Paragraphe 2 : l'opportunité d'une convention
mondiale forestière
La conclusion d'une convention
mondiale forestière est un véritable défi pour le droit
international de l'environnement prospectif .En effet, un obstacle majeur rend
difficile cette éventualité : le désaccord persistant
sur la base des intérêts économiques et de la
souveraineté des Etats, au sein de la communauté
internationale.
(39)- Cette Convention a été adoptée
à Salzbourg, le 7 novembre 1991.
(40)- Cette Convention concerne principalement les Etats
ci-après : République du Cameroun ; République
Centrafricaine ; République du Congo ; République
Démocratique du Congo ; République Gabonaise ;
République de Guinée Equatoriale ; République du
Tchad ; République du Burundi ; République du
Rwanda ; République de Sao Tomé et principe.
(41)-Ploye (F.):"La forêt d'Afrique centrale sous haute
surveillance", Jeune Afrique l'Intelligent hors-série n° 6
l'Etat de l'Afrique 2004, p.60.
Les pays développés du Nord sont favorables
à la conclusion d'un tel accord tandis les pays en voie de
développement ayant un couvert forestier considérable s'y
opposent farouchement. Sans oublier le désintéressement des pays
ayant un couvert forestier moins important
(*42).Les pays ayant un couvert forestier important ont-ils
raison de se méfier d'une Convention mondiale forestière ?
Ils voient dans cette Convention une sorte de menace pour leur économie
si rien n'est fait pour compenser cet effort de conservation des
forêts.
Dès lors, les pays industrialisés n'ont d'autres
choix que de donner des gages de leur bonne volonté aux pays pauvres
ayant un couvert forestier important : annuler la dette de ces derniers.
Cette opération serait alors une véritable contrepartie
équitable.
A la question de savoir s'il faut à tout
prix maintenant tendre vers un accord mondial obligatoire sur les forêts
mondiales, les avis sont partagés. La proposition de mettre en place une
Convention mondiale forestière, soutenue notamment par les pays
industrialisés depuis plusieurs années , a été
à nouveau rejetée lors du Sommet mondial sur le
développement durable en 2002.Mais constitue-t-elle vraiment une
panacée ? En dépit de son intérêt
théorique, l'opportunité d'une telle Convention est très
discutable : l'adoption de la Convention mondiale forestière
n'irait-elle pas à l'encontre des objectifs d'intégration, au
moment même où s'amorcent une prise de conscience de la
nécessité de gérer l'environnement dans le cadre des
politiques d'intégration régionale ou sous-
régionale ? Ne risque-t-elle pas de casser les dynamiques
créées dans le cadre des Conventions forestières
régionales ou sous-régionales ? Ne risquerait-t-elle pas
aussi de se superposer aux conventions de portée régionale
existantes sans parvenir vraiment à la protection des forêts
mondiales ?
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