La dimension esthétique de la voix du chanteur de charme dans la musique congolaise electro-acoustique moderne( Télécharger le fichier original )par Issa ISSANTU TEMBE Faculté des Lettres et Sciences Humaines/Unikin - Licence 2001 |
CHAPITRE PREMIER. LES CONCEPTS-CLES0 DEFINITION DES CONCEPTS1. La communicationDans ce travail, nous optons pour une définition de la communication qui se rapproche d'un échange des messages dont la finalité est la production des états affectifs donnant lieu à des représentations. Dans le cas de la chanson, le chanteur veut communiquer des sentiments à son public réel ou potentiel (21(*)) A son tour, le public se remémore (réactivation des états affectifs) à travers la « re-connaissance » Cette « re-connaissance » produit des représentations par métaphorisation ou métonymisation, en rapport avec des situations vécues antérieures ou présentes. 2. Le charmeSelon le « Micro-Robert de poche », le charme est un enchantement comme par une action magique. C'est la qualité de ce qui attire, qui plaît. C'est un agrément dû à une séduction ou à son mécanisme. Dans la chanson, le charme réside dans le pouvoir créateur de la voix et des sonorités qui l'accompagnent, des états affectifs dits « charmants » Cette capacité d'influence, a dit Mucchielli (A.), est une ressource qui serait inhérente à la nature de certaines personnes qui posséderaient une « force propre de conviction » ou un « charisme » La voix a ici un rôle relationnel qui amène le public auditeur dans un monde de rêve ou du romantisme. C'est ce qui fait entrer le « charmeur » dans l' « esthétique psychanalytique », grâce au pouvoir hypnotiseur reconnu à la voix qui, d'après François Roustang est constituée d'un ensemble d'éléments extralinguistiques inconscients. Cette perception freudienne 22(*) est ramenée dans les sciences de la communication grâce aux travaux de ce même François Roustang(Il faut noter que Freud a évacué l'hypnose de la psychanalyse, François Roustang l'a récupérée. C'est ce qui fait l'originalité de son travail) Le pouvoir hypnotique de la voix dite de « charme » rapproche la chanson du rêve, de l'acte manqué, du symptôme névrotique. La sublimation de la voix possède le pouvoir de satisfaire par substitution les désirs pulsionnels de celui qui écoute. Aussi, nous pouvons dire que le charme nous renvoie directement à la dimension esthétique, d'où, il faut en situer le rapport dans les lignes suivantes. 3. L'esthétiqueElle peut être entendue comme la science du beau dans la nature et dans l'art. Etymologiquement, ce mot provient du verbe grec « aisthanesthai » qui veut dire : sentir, percevoir. Ce verbe a produit l'adjectif « aisthêtikos » (qui se rapporte à la sensibilité). Le Philosophe allemand Gottlieb Baumgarten, auteur de « Réflexions sur la poésie », est le premier à avoir utilisé ce concept en 1758 par un de ses titres : « Aesthetika acroamatica ». Mais bien avant lui, Planton s'était aussi intéressé au « beau ». Il a pu voir dans l'expérience du « beau », l'envol de l'âme vers le bien. Ailleurs, d'autres penseurs comme ont vu dans la beauté un attribut de Dieu. Pour Saint-Augustin, les choses participent à la beauté [l'un des attributs de Dieu], et l'homme peut y accéder par la musique, qui se déploie dans le temps, mais « imite » un ailleurs hors-temps. La communion de par la médiation de l'oeuvre esthétique à l'univers du « beau » a comme rôle l'intermédiation des « charmes » pour l'accès à cet ailleurs « hors-temps » dans lequel l'homme retrouve cette communion d' « être aimé » avec lui-même et avec les autres qu'il ne peut atteindre dans le monde du temps conflictuel où il se débat avec les réalités du temps qui le limite. Hegel par contre institue déjà une science du « beau » artistique. Dans son système, l'Esthétique figure en tant que science du « beau » Quant à Kant, il assigne à l'art une fonction et au « beau », une place dans la hiérarchie des êtres. * 21 En ce qui concerne la musique électroacoustique, la chanson est gravée sur un support que le public utilise dans le besoin. Il se peut aussi que le son soit « enregistré en public » lors d'un spectacle. Mais ce dernier cas n'est pas retenu par nous dans ce travail. * 22 Sigmund Freud a introduit la théorie de l'inconscient à travers deux oeuvres magistrales « Délire et rêve dans la Gravida Jensen » (1907) et « un souvenir d'enfance de Léonard de Vinci » en 1910. Il a après écarté l'hypnose de la psychanalyse. Ce concept est repris par François Roustang et introduit en sciences de la communication. |
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