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Les défis du droit international de l'environnement

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par Brice Severin PONGUI
Université de Limoges - Master 2 2006
  

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Paragraphe 2 : Améliorer la gouvernance mondiale environnementale

Cette réforme de la gouvernance mondiale environnementale peut être vue sous deux angles d'inégale ouverture : ou bien un renforcement des capacités du Programme des Nations Unies ou bien la mise en place d'une organisation mondiale de l'environnement dont la création a déjà été proposée par la France(*53).

(53)- Depuis l'année 2000, la France a la particularité d'être, sur la scène internationale, l'Etat le plus fervent partisan de l'OME. Le milieu politique a d'abord lancé l'idée.Puis une campagne nationale, actuellement en cours, pousse les autorités à des avancées significatives.La tonalité utilisée par le Président Chirac pour déclarer l'opportunité d'une Organisation mondiale de l'environnement est résolument alarmiste.Dans son discours devant l'Assemblée plénière du Sommet mondial du développement durable, a Johannesburg, le lundi 2 septembre 2002,il déclare : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs.(...)La terre et l'humanité sont en péril et nous en sommes tous responsables.(...)Il est temps de reconnaître qu'existent des biens publics mondiaux et que nous devons les gérer ensemble.Il est temps d'affirmer et de faire prévaloir un intérêt supérieur de l'humanité , qui dépasse à l'évidence l'intérêt de chacun des pays qui la compose.(...)Pour mieux gérer l'environnement, pour faire respecter les principes de Rio, nous avons besoin d'une organisation mondiale de l'environnement. »Après la déclaration du Chancelier Kohl en faveur de l'Organisation mondiale de l'environnement au G7 de Denver en 1997, c'est le Premier ministre Jospin qui le premier se déclare favorable à cette institution, en avril 2000.Sous l'impulsion de la ministre de l'environnement Dominique Voynet, la France profit de la présidence de l'Union européenne au second semestre 2000 pour relancer l'idée d'une Organisation mondiale de l'environnement.

Elle pourrait être la gardienne du respect des normes environnementales et la coordination des politiques de recherche dans le domaine des énergies renouvelables et des techniques de recyclage des déchets.

Quel que soit l'aspect qui prévaudra, le droit international de l'environnement prospectif ne sera pas exonéré d'un autre effort de création institutionnelle, commandé par la mise en oeuvre du développement durable.

A- Action à court terme : renforcement du PNUE

L'avantage que présenterait un tel réaménagement structurel n'implique pas la création d'une autre Organisation mondiale de l'environnement. IL s'agirait donc d'une réforme du fonctionnement du Programme des Nations Unies pour l'Environnement, de façon à le rendre plus opérationnel et plus efficace.

C'est le premier défi à relever à court terme par le droit international de l'environnement prospectif. Pour rappel, le Programme des Nations Unies pour l'environnement a été crée dans un contexte particulier, c'est-à-dire à un moment où la protection de l'environnement était considérée comme une contrainte. Pour apaiser à la fois les pays industrialisés et les pays en développement(*54), parti fut pris de doter l'Organisation des Nations Unies d'une institution hiérarchiquement faible, sans compétence environnementale propre et au budget très réduit.

Toutefois, tout en dénonçant la faiblesse du Programme des Nations Unies pour l'Environnement, on peut lui porter un réel attachement. Certes, les critiques à l'égard du PNUE sont sévères, rien ne peut pour l'instant le remplacer, surtout si l'on réussit à réorganiser cette institution vieille de plus de trente ans, née aux premières heures de l'ère écologique (*55).Il ne saurait être question de s'en défaire même si ses insuffisances actuelles devaient inspirer le découragement. Il faut le maintenir, le fortifier, l'adapter aux conditions nouvelles des relations internationales pour lui conférer une plus grande efficacité, à condition d'augmenter son budget, jugé trop mince(*56) par rapport aux problèmes environnementaux mondiaux.

Par ailleurs, le renforcement du PNUE passe aussi la révision de son mandat.Il n'est pas en effet normal que le mandat du PNUE soit réduit jusqu'à ce jour en ce sens qu'il est dépourvu de compétence propre ou verticale comme c'est le cas pour l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ou l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Il n'est pas aussi normal que la fonction du PNUE soit réduite à catalyser et à aiguillonner les activités déjà existantes au sein de la douzaine d'institutions de l'ONU ayant des compétences environnementales.

(54)- Voir à cet effet A new global Environmental organisation, Karen Tyler Farr : Georgia journal of international Law issue 28,1999-2000.

(55)- Il est fait allusion ici à la période jadis où la communauté internationale avait pris conscience des dangers qui menaçaient l'environnement dans la deuxième moitié des années 1960.Dès la fin de cette décennie, plusieurs textes consacrés aux problèmes de pollution ont été adoptés par des organisations internationales et l'Assemblée générale de l'Organisation des Nations Unies avait décidé alors de convoquer une conférence mondiale sur l'environnement. Cette dernière s'était réunie en juin 1972 à Stockholm et a adopté une Déclaration proclamant les grands principes devant être appliqués dans ce domaine.

(56)- Le budget annuel moyen du PNUE était en 1998 à 100 millions de dollars américains, à comparer aux 28 milliards de dollars de la Banque mondiale. Depuis, cet écart n'a pas vraiment été corrigé. Dans ces conditions, que peut vraiment faire le PNUE lorsqu'il est même incapable d'entretenir son siège de Nairobi ?

Certes, le Programme des Nations Unies pour l'environnement a joué un rôle non négligeable en prenant des initiatives ayant abouti à l'élaboration de nombreuses conventions internationales et régionales, un bilan amer a été dressé en 2001 par son Directeur exécutif, Klaus Topfer, dans son rapport sur la gouvernance mondiale de l'environnement : « La multiplication des institutions, des problèmes et des accords relatifs à l'environnement met les systèmes actuels et notre aptitude à les gérer à rude épreuve. L'accroissement continuelle du nombre des organes internationaux en matière d'environnement comporte le risque d'une réduction de la participation des Etats du fait que leurs capacités sont limitées alors que la charge de travail augmente, et rend nécessaire l'instauration ou le renforcement de synergies entre tous ces organes »(57).

Le défi pour le droit international de l'environnement prospectif d'améliorer la gouvernance mondiale en matière d'environnement peut aussi à moyen sinon à long terme aboutir à une teansformation plus radicale nécessite la révision partielle de la Charte des Nation unies et la création d'une Organisation mondiale de l'environnement.

B Action à moyen et à long terme : la révision de la Charte des Nations Unies et la

création d'une Organisation mondiale de l'environnement

D'abord, l'idée que présenterait la révision de la Charte présente l'avantage selon lequel, un tel réaménagement structurel n'implique pas une modification de la Charte.Il s'agira pour la communauté internationale d'inscrire dans la Charte des Nations Unies parmi les buts de cette organisation, de manière claire et précise, la protection de l'environnement mondial. A partir de là, on pourra à terme aboutir à la création de l'OME.

En matière d'environnement, il est parfaitement clair que le vide institutionnel n'a pas été comblé par le seul fait de la création du Programme des Nations Unies pour l'environnement. Dans le cadre d'un système rénové, destiné à servir de base structurelle au développement durable, des objectifs plus importants et plus précis doivent être assignés à une institution internationale chargée de protéger l'environnement mondial. Parmi ces objectifs, figure la nécessité de s'adapter aux réalités nouvelles, ce qui exclut toute possibilité de créer une organisation à l'image de celles crées dans la précipitation et dans le compromis. En effet, dans un monde en mutation qui est un défi constant, l'évolution des institutions est nécessaire pour répondre efficacement à des besoins nouveaux et à des circonstances différentes.

A la « dictature » traditionnelle doit succéder une véritable démocratisation de la future organisation internationale (les programmes du PNUE sont financés sur la base de contributions volontaires des Etats membres .Les pays riches contrôlent ainsi l'organisation comme le cas d'ailleurs pour tout le systèmes des Nations Unies).

Si l'on pense à la création de l'OME, l'objectif démocratique commande une égalité dans la participation à la prise de décision, à travers deux aspects : la composition des organes et le système de vote. Il conviendrait de corriger le déséquilibre actuel qui s'exprime dans la représentation privilégiée des pays industrialisés, lesquels ne respectent pas souvent le droit international de l'environnement en vigueur. Or la création d'une Organisation mondiale de l'environnement n'a de signification que si elle sert la promotion d'un développement durable, donc l'application du droit international de l'environnement. Il ne faut pas s'y tromper.

(57)- Rapport du Directeur exécutif du PNUE sur la gouvernance internationale en matière d'environnement, avril 2001.

Le développement durable exige des institutions qui serviront sinon à éviter, du moins à tempérer la dégradation de l'environnement mondiale devenue irréversible. L'organisation nouvelle doit donc se consacrer aux problèmes environnementaux en leur trouvant des solutions et non en les perpétuant. Dans cet ordre d'idées, la future organisation doit faire de la gouvernance en matière d'environnement non pas seulement une affaire des Etats riches, mais aussi favoriser la participation des pays pauvres d'une part, de la société civile internationale. En effet, les pays en voie de développement sont largement marginalisés des instances de décision en matière d'environnement. Nous donnions l'exemple du Programme des Nations Unies pour l'environnement : les fonds attribués à cet organe étant essentiellement affectés à des programmes, les pays pauvres qui ne peuvent contribuer perdent tout contrôle sur ces programmes. De même, comme le note Pierre Calame, dans les négociations internationales, seul l'agenda des pays riches est pris en compte de façon effective, les pays pauvres se réfugiant dans des délibérations sans portée réelle : «  Quand le président américain, lors du Sommet de la Terre en 1992, avait annoncé que le mode de vie américain n'était pas négociable,il renvoyait la négociation au néant. Tant que ce qu'il est acceptable ou non de négocier est fixé par les seuls pays riches (par exemple, la circulation des biens oui, la circulation des personnes non, les modalités de développement des pays pauvres oui, la remise en cause du mode de vie des pays riches, non, les permis négociables pour les émissions de gaz carbonique oui, la propriété des ressources naturelles non,etc.), la gouvernance mondiale et les contraintes qui en découlent ne seront acceptées par tous les autres que du bout des lèvres »(58).

Il faut non seulement remédier à ces problèmes d'organisation, mais aussi à ménager un espace d'expression aux pays en voie de développement.

La participation de la société civile internationale devient aussi une nécessité de plus en plus pressante. Selon le Secrétaire général(*59) de l'ONU, le « Global policy network » est « le partenariat le plus promoteur à l'âge de la mondialisation ».En effet, au niveau de la gouvernance mondiale environnementale, la démocratie représentative à démontrer ses limites, notamment à cause d'un retrait du politique devant les forces du marché et d'un manque de transparence .Est-il normal, par exemple, que la question du traitement du SIDA dans les pays pauvres par les médicaments génériques ait été négociée à l'OMC, en fonction d'une logique purement marchande ( c'est-à-dire sous la pression des lobbies pharmaceutiques) ? La recherche des solutions à la protection de l'environnement ne peut plus être l'affaire exclusive des Etats. Les citoyens , les ONG et les collectivités territoriales doivent également être entendus au sein d'une institution telle que l'Organisation mondiale de l'environnement .La légitimité et la transparence sont à ce prix .En cela, l'OME doit être un nouveau modèle d'institution internationale promoteur de la démocratie participative(*60).

(58)- Extrait de Refonder la gouvernance mondiale pour faire face aux défis du 21eme siècle. Cahier de propositions coordonné par Pierre Calame, Fondation pour le progrès de l'homme, 2001.

(59)- Il s'agit ici de Kofi Annan, l'ancien Secrétaire de l'ONU

(60)-Pour plus de détails et de précisions sur la question de la création d'une Organisation mondiale de l'environnement, consulter le site Internet de l'Association Agir pour l'environnement, une association très engagée pour la campagne de mobilisation en faveur de la création de cette organisation : WWW.agirpourlenvironnement.org.

Démocratique, l'organisation nouvelle doit être également efficace. Tous les Etats s'accordent à reconnaître le peu d'efficacité du Programme des Nations Unies pour l'environnement. Ses objectifs seraient atteints s'il avait un budget important, stable et important. La nouvelle organisation mondiale de l'environnement donc bénéficier d'une efficacité technique et budgétaire pour faire face aux défis environnementaux. Car, le bon fonctionnement de l'organisation dépendra des moyens dont elle pourra disposer, eux-mêmes commandés par le statut juridique qu'on lui reconnaîtra par le droit international de l'environnement. Elle doit aussi jouer le rôle négociateur, afin qu'elle puisse devenir un instrument de négociation efficace des Nations Unies dans le domaine de l'environnement et du développement durable. Les avantages d'une telle transformation paraissent aujourd'hui plus évidents que jamais. Disposant de compétences propres et de pouvoirs accrus, la nouvelle organisation jouerait un rôle plus décisif dans la protection de l'environnement. D'autre part, les négociations en matière d'environnement gagneraient en efficacité à se dérouler dans un cadre plus appropriée. Or, jusqu'ici, le Programme des Nations Unies pour l'environnement est un programme subsidiaire de l'Assemblée générale des Nations Unies. Il présente son rapport par le biais du Conseil économique et social, qui transmet les observations qu'il juge nécessaires à l'Assemblée générale. Sa voix est donc reléguée au second plan. Cette tutelle du Conseil économique et social sur le PNUE témoigne d'un refus de lui conférer une place trop centrale dans la gouvernance mondiale de l'environnement. Pour preuve, après 1992, l'émergence du concept du développement durable a théorisé la nécessité de l'intégration des réoccupations environnementales dans l'ensemble des institutions internationales tout en promouvant la coopération environnementale horizontale. Cependant, comme l'écrivent Sandrine Maljean-Dubois et Rostand Medhi, « la coopération horizontale demeure trop souvent une sorte d'idéal inaccessible, alors que la nature des problèmes à traiter nécessite au-delà d'une amélioration dans la circulation de l'information, une coordination approfondie entre les organes par le développement durable »(*61). L'efficacité de la future organisation va de pair aussi avec le contrôle et la sanction pour une meilleure application du droit international de l'environnement. En effet, les mécanismes de recours et de sanctions en matière d'environnement sont si sommaires qu'il est difficile de faire annuler les contrats et accords qui violent le droit international de l'environnement. Excepté en droit communautaire européen, la possibilité de sanctionner un Etat pour non respect d'un Accord mondial environnemental est très rare. L'OME devrait ainsi se doter d'une juridiction permanente compétente pour connaître de la violation de tout accord relatif à la protection de l'environnement global. Comme l'a fait remarquer l'Association Agir pour l'environnement, en terme de contrôle et de sanction des Accords mondiaux environnementaux, la compétence de l'OME pourrait se limiter exclusivement aux traités à portée mondiale. Car, un mandat précis est facteur de transparence. Cette juridiction propre aux accords environnementaux, pourrait tisser des liens avec l'organe de règlement des différends de l'OMC. L'organe d'appel de la future Cour mondiale de l'environnement pourrait ainsi être la Cour internationale de Justice (CIJ).Aussi, dans cette perspective, il est souhaitable d'organiser des possibilités de recours des Etats mais aussi des citoyens devant les juridictions internationales. C'est au prix de ces avancées que la mondialisation sera source de progrès et que le développement durable ne sera pas un voeu pieux. Tous les Etats sont-ils prêts à accepter ce nouvel ordre international ? Car dégager de nouveaux moyens institutionnels demande une volonté politique et un consensus qui ne s'obtient qu'au terme de longues et difficiles négociations où s'affrontent intérêt général de la planète, intérêt particulier des Etats et souveraineté étatique.

(61)- Environnement et développement .Les Nations Unies à la recherche d'un nouveau paradigme, 7eme rencontres internationales d'Aix en Provence, janvier 1999.

Dans le même sens, en 1990 déjà, lors de la réunion mondiale des Associations de Droit de l'environnement à Limoges, les participants à cette réunion avaient émis des propositions intéressantes allant dans le sens de l'amélioration de la gouvernance mondiale environnementale. Conscients du fait que la mise en oeuvre du droit international de l'environnement était largement insuffisante, les participants à cette réunion avaient fait un certain nombre de recommandations (*62).Malheureusement ces propositions n'ont pas véritablement été pris en compte tenu de nombreuses difficultés.

C-Les difficultés d'une réforme de la gouvernance mondiale actuelle

On ne peut sous-estimer les difficultés colossales d'une réforme ou mieux d'une restructuration de la gouvernance mondiale actuelle. C'est pour autant dire que le droit international de l'environnement prospectif a un morceau dur. Pour parvenir à un tel objectif plusieurs obstacles sont à surmonter, et pas les moindres. Dans Rome, société bloquée puis éclatée, les plébéiens arrachèrent jadis aux patriciens la « Loi des Douze Tables ».De même, demain, le droit international de l'environnement prospectif tentera de limiter la souveraineté des Etats en créant une Organisation mondiale de l'environnement. L'OME, telle qu'elle est prévue, ne ressemblera pas au PNUE. On a vu que l'OME sera une institution autonome, opérationnelle et paraétatique. L'autonomie se révèle par les pouvoirs, les finances et le personnel dont elle pourra disposer .En effet, la question du financement est effectivement un obstacle majeur à la mise en place d'une Organisation mondiale de l'environnement .Il est important que son budget soit considérablement revu à la hausse. En tant institution spécialisée des Nations Unies, elle doit bénéficier d'un budget propre financé sur contributions obligatoires des Etats. Ceci ne sont que des voeux pieux car l'expérience de plusieurs organisations mondiales a démontré que les Etats ne respectent pas souvent leurs engagements financiers. Si à l'ONU, les Etats ont des retards considérables dans le versement de leurs contributions, que deviendrait l'Organisation mondiale de l'environnement sans budget stable ? Un « machin » comme l'avait fait remarqué le Général Charles De Gaule le en son temps ?

De plus, il n'est pas exclu que les pressions au sein de cette organisation soient prévisibles pour orienter les objectifs de l'organisation dans une direction voulue par un groupe d'Etats puissants. C'est pourquoi les pays pauvres s'en méfient. Ils considèrent l'OME à tort ou à raison comme une menace pour l'accès aux marchés des pays industrialisés ou encore une machine au service des intérêts des pays riches.

Pour certains pays industrialisés par contre, comme les Etats-Unis, la mise en place d'une organisation aux pouvoirs très étendus risque fortement d'empiéter à leurs intérêts. Aussi, dans le principe d'une juridiction obligatoire à même d'imposer des sanctions aux Etats, l'acceptation de la supranationalité devient problématique. La possibilité de sanctionner un Etat, surtout appartenant à la catégorie des pays industrialisés est telle concevable aujourd'hui ?

(62)- Déclaration de Limoges, Recommandation 11, Novembre 1990. Les participants à cette réunion avaient proposé la mise place d'un nouveau mécanisme institutionnel au sein des Nations Unies : le Haut commissariat pour l'environnement et le développement et la Commission internationale pour l'environnement et le développement. Le domaine d'action de ce mécanisme est le contrôle de la mise en oeuvre des instruments internationaux relatifs à la protection de l'environnement et au développement durable.

Depuis toujours, il existe une chambre spécialisée pour l'environnement à la Cour internationale de justice, mais une action à cette juridiction requiert l'accord de deux Etats au litige, ce qui limite son intérêt. Cette chambre n'a d'ailleurs jamais été saisie .En résumé, il est difficile de réformer la gouvernance mondiale environnementale actuelle dans la mesure où certains Etats disposent de situations privilégiées dans les institutions actuelles.Il est certes vrai que l'Union européenne essaie de faire contrepoids à la superpuissance américaine, mais il est non moins clair que les pays industrialisés tiennent encore, et pour longtemps sans doute, presque toutes les clés qui ouvrent sur une amélioration de la gouvernance mondiale environnementale. Manifestement, l'action institutionnelle commandée par les défis environnementaux actuels reste encore largement tributaire de la volonté politique des Etats développés.

Nous avons vu que la protection de l'environnement et l'amélioration de la gouvernance mondiale environnementale sont de missions titanesques. Elle l'est aussi parce que la protection de l'environnement nécessite beaucoup de moyens financiers qui ne sont pas encore mobilisés aujourd'hui par la communauté internationale.

L'humanité est entrée dans un nouveau siècle mais les problèmes environnementaux mondiaux n'ont pas reculé devant l'augmentation de la richesse matérielle. La pauvreté et la faim continuent de menacer un quart des habitants des pays en développement. L'eau douce nous l'avons vu reste trop rare et les émissions de gaz à effet de serre augmentent. Les modes non durables de production et de consommation des pays développés n'ont pas changé. Ces problèmes pourraient s'aggraver, car la population mondiale devrait s'accroître passant de 6 à 11 milliards. La tendance à la détérioration de l'environnement mondial exige que la communauté internationale dans son ensemble fasse preuve d'un engagement politique plus fort et qu'elle prenne de nouvelles mesures permettant de progresser plus rapidement sur la voie du développement soutenable(*63).

Dans cet ordre d'idées, Federico Mayor(64*) avait déclaré : « Tous les pays de la planète doivent comprendre que pour faire face à ces problèmes de plus en plus urgents, ils doivent faire de nouveaux choix et déterminer de nouvelles priorités d'investissement. Les pays ne peuvent continuer à investir de milliards de dollars en armements et ne consacrer qu'une petite friction de leurs budgets nationaux aux secteurs clés que sont la recherche scientifique et le développement de sources d'énergie plus propres, et notamment d'énergie renouvelable. Pour faire face au gravissime problème des changements climatiques et donner une chance au développement durable, il faut passer d'une gestion de crise à une stratégie de prévention de crise qui aidera à réduire les effets des changements climatiques mondiaux .La seule option responsable qui nous reste est d'agir dès maintenant. Protéger notre atmosphère, l'air que nous respirons, la planète sur laquelle nous vivons est le véritable défi du XXIe siècle, et non l'accumulation des matériels militaires de défense qui servent aussi aux guerres que nous devons -enfin- apprendre à éviter ». Federico Mayor a fait cette déclaration à propos de la Conférence de Buenos Aires qui considère que les problèmes environnementaux mondiaux les plus sérieux affrontés par l'humanité sont indubitablement le changement climatique et les problèmes liés à l'eau à l'échelle planétaire. Cette mise au point était nécessaire pour aborder le second défi du droit international de l'environnement prospectif, à savoir dégager de nouveaux moyens financiers pour une mise en oeuvre effective du droit international de l'environnement en vigueur.

(63)- C'est une autre appellation du concept développement durable

(64)- Il faisait cette déclaration comme Directeur général de l'UNESCO

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein