c). La notion de compétence
Sur le plan juridique, la compétence est une aptitude
légalement reconnue à une autorité publique de poser tel
ou tel acte dans des conditions déterminées. Elle découle
d'une connaissance approfondie qui confère le droit de juger, d'agir ou
de décider dans le domaine indiqué.
Sur le plan linguistique et didactique, et en
référence à la grammaire générative et
transformationnelle, la compétence est une virtualité de
l'actualisation, c'est-à-dire l'intégration ou
l'intériorisation de l'ensemble des règles d'une langue devant
permettre à l'usager de former et de comprendre un nombre
indéfini de phrases « grammaticales » ou
d'énoncés dans cette langue. Il s'agit, pensent Galisson et Coste
(1976 :105), de la « connaissance implicite qu'a de sa
langue un locuteur-auditeur». Par conséquent, l'actualisation
de la compétence linguistique est la performance qui se
concrétise par la parole ou par l'écriture. Plus simplement,
précisent-ils (1976 : 106),
la mise en oeuvre de la compétence linguistique
(quand des énoncés sont effectivement produits ou compris)
constitue la performance. La compétence est sous-jacente et
nécessaire à la performance, mais, n'est pas une théorie
de la production des énoncés. La distinction de Chomsky entre
« compétence » et
« performance », recouvre en grande partie celle de
Saussure entre « langue » et
« parole », puisqu'elles opposent toutes deux le
système à son actualisation, mais (...) Saussure, surtout
sensible au caractère social de la « langue »,
envisage celle-ci comme un dépôt chez chaque locuteur (...), alors
que pour Chomsky, la « compétence » est une notion
à la fois plus abstraite et plus dynamique puisqu'elle inclut la
créativité.
En tant que aptitude de créativité et de
mobilisation permanente de savoirs fiables et stables non seulement
linguistiques, mais aussi autres conférant une autorité certaine
dans un domaine donné, la compétence tel que conclut Perrenoud
(2000 :41), « est la mise en relation
pertinente de connaissances préalables et d'un problème
». Et à ce titre, il est important -
insiste-t-il - de bien noter que
toute compétence est fondamentalement liée
à une pratique sociale d'une certaine complexité. Non pas
à un geste précis, mais à l'ensemble des gestes, des
postures, des paroles inscrits dans la pratique qui leur donne sens et
continuité [...] Il est donc normal que toute compétence
largement reconnue évoque une pratique professionnelle instituée,
émergente ou virtuelle (2000 :44).
Alors, puisque la compétence est liée aux
pratiques sociales et comme la culture au sein de laquelle se situe le
phénomène linguistique est une donnée essentiellement
collective et sociale, il serait intéressant d'associer les deux termes
pour en mesurer la portée en contexte pédagogique ou
didactique.
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