V.1.2. Interprétation des résultats de
l'hypothèse de recherche n°01
La lecture interprétative de
résultats obtenus au niveau de la première hypothèse ainsi
que sa confirmation sont assez éloquentes. La concordance entre les
croissances (courbes ascendantes) en effectif de la compétence
interculturelle et de la compétence en didactique théorique se
justifierait d'emblée par les exigences des besoins langagiers
(Richterich, 1985 :104). Ces besoins, parce qu'ils sont à la base
de tout échange linguistique et de toute communication pourraient
s'expliquer par les rapports que l'homme entretient avec la langue et partant
avec la culture, et donc par la socialisation à travers laquelle il
faut lire ou percevoir l'influence de l'un des deux facteurs que sont
l'hérédité et le milieu.
La concordance ci-dessus évoquée, en justifiant
« la nécessité de replacer l'apprentissage
individuel dans le contexte culturel global qui le renforce »
(Grawitz, 2001 : 220), s'établit en définitive sur les
exigences des théories situationnelles au
premier rang desquelles la théorie
behavioriste. En accord donc avec les besoins langagiers
identifiés pour une approche didactique systémique et
contrairement aux théories substantialistes qui
cherchent à connaître, expliquer ,
prévoir les conduites d'un individu dans chaque situation par rapport
à sa personnalité tout entière[...] personnalité
[...] composée d'éléments soumis à une
organisation,
les théories situationnelles stipulent (Allport,
1968) que « la personnalité est l'organisation dynamique
dans l'individu , des systèmes psychologiques qui déterminent ses
adaptations propres vis-à-vis du milieu » (Grawitz,
2001 :219).
Ainsi, la confirmation de l'hypothèse n°01
conforte les pédagogues et didacticiens dans l'adoption de l'approche
systémique dans leurs enseignements, car contrairement aux approches
langagière centrée sur les contenus, méthodologique
centrée sur les méthodes d'enseignement et l'enseignant,
psychologique centrée sur les processus d'apprentissage et l'apprenant,
sociopolitique centrée sur les institutions, l'approche
systémique est centrée sur les systèmes
d'enseignement/apprentissage et sur les interactions de leurs composantes
(Ritchterich, 1985 :12). Une telle conclusion permet de mieux
apprécier l'effet que la compétence interculturelle peut avoir
ou a sur les résultats de l'action didactique.
V.1.3. Compétence interculturelle et
efficacité en didactique pratique
L'hypothèse de recherche N°02 est la
suivante : Plus un enseignant est compétent sur le plan
interculturel, plus il est efficace sur le plan de la didactique pratique en
classe de langue.
L'hypothèse alternative N°02 est la
suivante : Il existe une relation significative entre la
compétence interculturelle de l'enseignant et son efficacité en
didactique pratique.
L'hypothèse nulle N°02 est la
suivante : Il n'existe pas de relation significative entre la
compétence interculturelle de l'enseignant et son efficacité en
didactique pratique.
La visualisation de ce rapport est faite dans le tableau de
synthèse ci-dessous.
Tableau N°15 : Relation entre la
compétence interculturelle de l'enseignant et son efficacité en
didactique pratique
Efficacité en didactique pratique
Compétence interculturelle
|
1. Efficacité insuffisante
|
2. Efficacité moyenne
|
3. Grande Efficacité
|
Total
|
1. Compétence insuffisante
|
38
76.0
|
07
14.0
|
05
10.0
|
50
100.0
|
2. Compétence moyenne
|
12
21.8
|
25
45.5
|
18
32.7
|
55
100.0
|
3. Grande compétence
|
07
11.7
|
18
30.0
|
35
58.3
|
60
100.0
|
Total
|
57
34.5
|
50
30.3
|
58
35.2
|
165
100.0
|
Sur les 50 sujets de l'échantillon qui ont une
compétence interculturelle insuffisante, 05 seulement, soit 10.0 % font
preuve d'une grande efficacité didactique, 07, soit 14.0 % en font
preuve d'une efficacité moyenne et le reste des 38 sujets soit 76.0 %
en font preuve d'une efficacité insuffisante.
Pour ce qui est des 55 sujets qui ont une compétence
interculturelle moyenne, les élèves de 12 soit 21.8 % ont de
mauvais résultats, les élèves de 25 soit 45.5 % ont
des résultats moyens alors que ceux de 18, soit 32.7 % en ont de bons
résultats. L'effectif des enseignants qui ont des élèves
aux résultats moyens correspond presque à la moyenne de
l'ensemble des sujets de cette catégorie.
Enfin, sur les 60 sujets qui ont une grande compétence
interculturelle, 07 sujets seulement, soit 11.7 % font montre d'une
efficacité didactique ou méthodologique insuffisante, 18, soit
30.0 % font preuve d'une efficacité moyenne tandis que 35, soit 58.3 %
font preuve d'une grande efficacité. Ainsi, plus la compétence
interculturelle est importante chez un enseignant, plus les résultats de
ses élèves croissent aussi. Mais pour être sûr que
cette relation ne relève pas du simple fait du hasard, il faut la
soumettre au test statistique du khi-carré.
Les données relatives au khi-carré de Pearson
affichées par le programme statistique dans le tableau n°15 sont
les suivantes :
X² calculé : 63.
35991
Ddl : 4
Seuil de signification : 0. 00000
X² lu : 15. 15
Au regard de ces résultats, on peut tirer les conclusions
suivantes :
X² calculé étant supérieur
à X² lu, l'hypothèse nulle est rejetée et
l'hypothèse alternative retenue, ce qui implique la confirmation de
l'hypothèse de recherche n°02 avec une marge d'erreur presque
insignifiante. Ainsi, plus un enseignant est compétent sur plan
interculturel, plus il l'est aussi sur le plan de la didactique pratique,
c'est-à-dire en ce qui concerne la transmission des connaissances en
classe de langue.
V.1.4. Interprétation des résultats de
l'hypothèse de recherche n°02
Au regard des données
compulsées par le programme statistique, toutes les trois
catégories qui constituent la distribution des sujets par rapport
à leur compétence interculturelle font preuve des trois
degrés d'efficacité didactique définis dès le
départ. Mais il faut néanmoins remarquer au terme des analyses
que le sens des courbes, essentiellement descendante en ce qui concerne
l'efficacité didactique des sujets qui ont une compétence
interculturelle insuffisante et essentiellement ascendante pour ceux qui ont
une grande compétence interculturelle, confirme encore mieux
l'hypothèse de recherche n°02.
Cette confirmation est révélatrice d'un
contexte d'enseignement/apprentissage où la culture malgré sa
diversité est unique et commune, d'un contexte où les
interlocuteurs se comprennent, d'un contexte où les utilisateurs de la
langue, « à leur façon, interrogent et
façonnent le monde au travers d'une exploration du langage dans toutes
ses dimensions et ses capacités » (Lucas et Beniamino,
2005 :50). La langue, objet d'apprentissage et outil d'enseignement,
devient le moyen par lequel les hommes et les peuples se réconcilient
avec eux-mêmes (Diop, 2005 : 93). Ancrée dans les terroirs,
la langue devient « le miroir des
réalités » (Wersey, 2005 : 81) et les mots
qui en sont les éléments constitutifs
« cristallisent un ensemble de réalités,
culturelles et/ou idéologiques. Ces mots reflètent, en effet, les
croyances et les convictions d'une communauté
linguistique » (Uwiringiyimana, 2005 :99). La confirmation
de l'hypothèse de recherche N°02 retrace les chemins ardus de
l'encrage situationnel de l'usage de la langue et partant des activités
d'enseignement/apprentissage.
En définitive, la confirmation des hypothèses
de recherche n°01 et n°02 entraîne celle de l'hypothèse
générale de l'étude autrement justifiée par ce que
Marmoz appelle à bon escient en recherche interculturelle
« un a priori
pédagogique, un désir de former et d'orienter,
en s'en donnant les moyens, dès qu'existe la mise en relation, et
l'envie d'action sur l'autre » (2001 :55). Ainsi,
la compétence interculturelle de l'enseignant a un effet
significatif sur l'efficacité de son action didactique. Telle
est la conclusion tirée en dernier ressort, conclusion qui devrait
sûrement avoir de multiples implications.
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