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Le Knowledge Management: fondements et gestion de projet

( Télécharger le fichier original )
par Karim Hamadache
Institut Supérieur de Gestion et de Planification - Master management 2006
  

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2. La phase de diagnostic

La contribution à cette phase se fera en apportant des éléments de réponse à deux questions importantes :

Quels sont les problèmes majeurs que pose notre système d'information actuel pour les stockages et les flux d'informations ?

Où se localisent les connaissances indispensables à nos processus ? Sous quelle forme ? Qui la détient ?

2.1. Les problèmes majeurs du système d'information actuel

L'étape d'observation et des entretiens préliminaires a permis de repérer certains problèmes majeurs au niveau du système d'information que nous avons essayé d'analyser plus profondément à travers le questionnaire.

Trois problèmes font l'objet de ce diagnostic :

1. La gestion documentaire.

2. La gestion des tâches.

3. La communication interne.

2.1.1. Les problèmes de gestion documentaire

a. Documentation relative aux problèmes rencontrés et aux solutions trouvées

L'examen des réponses à la question 1A donne la répartition suivante :

102

Repport de la solution trouvée à un problème sur un

document spécifique

10

5

0

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

oui

non

Total

8

6

43% des chefs de projets disent ne pas transcrire une solution trouvée lors d'une réunion

de résolution de problème sur un document spécifique. La perte d'un tel savoir et le travail refait qui est engendré sont considérables.

Pour les chefs de projets qui transcrivent la solution trouvée sur un document spécifique,

ce document est le PV de réunion.

La possibilité d'accès à ce document par les autres chefs de projets est l'objet de la

question 1B ; qui donne la répartition des réponses suivante :

Possibilité pour les autres chefs de projets d'accèder au

document

6

4

2

0

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

oui

non

non réponse

Total

2

5

1

63% des chefs de projets disent que les PV de réunions ne peuvent pas être consultés par

les autres chefs de projets. Nos observations ont révélé que les PV de réunions comme les autres documents inhérents aux projets sont entreposés dans des armoires, chaque chef de projets détient la clé des documents inhérents à ses propres projets. La consultation de ces documents confidentiels fait l'objet d'une procédure qui exige une autorisation de la CCDM. Nous avions déjà constaté le manque d'intérêt pour la consultation des projets antérieurs, cela semble se confirmer par cette question.

La question 1C vise à établir la façon dont les solutions sont décrites par rapport à la possibilité de les réutiliser dans des situations similaires :

103

Description de la solution trouvée sous une forme qui

permette sa réutilisation dans une situation similaire

4

2

0

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

oui

non

non réponse

Total

2

3

3

Nous pensons que les non réponses révèlent le manque de souci concernant la

formalisation de la solution pour qu'elle puisse être réutilisée, ce qui revient à la transcrire sous une forme quelconque. La prédominance du «non» et des «non réponses» avec 75% d'occurrence, nous amène à croire que les solutions trouvées ne sont pas formalisées sous une forme qui permette leur réutilisation dans des situations similaires. Le fait que certains chefs

de projets (25%) trouvent que les solutions peuvent être réutilisées nous indique qu'il existe une possibilité de décrire les solutions trouvées sous une forme qui permette leur réutilisation dans des situations similaires.

L'interprétation de la question 1C permet d'expliquer ce dysfonctionnement :

Existance d'un moyen pour répértorier les solutions

trouvées

8

6

4

2

0

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

oui

non

non réponse

Total

1

6

1

Une seule personne sur les huit qui transcrivent les solutions trouvées sur les PV de

réunions et sur l'ensemble des chefs de projets interrogés utilise un document pour répertorier les solutions trouvées ; «problèmes rencontrés et solutions apportées».

Le fait que les solutions trouvées ne soient pas formalisées de manière à être réutilisées

ne pousse pas à les répertorier pour les retrouver facilement, en même temps, le fait de ne pas répertorier les solutions apportées ne favorisent pas leur formalisation sous une forme réutilisable.

104

Recommandations :

Inciter les chefs de projets à transcrire systématiquement les problèmes rencontrés et éventuellement les solutions apportées, par eux-mêmes, par un membre de l'équipe ou lors d'une réunion, sur un document spécifique ;

Formaliser la solution de manière à ce qu'elle soit facilement réutilisable dans une situation similaire ;

Signaler l'importance des moyens et du temps consacrés à ce problème pour motiver la réutilisation de la solution ;

Répertorier les problèmes rencontrés et les solutions apportées de façon à les retrouver facilement ;

Permettre l'accès à ce document à toutes les personnes intéressés.

b. Documentation relative aux erreurs commises

L'examen des réponses à la question 4 donne la répartition suivante :

Existence d'un moyen pour signaler les erreurs

8

6

4

2

0

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

oui

non

non réponse

Total

5

7

2

Nous considérons les «non réponses» comme une preuve de la non utilisation d'un

moyen déterminé pour signaler les erreurs commises, ce qui nous importe ici. Donc le pourcentage de ceux qui n'utilisent pas de moyen particulier pour signaler les erreurs commises est de 64%.

Les cinq répondants par «oui», citent des moyens différents pour signaler les erreurs commises :

 

Réponses

Chef de projets 1

Cahier de suivi

Chef de projets 2

Communication

Chef de projets 3

Registre de paillasse + informer le chef de département

Chef de projets 4

Courrier

Chef de projets 5

Non réponse

105

L'utilisation de moyens multiples pour signaler les erreurs survenues, ne permet pas de

les rendre visibles à tout le monde pour éviter de commettre les mêmes erreurs à chaque fois. Pour approfondir l'analyse, nous examinons la distribution des réponses à la question 5 :

Constat d'une erreur refaite sur un projet alors qu'elle a déjà été faite sur un autre

10

5

0

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Souvent

Rarement

Jamais

non réponse

Total

3

1

9

1

64% des chefs de projets n'ont jamais constaté une erreur récurrente sur un nouveau

projet alors qu'elle a déjà été commise sur un autre. Cela n'exclu nullement la présence de ce phénomène du moment que :

les erreurs ne sont pas systématiquement répertoriées ce qui ne permet pas de les comparer aux erreurs déjà commises ;

signaler une erreur est psychologiquement difficile ce qui fait que certaines erreurs restent inconnues des autres.

Le fait que 22% des chefs de projets aient déjà constaté «Souvent» la récurrence de certaines erreurs plaide en faveur de l'existence de ce phénomène.

Recommandations :

Inciter les chefs de projets à signaler systématiquement les erreurs commises par eux-mêmes et par les membres de leurs équipes sur un document spécifique unifié ;

Permettre l'accès à ce document à toutes les personnes intéressés ;

Signaler les erreurs de manière visible sur les appareils ;

Envisager la possibilité d'un système anti-erreur de type Poka Yoké ;

Signaler les conséquences de l'erreur en terme de coût et de jours de travail perdus pour motiver les gens à éviter de refaire la même erreur ;

c. Problèmes liés à la circulation des documents

L'examen des réponses à la question 8 donne la répartition suivante :

106

Fréquence des retards dus à la non disponibilité des

documents

15

10

5

0

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Souvent

Rarement

Jamais

Total

12

2

0

86% des chefs de projets interrogés affirment qu'ils sont «Souvent» retardés dans leur

travail parce que le document qu'il leur faut n'est pas disponible. Ce qui démontre une mauvaise circulation des documents de travail et leur indisponibilité sur le poste au moment qu'il faut.

La question 7 offre un éclairage intéressant sur ce dysfonctionnement :

Distribution des informations nécessaires au travail dans

plusieurs documents

15

10

5

0

 
 
 
 
 
 
 
 
 

oui

non

Total

10

4

71% des chefs de projets trouvent que les informations nécessaires au travail sur un poste

sont trop dispersées dans différents documents ce qui explique en partie la difficulté à retrouver l'information nécessaire. Nous verrons plus loin que les problèmes de communication interne jouent aussi un rôle dans ce dysfonctionnement.

Rappelons que la perte de temps dans la recherche d'un document induit une perte de productivité qui peut être très importante. Mais au-delà de la perte de temps, c'est la frustration induite et la démotivation des travailleurs qui sont plus préjudiciables.

Recommandations :

Pour les documents «fixes» :

1. s'assurer de leur disponibilité sur le poste en nombre suffisant pour les utilisateurs ;

2. s'assurer qu'ils sont mis à jour et lisibles ;

107

3. réduire leur nombre le plus possible et uniformiser leur présentation.

Pour les documents «circulants» :

1. concevoir une structure générique pour un document qui circule le long d'un processus ;

2. tendre vers un document unique qui s'enrichisse au fur et à mesure des interventions, il sert de check-list aux intervenants et garantit que les personnes n'oublient pas de documenter les points essentiels.

3. fixer une durée pour le traitement du dossier sur chaque poste et avertir des dépassements de délais.

2.1.2. Les problèmes de gestion des tâches

Il s'agit surtout du problème du qui fait quoi ?

L'examen des réponses à la question 8 donne la répartition suivante :

Réalisation de tâches qui ne soient pas décrites dans la

fiche de poste

15

10

5

0

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

oui

non

Total

12

2

86% des chefs de projets interrogés trouvent qu'ils exécutent des tâches qui ne sont pas

décrites dans la fiche de poste. La fiche de poste est un outil qui aide à décrire le qui fait quoi, sans être très rigide. Mais quand les tâches ne sont pas clairement définies cela conduit à un dysfonctionnement comme le révèle l'analyse des réponses à la question 11 :

Constat qu'une tâche n'a pas été réalisée parce que

chaque personne croyait que l'autre s'en occuperait

8

6

4

2

0

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Souvent

Rarement

Jamais

Total

4

4

6

108

42% des chefs de projets n'ont jamais constaté un travail non fait parce que chaque personne croyait que l'autre s'en occuperait. Mais ce constat est fait «Souvent» par 29% des chefs de projets et «Rarement» par 29% d'entre eux.

Ce constat pose le problème de la relation d'une personne à la tâche. Pour une tâche qui peut être réalisée par plusieurs personnes, comment coordonner le travail pour qu'il soit réalisé à temps.

Nous avons aussi constaté qu'il arrive que plusieurs personnes fassent le même travail en même temps et se retrouvent obligées de choisir lequel retenir et lequel ne pas utiliser.

Recommandations :

Réactualiser les fiches de postes plus souvent et les mettre à la disposition des personnes ;

Améliorer la communication interne par différents canaux : réunions, messagerie électronique, hiérarchie...etc.

2.1.3. Les problèmes liés à la communication interne

Les questions 12 et 13 sont analysées simultanément :

Retard du à la non transmission d'une information de la

part d'une personne ignorant la dépendance vis-à-vis d'elle

15

10

5

0

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Souvent

Rarement

Jamais

Total

10

2

2

Retard du à la non transmission d'une information à une

personne dépendante de nous par ignorance de cette dépendance

8

6

4

2

0

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Souvent

Rarement

Jamais

non réponse

Total

4

2

6

2

109

71% des chefs de projets interrogés disent qu'ils ont «Souvent» été retardés dans leur travail parce que la personne qui devait leur remettre l'information nécessaire ne l'avait pas faite par ignorance de cette dépendance. Le cas contraire est moins fréquent, mais sans aller jusqu'à douter de la foi des répondants, nous pensons qu'ils n'ont aucun moyen de le savoir s'ils ne reçoivent pas de réclamation, ce qui fait que plusieurs retards passent inaperçus à leurs yeux.

Ce phénomène est très révélateur d'une mauvaise circulation des documents comme nous l'avons déjà vu. Il reflète surtout la mauvaise communication au sein du CRD.

Nous avons essayé d'analyser la communication entre les chefs de projets à travers les deux questions 14 et 15. La distribution des réponses pour la question 14 est comme suite :

Nombre de chef de projets avec qui vous entretenez des

contacts réguliers et étroits

non réponse

6

5

4

3

2

1

0 1 2 3 4 5

L'interprétation de cette question nous renseigne sur l'existence d'un petit noyau autour

de chaque chef de projets qui nous semble insuffisant pour favoriser les échanges et créer une communauté plus solide.

Pour mieux approfondir l'analyse nous examinons la répartition des réponses à la

question 15 :

110

Connaissance des compétences particulières des autres chefs de projets

Aucune connaissance sur leurs compétences

Compétence pointue dans un domaine particulier

Expérience antérieure

Formation complémentaire

Formation de base

0 2 4 6 8

La connaissance des compétences pointues d'une personne dans un domaine particulier et

de sa formation complémentaire, renseignent sur des échanges professionnels fréquents. Ces deux catégories sont très faiblement représentées ce qui nous mène à croire que la communauté des chefs de projets n'échange pas souvent des conseils et des bonnes pratiques dans leur domaine.

La question 17 est complémentaire de l'analyse de la communication interne :

Lorsque vous faites appel à un collègue, c'est en fonction de:

autre

le premier collègue que vous trouvez

la personne la plus disponible

en fonction d'affinités personnelles

vous êtes certain que c'est la personne la plus

compétente dans le domaine

0 5 10 15

111

Il nous semble qu'il y ait une réelle volonté de contacter la personne la plus compétente dans le domaine, mais l'absence d'informations sur les compétences des gens peut mener souvent à croire que la personne est vraiment la plus compétente alors qu'il y a plus compétent qu'elle.

Nous pensons qu'il y a des insuffisances dans la communication interne au CRD qui se révèlent par une mauvaise transmission de l'information et l'ignorance de l'apport que les autres peuvent donner.

Recommandations :

Nous pensons qu'il est possible de favoriser les échanges et de permettre l'émergence des communautés de pratiques au sein du groupe des chefs de projets. Nous reviendrons plus loin sur les outils qui peuvent y contribuer.

2.2. Repérage des connaissances indispensables au processus

Nous avons déjà essayé à travers les questions 8 et 9 de déterminer les catégories des connaissances indispensables aux chefs de projets. Cette étape est primordiale et elle nécessite

de répertorier tous les documents et leurs sources, de quelle manières sont-ils transmis...etc.

Les connaissances tacites sont plus difficiles à repérer et il n'est pas aisé de déterminer qui les détient et comment elles se transmettent.

Recommandations :

Répertorier les documents de travail et déterminer leur mode de circulation ;

Faire comprendre aux gens ce qu'est la connaissance tacite et son rôle dans la création du savoir ;

Favoriser les réunions et les rencontres qui sont la place d'échange de connaissances tacites.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote