B. L'impact économique du
micro-crédit
66. - Deux points essentiels.
S'agissant ensuite de l'impact économique du
micro-crédit, deux points essentiels sont évoqués :
l'impact sur la création d'emploi, l'impact sur les revenus et, par
conséquent, sur la consommation et sur la réduction de la
pauvreté.
1. La création d'emplois
67. - L'impact significatif sur emplois.
La place importante du secteur informel et la montée du
chômage grandissant constituent des facteurs en faveur du
développement du micro-crédit. Tout d'abord, il faut
reconnaître qu'il existe en marge de l'économie « classique
», une économie souterraine composée d'une multitude de
petites activités informelles génératrices de revenus. En
effet, cette économie informelle a été créée
en majeure partie à cause du poids excessif des charges qui
pèsent sur les entreprises aussi bien quant à leur
création que durant leur existence. Ainsi, plutôt que de
créer légalement une activité et ne pas réussir
à générer des revenus convenables pour vivre, certains
préfèrent la clandestinité, ce qui ne facilite jamais les
études d'évaluation. Cette tendance
empêchait la création de nombreux emplois. Pour
favoriser la croissance, il serait important d'intégrer ces
activités dans l'économie afin de leur permettre de se
développer. Pour cela en dehors du micro-crédit, des mesures
fiscales encourageantes, l'exonération sociale pendant un certain temps,
sont indispensables. Ensuite, un autre facteur en faveur du micro-crédit
est celui du problème du chômage et de l'exclusion qui ne cesse
pas d'augmenter. En France, 5 millions de personnes sont concernées. En
2004, il y avait en France 1 084 060 allocataires du RMI, contre 998 845 fin
2003119. Ces chiffres sont importants car ils sont liés
à la croissance économique de la France. Ces chômeurs sont
à l'origine de la création de plus de 30 % des petites
entreprises. De cette constatation, l'évaluation de l'impact du
micro-crédit sur l'emploi est une tâche considérable. Les
programmes du micro-crédit sont considérés comme bien
souvent un moyen de contribuer à la réduction des
pauvretés au moyen de la création des activités
génératrices de revenus. L'impact de micro-crédit sur
l'emploi n'est donc pas négligeable. Il contribue aussi bien à la
création des emplois indépendants que des emplois
salariés. Les institutions de microcrédit qui traitent
essentiellement avec des petites et micro-entreprises, sont des sources
d'emplois, soit en permettant de rémunérer une main-d'oeuvre
familiale jusqu'alors nonpayés, soit en offrant un salaire à
leurs employés. Même s'il contribue à la création
d'une faible portion d'emplois, une multiplication des emplois
créés à l'aide de micro-crédits fait que l'impact
du micro-crédit sur l'emploi est quand même significatif. Plus de
30% d'entreprises créées dans tous les domaines confondus sont le
fait de chômeurs ou titulaires des minima sociaux. Madame Maria NOWAK a
affirmé que « l'ADIE finance et accompagne 6 000 chômeurs par
an, dans la création de leur entreprise et ce nombre croit tout les ans.
Le financement de près de 25 000 entreprises nous permet de tirer des
enseignements significatifs pour le développement du micro-crédit
dans les pays industriels120 ». En 2006121, 7570
micro-crédits ont été attribués, ce qui permet de
créer 6508 nouvelles entreprises et 7810 emplois. Il y a une croissance
de l'activité de l'ADIE de 12.3 % entre 2005 et 2006. Ainsi, la lutte
contre le chômage et la tendance en faveur de la création
d'entreprise sont intimement liés, c'est pourquoi la demande de
micro-crédit dans ce domaine est très forte. Pour Monsieur Romano
Prodi « l'attribution de micro-prêts aux chômeurs et aux
marginaux peut en faire des acteurs économiquement
indépendants,
119 Ces chiffres proviennent d'un rapport intitulé
« le micro-crédit dans le monde : un outil financier au service de
la lutte contre la pauvreté », émis par l'ADIE pendant la
semaine du micro-crédit qui s'est tenue en France du 28 mars au 01 avril
2006.
120 . Maria NOWAK, On ne prête pas (que) aux riches,
préc., p. 150.
121 Ces chiffres sont extraits d'un communiqué de presse
de l'ADIE du 26 janvier 2007.
capables de participer pleinement à une
société plus cohésive122 ». Au
Cambodge, en raison de l'ampleur des activités informelles dans les
zones rurales, il est difficile de donner des chiffres concrets. En plus, dans
ce pays, les chercheurs et acteurs s'accordent sur le fait que l'impact
économique induit par les structures de micro-crédit est un
micro-impact, tant au niveau de la communauté que de l'individu. Mais
cela ne signifie pas échec économique. Le micro-crédit a
permis à un bon nombre de bénéficiaires d'entreprendre ou
d'accroître leurs activités productives ou commerciales, et
indirectement leur bénéfices, mais cet accroissement reste faible
pour deux raisons. La première tient au fait que le montant du
crédit est faible et ne permet pas l'entreprise d'activités
capitalistiques à grande échelle. La seconde résulte d'une
simple constatation: le surplus dégagé de l'activité
financé par le micro-crédit, après remboursement, est
rarement réinvesti dans l'activité. Il est souvent alloué
principalement à la consommation, ainsi que dans une moindre mesure au
désendettement et à l'épargne par exemple sous forme
animale.
68. - Le micro-crédit et le
développement local. La création de nouveaux emplois
stimule également le développement local et allège le
fardeau de l'Etat qui doit prendre en charge ces démunis. On pourrait
difficilement imaginer l'impact du micro-crédit sur le
développement local en raison de difficulté de chiffrer
précisément les résultats obtenus. Toutefois, il est
évident qu'au Cambodge le développement local fait partie de
l'effet positif du micro-crédit. Le micro-crédit permet de
financer et de développer les activités de l'économie
locale, comme la transformation des produits agricole, la vente de produits
alimentaires, la réparation et la location des matériels, le
tourisme, les prestations de services. Ces transformations créent des
emplois nouveaux et différents tant pour les emprunteurs que pour les
autres membres de la communauté. L'achat des biens fabriqués
localement peut avoir des retombées positives sur la communauté,
surtout s'il se substitue à des biens importés. Cependant, il ne
faut pas surestimer cet aspect positif. Il améliore non seulement la
qualité de vie des populations mais il provoque également un
effet multiplicateur pour l'achat de matériaux locaux et l'utilisation
de la main d'oeuvre locale. Il rend donc possible le développement des
infrastructures locales. Le gouvernement a amélioré ce
développement pour faciliter des activités des opérateurs
du micro-crédit et améliorer les conditions de vie des habitants.
Cela constitue l'une des stratégies du gouvernement qui encourage le
développement du micro-crédit123.
122 Discours prononcé pendant la Conférence
Européenne sur le Microcrédit du 22 septembre 2004.
123 . National Bank of Cambodia, The micro finance in Cambodia,
2006.
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