Chapitre II : Les impacts du micro-crédit
62. - Le contenu du chapitre. Le
développement rapide du micro-crédit partout dans le monde est un
reflet des impacts positifs de cette nouvelle conception d'octroi de
crédit. Toutefois, les études sur les analyses des impacts du
micro-crédit restent relativement peu nombreuses. Dans ce cadre, ces
études qui visent à mesurer les impacts du micro-crédit
sont réalisées soit à la demande d'organismes de
financement, soit dans le cadre des études universitaires, ou encore
dans le but de mieux cibler l'utilité du micro-crédit. Il
n'existe pas encore d'étude globale. Malgré des
difficultés qui peuvent apparaître en raison de la
fongibilité des crédits, et des divergences de
méthodologies117, les résultats obtenus permettent de
montrer les effets positifs des programmes du micro-crédit. Les
impacts
socio-économiques et financiers (Section I)
du micro-crédit ont été mis en évidence.
Toutefois, un chercheur affirme que les espoirs qu'on fonde sur le
micro-crédit sont excessifs118. En raison de la
fongibilité de l'argent, si le micro-crédit permet non plus la
création d'une micro-entreprise, mais de faire face à des besoins
de consommation, un
débat sur l'impact de celui-ci sur le surendettement
des particuliers (Section II) peut être envisagé
du fait que les bénéficiaires de ce nouveau produit sont, par
hypothèse, financièrement modestes. L'apparition du
micro-crédit social en France alimente fortement ce débat. En
plus, il faut remarquer que certaines études montrent que le
micro-crédit ne contribue pas réellement à la
réalisation des objectifs fixés.
Section I : Les impacts socio-économiques et
financiers
63. - Distinction entre les impacts économiques
et financiers et les impacts sociaux. Le succès du
micro-crédit en France peut paraître curieux dans la mesure
où ce pays est un des
117 . Sur ce point, nous préférons ne pas nous
prononcer puisqu'il s'agit d'une question purement économique.
Cependant, nous pouvons citer brièvement les indicateurs utilisés
à cet effet. Pour mesurer ces effets, on emploie différents
indicateurs. Le plus couramment utilisé est la variation du revenu des
ménages emprunteurs. Les autres indicateurs importants sont les
variations des actifs, de la valeur nette du patrimoine et de travail
employé. Les raisons pour lesquelles on a retenu ces indicateurs sont
évidentes : objectif essentiel du micro-crédit est d'aider les
gens à échapper à la pauvreté par la
création d'emploi, des activités génératrices de
revenus. Un autre indicateur couramment utilisé est la consommation des
ménages qui est lié étroitement avec les revenus. Enfin,
on mesure aussi des indicateurs du degré d'autonomisation des femmes.
118 . Isabelle GUERIN, « Microfinance : des risques et des
potentialités », in La microfinance n 'est plus une utopie !,
préc., p. 156.
pays développés et industrialisés. Il
faut rappeler que le micro-crédit est importé en France dans un
contexte différent de celui du Cambodge. De manière
générale, on pourrait dire que le micro-crédit n'a pas
exactement la même finalité dans ces deux pays. Au Cambodge, comme
dans les pays du Sud, le but du micro-crédit est de sortir les paysans
de la misère et de la pauvreté. Tandis qu'en France, comme dans
les pays développés, il vise un public spécifique qui ne
représente pas la majorité de la population. Il a surtout pour
vocation de permettre à ces personnes, les chômeurs et les
Rmistes, de créer leur entreprise, ce qui permet de relancer l'emploi
afin d'améliorer l'économie. En plus, en fonction de la
méthodologie du crédit utilisée, le micro-crédit
produit des impacts sociaux non négligeables. L'aspect économique
et financier (§1) des impacts du micro-crédit doit
donc être traité différemment de ses impacts sociaux
(§ 2).
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