel sur la négociation collective en vue de pouvoir
régler les problèmes des travailleurs et des employeurs, mais
surtout à établir des rapports de confiance entre le Gouvernement
et les partenaires sociaux dans l'unique but d'avoir un climat social
apaisé.
41 · ·
Principes de la négociation collective applicables
à tous les peuples du monde( article 3.2 de la
convention N°154 sur la négociation collective, de
1981- Droit Syndical de l'OIT , Normes et Procédures BIT de 1996- pages
42 et 43.
En partant de la consécration de la liberté
d'association et de représentation syndicale par la constitution,
jusqu'aux conventions collectives interprofessionnelles en passant par le code
du travail et la récente charte nationale sur le dialogue social, la
négociation fait l'objet d'un encadrement et d'une protection stricte
par des textes de lois.
Dans cet ordre d'idées on peut affirmer sans ambages
que le Sénégal a un système de négociation
collective qui obéit aux normes internationales.
Avoir un système de négociation
constitutionnellement reconnu ne veut pas dire, néanmoins, que cette
dernière soit irréprochable.
En effet, la négociation tripartite au
Sénégal rencontre de nombreuses difficultés de mise en
oeuvre mais aussi de parachèvement.
Ayant vocation à prévoir un quelconque trouble
à la paix social, la tenue des concertations doit avoir une longueur
d'avance sur les agissements susceptibles de troubler cette paix afin de
prendre les mesures idoines qui s'imposent et de pallier rapidement aux
manquements, sources de perturbations.
C'est à ce niveau que le système de
négociation usité par le gouvernement sénégalais
pose problème.
Au plan organisationnel, tout comme au plan fonctionnel, la
négociation connaît de graves entorses. En effet, les structures
syndicales, qu'elles soient de travailleurs ou patronales, se heurtent à
des défaillances dans l'organisation de leurs syndicats mais aussi dans
la mise en oeuvre de leur programme de fonctionnement. Par rapport à
l'applicabilité des principes, l'avis des acteurs reste partagé.
Chez les responsables des syndicats du patronat par exemple, la liberté
syndicale est bien effective au Sénégal de même que le
dialogue social. Toutefois, pour ces acteurs le manque de formation
remarqué chez certains responsables des syndicats pose le
problème d'interlocuteur fiable pour une bonne négociation
collective.
Comme facteur exogène de blocage et non le moindre, la
crise économique mondiale est venu rendre plus difficile encore le
processus de négociation au Sénégal. Le secteur
privé étant le lieu privilégié des entreprises
autonomes, il se pose un problème de marché et de création
d'emploi, pire encore, les chefs d'entreprises de ce secteur,
communément appelés Patronat, en sont venu à
utilisé un moyen désespéré, à savoir le
licenciement de leur personnel car accusant des retards dans le paiement des
salaires. Comme moyen de riposte tout aussi désespéré, les
travailleurs ont fait de la grève leur maitre mot. Tout ceci à
manifestement contribué au statuquo qu'on remarque dans la
négociation collective.
Par conséquent, nous en sommes arrivé à
constaté des négociations qui s'éternisent dans le temps
sans pour autant débouché sur un quelconque résultat
favorable.
Un autre mal qui gangrène la situation de la
négociation collective est lié à la politisation de
certaines centrales syndicales. D'où une interférence des
idéologies politiques avec la défense de l'intérêt
général. Cela complique d'avantage le suivi dans les
concertations et remet surtout en cause la négociation de bonne foi.
C'est ce qui a fait dire à un inspecteur du travail,
siégeant au niveau du ministère du travail, tout le regret que
suscite la disparition de la participation responsable.
Il apparaît ainsi une nécessité de doter
la négociation collective de ressources tant qu'humaines que
matérielles à l'heure ou la coopération tripartite est
plus que jamais nécessaire.
Le Sénégal qui a ratifié les huit (08)
conventions fondamentales, bénéficie, dans le cadre de la
coopération technique avec le BIT, d'un Projet d'Appui à la Mise
en OEuvre de la Déclaration (PAMODEC). Saluons à cet
effet, la naissance de PAMODEC/SENEGAL, lancé officiellement le 07 Avril
2003 avec pour axe d'intervention principal dans sa première phase le
renforcement de la liberté syndicale et de la négociation
collective. Depuis cette date de lancement officiel, le projet totalise
à son actif (10) activités42.
Aussi, il est vrai que les acteurs devraient s'ouvrir beaucoup
plus aux médias. En effet, Les médias d'Etat (radio,
télévision, presse écrite) ainsi que les médias
privés devront être mobilisés non pas seulement comme moyen
de diffusion des messages mais comme partenaires direct du Projet PAMODEC.
En définitive, la négociation, pour qu'elle
puisse être rentable ne doit pas constituer un moyen de diversion pour
l'Etat, mais doit être un instrument de dialogue pour asseoir une paix
sociale durable.
42 Voir : Annexes
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