Paragraphe 2 : L'influence de la politique chez les
partenaires sociaux
Au Sénégal il s'est dégagé depuis
un certain temps une forte tendance à la manifestation par les syndicats
de leur appartenance politique. Et cela constitue, à bien des
égards, un frein à la négociation collective. Même
si en France cela a toujours été le cas, il reste qu'au
Sénégal l'impact sur la négociation n'est pas le
même.
En effet, vu sous l'angle de la liberté syndicale il
peut sembler incohérent qu'un syndicat se remarque à travers son
appartenance à un parti politique, si l'on sait que les politiques ne
doivent pas s'immiscer ni influencer de quelques manières que ce soit la
constitution ou l'organisation et le fonctionnement d'un syndicat. Cela est
d'autant plus difficile à concevoir si ça se passe dans le
secteur privé.
Cette politisation de certaines centrales syndicales
résulte de plusieurs situations qui méritent d'être
étudier.
A- Dans les associations Patronales
Cette influence de traduit par le constat fait d'un
favoritisme dont fait montre l'Etat dans l'exercice de son rôle d'arbitre
au profit du patronat.
Au delà des missions de défense des
intérêts des membres, les syndicats du patronat siègent
dans diverses institutions à la fois nationale et internationale. Ainsi
ses organisations, en tant qu'administrateurs dans plusieurs institutions du
pays, participent dans les instances de négociation et de
décisions au niveau de certaines institutions.
Cette politisation des syndicats du patronat a fait qu'on
constate une certaine iniquité dans les rapports de force entre le
mouvement des travailleurs et le patronat avec un arbitrage souvent favorable
de l'Etat au profit du patronat. Dans ce contexte les responsables des
organisations syndicales de travailleurs fustigent l'attitude de certains
29 Agence de Presse Sénégalaise (APS)-
DAKAR - 26 AOUT 2008, publié sur le web le 26 Aout 2008.
responsables d'entreprises qui ne prennent même pas la
peine de répondre aux convocations lorsqu'ils sont en situation de
conflit avec des travailleurs. A ce niveau, certains responsables pensent que
l'Etat ne joue pas pleinement son rôle30.
B- Dans les syndicats de travailleurs
Une des conséquences de l'immixtion du volet politique
dans l'organisation d'un syndicat ou d'une intersyndicale est la prise en
compte de l'intérêt commun dans la prise de décisions.
En effet, cela crée une situation d'émiettement
du mouvement syndical lorsqu'il s'agit de prendre des décisions. A ce
niveau des responsables fustigent l'attitude de leurs pairs qui sacrifient les
intérêts des travailleurs au profit de leurs partis politiques
respectifs. C'est le phénomène des mots d'ordre politiques qui
sont faits passés à travers les syndicats des travailleurs.
Cette influence dans la prise de décisions touche
sensiblement le secteur de la négociation collective. Des programmes
sectoriels de concertations avec les autorités gouvernementales sont
pour la plupart fonction de cette collaboration qui finit par prendre le dessus
sur les intérêts qu'ont en commun les travailleurs à la
base. Cela constitue en outre une entrave au principe de la négociation
de bonne foi et à celle de la négociation libre et volontaire.
C'est ainsi que des incohérences sont notés dans
l'élaboration des plates formes revendicatrices et des cahiers de
doléances. On note, en effet, depuis quelques années des
rencontres secrètes initiés par les autorités
gouvernementales avec certains dirigeants syndicaux la veille de la fête
du travail. Ce qui peut paraître louche et gravement entravant à
la liberté syndicale. Ce qui nous vaut sans doute des cahiers de
doléances à la limite impertinents.
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