IV.4 Questions à propos de la liquidité
Nombre des CDO et des titres adossés à des
crédits hypothécaires (mortgage backed securities)
élaborés sur mesure se caractérisent par leur
complexité, leur opacité et le profil spécialisé de
leur clientèle. En raison de ces caractéristiques, lorsque de
sérieux doutes sont apparus, à l'été 2007, sur les
performances de ces titres, la liquidité du marché s'est
asséchée. À la lumière de ces
événements préoccupants, certains économistes
avancent que les banques et autres entités financières devraient
être soumises à des exigences de liquidité. Cela, de
manière à ce que, lorsque certaines sont contraintes de vendre
des CDO en raison de la dégradation de la situation du marché,
d'autres soient en mesure de les acheter. Ce qui préviendrait les
problèmes de liquidité.
30 BARRY EICIENGREEN, Revue de la stabilité
financière- Banque de France -- février 2008
Ces observateurs suggèrent également d'utiliser
la réglementation pour empêcher des banques qui, comme Northern
RocK, possèdent des passifs liquides et des actifs illiquides, de
conserver un modèle de gestion aussi risqué. En bref, les
autorités devraient imposer à ces banques de conserver une partie
de leurs investissements sous la forme d'actifs liquides. Cette portion est,
bien entendu, définie en fonction de leur stratégie de
financement.
IV.5 Questions à propos des agences de notation
La crise des prêts des créances
hypothécaires « subprime » laisse penser que la
qualité de la prestation des agences de notation a été
sous-optimale. Elles n'ont pas dégradé les titres de
créances hypothécaires lorsque le marché de l'immobilier
résidentiel, et donc la valeur des obligations hypothécaires
(mortgage obligations) sous-jacentes, s'est
détérioré. Comme nous l'avons indiqué, Les conflits
d'intérêts face auxquels se retrouvent les agences constituent une
source réelle de problèmes.
Il serait possible de résoudre ce conflit
d'intérêts par une loi du type GlassSteagall (Banking Act
de 1933 aux États-Unis), interdisant ainsi aux agences de
proposer à la fois des prestations de conseil et de notation. Ce
problème d'optimisme généralisé des notes ayant
probablement été exacerbé par la nature oligopolistique du
secteur de la notation, le Congrès pourrait aussi chercher à
renforcer la concurrence. Et cela, en partant du principe que les meilleures
agences finiront avec le temps par évincer les moins performantes.
Le Credit Agency Reform Act -- loi de réforme des agences de
notation de crédit -- de 2006 (mise en oeuvre par la SEC en 2007) a pour
but de favoriser la concurrence en facilitant l'obtention du statut
préférentiel (preferred status) de la SEC par les
nouveaux entrants.
D'ailleurs, le 29 mai 2008, au terme de sa 33éme
conférence annuelle, l'Organisation Internationale des Commissions de
Valeurs (OICV) a adopté un « code de conduite » pour les
agences de notations. Elle a ainsi adopté une série de
recommandations visant à « traité le problème des
produits structurés » et aussi abordé
des sujets d'explication aux investisseurs et de transparence
sur la méthodologie et les changements de méthodologie, ainsi que
la gestion des conflits d'intérêts potentiels qui peuvent exister
avec les clients. Il leur est, en outre, demandé d'être un peu
plus critique dans l'analyse de la qualité de l'information qui leur est
donné31.
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