La dimension esthétique de la voix du chanteur de charme dans la musique congolaise electro-acoustique moderne( Télécharger le fichier original )par Issa ISSANTU TEMBE Faculté des Lettres et Sciences Humaines/Unikin - Licence 2001 |
0.1. PERCEPTION AUDITIVEGénéralement, à l'audition d'un signal sonore qu'il soit musical ou parlé, il y a enclenchement d'un mécanisme neurologique et physiologique. En ce qui concerne la cochlée, cet ensemble de vibrations stimule un organe qui est le récepteur sensoriel de l'ouïe, appelé l'organe de Corti. Avant que cette excitation n'atteigne le centre cérébro-spinal (centre nerveux) pour y être traitée, il faut que l'ensemble de trente mille fibres du nerf auditif soit excité à leur tour. Cette excitation n'est rien d'autre que le transport de l'influx nerveux vers le cerveau. Le nerf auditif ayant la capacité d'acheminer trois cents mille potentiels d'actions unitaires (correspondant au nombre total de sensations distinctes decryptibles par l'ouïe) Quand un auditeur ou un mélomane écoute la musique, la qualité d'agréable (le « charme » ou le « beau ») ou de désagréable se fait sentir au niveau des voies cochléo-corticales c'est à ce « stade que les stimulations auditives sons, voix parlée ou voix chantée se parent des qualités de charmant ou de désagréable, ceci, indépendamment de la prétendue consonance ou dissonance prise à la source » 16(*). Que l'on ne s'y trompe pas, le « laid », de même que la douleur, se transmettent au cerveau végétatif par l'intermédiaire du sympathique 17(*), « tandis que les états agréables conséquent à la séduction du charme y cheminent par voie parasympathique » (il s'agit d'une catégorie des nerfs qui se distinguent du sympathique). Quant à la question de savoir, comment traduire en indicateur la sensation de « bien-être » comme la fait savoir Raugel (F.) qui laisse entendre que le « chanteur de charme » est « celui qui procure au mélomane une joie très pure en lui faisant également éprouver la sensation de bien-être » 18(*), c'est une dimension qui fait régner beaucoup de présomptions sans laisser libre voie au risque de se tromper. « Le rôle du charme de la voix réside plus dans la demi-teinte que dans l'éclat (couleur) ; l'éclat d'ailleurs est d'autant mieux produit à l'instar voulu, qu'il a été plus discrètement ménagé et qu'il est plus rare » 19(*). Mais, une chose est vraie, de la Vieville de Fresneuve le dit : « une voix parfaite serait sonore, étendue, douce, nette, vive, flexible. Ces six qualités que la nature n'assemble qu'une fois en un siècle, se trouvent pour l'ordinaire partagé à moitié. Je réduis donc, poursuit-il, à trois choses le mérite d'un chanteur de charme : à la justesse, à l'expression, à la propreté », ce qui se résume à « chanter sur mesure » ; C'est, affirmait Mozart, « ce qu'il y a de plus difficile, la chose capitale dans la musique.» Celui qui écoute un tel chanteur de talent(qui chante sur mesure), l'aime parce que ce dernier caresse son inconscience et sa subconscience par les composantes matérielles de sa voix. Il utilise pour cela la phénomène de « re-connaissance » 20(*), qui fait que le tabernacle personnel des représentations entre en ébullition et ramène à la surface les uns des affects les plus rarement ressentis en des circonstances ordinaires et à l'écoute d'autres oeuvres musicales. C'est parce que cette voix sert d'élément de reconnaissance dans le répertoire de souvenirs. Une « voix de charme » pratique pour aussi dire une pêche dans les eaux calmes des souvenirs et en sort parfois des émotions rares. * 16 Edouard Garde, La voix, PUF, Paris, 1965, p, 88 * 17 Edouard Garde, op. cit., p. 38. * 18 Félix Raugel, Le chant choral, PUF, Paris, 1966, p. 132. * 19 Maurice Emmanuel, La voix du chant, Ed, Gallimard, Paris, 1958, p. 37. * 20 La « re-connaissance » évoquée ici est dite aussi « re-connaissance médiatée.» Selon Alex Gryspeerdt, c'est celle qui, par le biais des acteurs, met en jeu des organisations auxquelles ceux-ci appartiennent et les institutions qu'ils incarnent. |
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