La dimension esthétique de la voix du chanteur de charme dans la musique congolaise electro-acoustique moderne( Télécharger le fichier original )par Issa ISSANTU TEMBE Faculté des Lettres et Sciences Humaines/Unikin - Licence 2001 |
HYPOTHESESelon nous, tel qu'un grand nombre de congolais la reconnaît, une « voix de charme » a un volume 5(*) et une couleur 6(*) spécifiques. Elle est petite et claire. Ces caractéristiques la particularisent et la rendent caressante et hypnotisante 7(*) Elle va jusqu'à exciter les sensations profondes de l'intérieur de l'être et place l'auditeur (public) dans un univers de rêve, celui du « paradis perdu que l'enfant retrouve sur le sein de sa mère » (Fonagy). Ceci relève plus du relationnel que du rationnel. La petitesse et la clarté de ces voix sont les faits de leur appartenance au deuxième ou au troisième registre d'après la classification de Raoul Husson 8(*). Les types de voix que les congolais jugent de charmantes sont soit des voix de fausset, soit des voix de tête. Elles se déploient toutes sous le couvert de : contralto (en sol 4), le mezzo (en si4) et le soprano (en ré5). A notre avis, le « charme » de ces voix est le fait d'une capacité individuelle du chanteur, doublée d'une prédisposition physiologique qui est en fait une « malformation favorable du dispositif phonatoire », triplée d'un charisme qui est une « force propre de conviction » (Alex Mucchielli) et des « qualités particulières d'expression » (J. Baechler). Ces prédispositions rendent ce chanteur capable de chanter dans une double gamme. Il chante dans une gamme déterminée et exécute des sorties sporadiques dans la gamme relative à la première. Rationnellement, le spectre vocal d'une « voix de charme » s'observe à l'analyseur de fréquence (disponible avec le logiciel « sound wave ») comme un « clocher », avec une fréquence avoisinant les trois mille hertz (3000Hz). Ce même analyseur de fréquence peut détecter les harmoniques que devrait afficher une voix petite et claire. On estime ces harmoniques à une bande de 2500-3200 cycles avec une chronaxie récurrentielle 9(*) varient entre 0,080 et 0,120. Un autre élément indicateur rationnel serait sans doute la pression. Etant donnée que ces voix appartiennent au deuxième ou au troisième registre, la pression (N) de celles-ci est très grande car elle se calcule par la formule :
(P est la chronaxie récurrentielle et les chiffres 2 ou 3 sont relatifs au deuxième ou au troisième registre). Enfin, ces voix de ces deux registres ont une pression d'excitabilité légèrement inférieure ou légèrement supérieure à 7,5 vibrations par seconde.
* 5 Lire les explications à la page 17 (notes). * 6 Lire les explications à la page 17 (notes). * 7 Cette particularité re-introduite en communication par François Roustang participe dans le processus d'influence et emballe le public comme par un coup de baguette magique. Le « charme » a ici un aspect magique et mystique. * 8 Raoul Husson, Le chant, PUF, coll. Que sais-je ?, Paris,1962, pp. 11 et 12 * 9 La durée que doit avoir une excitation électrique (dont l'intensité est le double de celle de rhéobase) pour provoquer une réaction d'un nerf ou d'un muscle. On appelle rhéobase : l'intensité minimale du courant électrique continu nécessaire pour obtenir une réponse d'une structure organique. |
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