Handicap psychique et insertion professionnelle, enjeux humains et institutionnels, un changement nécessaire( Télécharger le fichier original )par Nadine LE NUZ IRIS, Institut Régional en Intervention sociale - CAFERUIS 2008 |
1.4 Les usagersIl y a actuellement 107 personnes présentes à l'ESAT pour 96,5 équivalents temps plein dont 20 mi-temps. Le nombre important de personnes rentrant et sortant de l'effectif fait varier sensiblement le chiffre des effectifs. 62 hommes et 35 femmes âgés de 23 à 60 ans sont salariés à l'ESAT et 10 personnes sont actuellement en stage dont 7 hommes et 3 femmes. Les travailleurs perçoivent une Allocation Adulte Handicapée et/ou une Pension d'invalidité. Les compétences initiales sont variées, 2 personnes ont une maîtrise ou une formation de niveau égal à une école d'ingénieur, 7 ont un niveau BTS, DUT ou DEUG, 12 ont un niveau baccalauréat ou une première année de faculté, 47 ont un niveau d'études équivalent à un CAP, BEP, 24 n'ont pas dépassé la fin de la scolarité obligatoire et enfin 9 personnes ont un niveau scolaire impossible à définir. 25% des personnes accueillies n'ont aucune expérience professionnelle en milieu ordinaire, seules 5 d'entre elles ont une expérience supérieure à 10 ans. Les autres n'ont connu le milieu du travail que sur de courtes périodes, soit de 1 à 5 ans. Ce phénomène est attribué au fait que les maladies mentales dans leur grande majorité se déclarent entre 16 et 25 ans, soit au cours des études secondaires ou supérieures ce qui explique le faible taux de professionnalisation. « Les travailleurs sont rémunérés en fonction du travail effectué, de la motivation et de l'application apportées à ce travail ainsi qu'au comportement général »13(*). 15 travailleurs sont à 20 % du SMIC, 12 sont à 15 %, 30 sont à 12%, 21 sont à 9% et 13 à 5,5 %. Les personnes en détachement individuel perçoivent un salaire équivalent à 27 % du SMIC. 6 travailleurs sont en cours de changements de salaires dans le sens de la baisse ou celui de la hausse. Les réévaluations ont lieu une fois par an. Les stagiaires sont tous rémunérés à 5,5 % du SMIC. Les travailleurs handicapés sont majoritairement célibataires, sans enfants. 44 d'entre eux bénéficient d'une mesure de protection, tutelle ou curatelle. Une grande majorité des personnes sont autonomes au niveau du logement, les autres vivent en famille ou en foyer. Plus de la moitié des travailleurs ont un permis de conduire et/ou une voiture. Certains d'entre eux ont pour mission d'assurer la livraison du matériel soit à l'ESAT soit à l'entreprise commanditaire. Les deux tiers de cette population sont atteintes de psychose et plus particulièrement de schizophrénie, les autres, pour une faible part, ont des troubles de la personnalité, des déficiences auditives ou des séquelles de lésions cérébrales, des troubles obsessionnels compulsifs. C'est une population très hétérogène au niveau de l'âge, des compétences initiales et des problématiques. Tous les milieux sociaux sont représentés. Il y a une forte majorité d'hommes ce qui constitue une inversion du sexe de la population majoritairement féminine il y a une vingtaine d'années. Un article canadien vient corroborer ce constat "les hommes croient qu'ils sont moins susceptibles de souffrir d'une maladie mentale, mais les données prouvent le contraire. Au Canada, 80% des personnes qui se suicident sont des hommes"14(*). Une proportion importante de ces personnes prend des neuroleptiques pour stabiliser la maladie. Les usagers présents à l'ESAT sont en principe stabilisés mais les rechutes et les hospitalisations parfois sous contraintes restent fréquentes. Les troubles les plus fréquemment observés à l'ESAT La maladie et les médicaments ont des incidences sur l'hygiène de vie, sur l'assiduité, la ponctualité, l'hygiène corporelle, vestimentaire. Les usagers ont parfois des troubles du sommeil qui occasionnent des baisses de rythmes, des assoupissements. Ils ont des difficultés à prendre des initiatives, des décisions. Au niveau du geste professionnel, il est remarqué des lenteurs d'exécution, des maladresses qui abaissent leur rendement voire les rendent improductifs. Les personnes ont une moindre endurance, ils sont plus fatigables que la norme. Les médicaments engendrent parfois des tremblements, des troubles de la coordination qui empêchent le geste ou le ralentissent. Tous ces phénomènes physiques, psychiques ou cognitifs ont une incidence grave sur l'identité de la personne qui ne se reconnaît pas dans cet être maladroit, hypovigilant et en perte de ressources au niveau du savoir et du savoir faire. Cela génère un manque de confiance en soi, une sous-estimation des compétences qui conduit petit à petit à une dévalorisation de soi et à un repli en soi. La maladie mentale peut être aussi à l'origine de peurs, d'angoisses, de phobies qui coupent de la relation à l'autre et rendent la personne vulnérable dans toutes les situations où le contact social ne peut être évité, comme les transports en commun pour se rendre à l'ESAT, la restauration collective, le travail dans l'atelier. Bien entendu une seule personne ne devra pas faire face à tous ces problèmes, de plus les caractéristiques personnelles, culturelles, sociales et professionnelles subsistent malgré la maladie. * 13 Projet d'établissement * 14 In http:// www.canadian-health-network, article rédigé par Nora Underwood, octobre 2005 |
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