CONCLUSION GENERALE
Cette étude avait pour but primordial de
répondre à la question principale suivante : la
compétence interculturelle de l'enseignant en classe de langue peut-elle
avoir un impact significatif sur son efficacité didactique ?
Autrement dit, l'enseignant compétent interculturel maîtrise-t-il
mieux la didactique des langues et transmet-il mieux les savoirs lors de
son enseignement que celui qui ne l'est pas ? Autrement dit encore, les
élèves du premier sont-ils plus performants que ceux du
second ?
Au terme des enquêtes menées dans les huit
départements de la province de l'Ouest du Cameroun, les deux
hypothèses de recherche formulées sur l'impact de la
compétence interculturelle respectivement sur la maîtrise de la
didactique théorique et l'efficacité en didactique pratique ont
été confirmées au moyen du test du khi-carré. Cette
confirmation implique par conséquent celle de l'hypothèse
générale à savoir que la compétence interculturelle
de l'enseignant a un impact significatif sur son efficacité didactique.
Pourtant et malgré la satisfaction du résultat
final obtenu, il faut dire que cette étude présente quelques
limites. C'est dans ce contexte qu'il faut relever que les enquêtes sur
le terrain auraient pu être menées sur une durée plus
importante. Il faut aussi relever que l'appréhension de la
compétence interculturelle a été limitée à
ses aspects essentiellement langagiers. De même, l'appréciation
des compétences langagières a été limitée
à l'exploitation d'extraits de textes provenant de trois oeuvres
littéraires seulement. Néanmoins et au-delà de ces
lacunes, ce travail de recherche ouvre de perspectives tout à fait
explorables pour l'étude du culturel d'abord, pour celle de
l'interculturel ensuite, et enfin pour l'exploitation des rapports qui peuvent
exister entre les premiers éléments cités et la didactique
des langues.
Ainsi, cette étude recherche les voies et moyens
pouvant permettre de saisir et de maîtriser la culture de plus en plus
métissée, « tigrée »
(Abdallah-Pretceille, 1996), multicolore de l'homme d'aujourd'hui afin
d'améliorer l'enseignement / apprentissage des langues d'une part et la
compréhension interculturelle d'autre part. Elle esquisse la
définition des pistes pouvant permettre une acquisition plus facile de
la compétence interculturelle parmi lesquelles la multiplication
d'espaces culturels que sont les bibliothèques et les centres culturels
afin d'encourager la lecture et les échanges, la formation des
enseignants à l'interculturel, l'arrimage des modes et méthodes
d'enseignement / apprentissage aux exigences de la mondialisation, mais aussi
et surtout leur ancrage des milieux d'enseignement/apprentissage à la
connaissance des données anthropologiques des cultures (d'origine).
Au-delà des suggestions opportunes faites pour la
formation des enseignants à l'interculturel, ce travail de recherche
propose une démarche pédagogique pour
l'enseignement/apprentissage des langues, démarche allant dans le sens
de la synthèse améliorée des points positifs de
l'approche communicative, des pédagogies et méthodologies
interculturelles d`Abdelwaheb-Allouche (1984), de Séoud (1997), de
Rittau (2001), de Mialaret (2001), de Marmoz (2001) et de la
sémio-didactique de Gourmelin-Berchoud (1996).
Enfin, cette étude voudrait faire de l'interculturel un
instrument au service de l'éducation en ceci qu'il permet à
l'individu de s'ouvrir au monde, de se frotter aux autres et de les comprendre,
de dialoguer avec eux, bref de cultiver la tolérance, la
compréhension intertribale, interethnique, interraciale et
internationale, toutes recherchées par les Nations Unies, pour un monde
de paix et de développement. Le rapport des Africains à leurs
langues maternelles comme à leurs cultures ne devrait plus être
perçue comme étant « une relation ambiguë,
teintée de culpabilité » et le rapport entre la
langue française et les langues africaines ne devrait plus être
perçu par les uns et les autres comme étant une relation de
« rivalité, au pire, de conflit, voire de volonté
de domination du français sur les langues nationales »
(Ntchamandé (2005 : 76-77).
Au total et pour que les langues africaines sortent du maquis,
on pourrait reprendre les conclusions du rapport final de la réunion des
Experts de l'UNESCO sur la définition d'une stratégie pour la
promotion des langues africaines lors de sa 22è session ordinaire
à Addis-Abeba en 1986. En effet, il en ressort que
« l'émancipation culturelle des peuples africains et
l'accélération de leur développement économique et
social ne seront possibles que si les langues africaines sont
effectivement utilisées ». Par conséquent,
l'enseignement / apprentissage de la langue française doit
permettre non seulement de maîtriser la norme linguistique standard, mais
aussi et surtout de comprendre les violations de cette norme, distorsions
liées aux interférences des cultures d'origine ou autres dans les
communications, afin que l'apprenant soit ancré dans sa culture et
devienne vrai citoyen du monde.
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