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La victimisation du personnage féminin dans Walaandé, l'art de partager un mari et Munyal, les larmes de la patience de Djaili Amadou Amal


par Germaine DANGA MOUDA
Université de Maroua - Master2 2021
  

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4.2.3. Critique de la société patriarcale

La critique de la société qui transparaît dans le roman de Djaïli Amadou Amal s'inscrit dans le discours dominant et a l'effet d'en mettre à nu les suppositions traditionnelles avec acceptation des conséquences. Son écriture va à l'encontre des règles ancestrales qui tentent d'enfermer la femme dans les liens traditionnels du patriarcat, malgré la désapprobation, voire l'opposition de des personnages femmes, représentantes et garantes de la perpétuation des principes coutumiers dans la famille. Agissant presque seules contre tous, puisque ne bénéficiant ni de complicité, ni même de sympathie pour leurs causes, certaines femmes suivent de manière imperturbable la voie qu'elles se sont tracée, sans que cela n'altère, de façon significative, leur identité féminine.

D'emblée, on peut remarquer de part et d'autre une dénonciation de la mentalité rétrograde que possèdent les pères de famille comme Alhadji Issa et Oncle Hayatou dans Munyal ou AlhadjiOumarou et l'Imam de la mosquée dans Walaandé. Il semble que ces derniers aient tendance à s'appuyer sur des principes traditionnels et religieux qui s'apparentent de près à ceux d'un « régime liberticide ». Ces hommes sont des croyants qui détiennent une attitude particulièrement répressive à l'égard de leurs jeunes filles. Se dévouant à l'Islam, AlhadjiOumarou prend au pied de la lettre toutes règles que lui dicte le coran. Il les applique notamment dans ses manières d'éduquer et de châtier ses épouses et ses filles, puisque celles-ci s'avèrent assez strictes. En vérité, cet homme ne manque pas seulement de souplesse, mais peine également à comprendre la détresse vécue par sa concession. On dirait qu'il considère la période de l'adolescence telle une phase de perversion où séduction, envies sexuelles, éveil à la féminité et plaisir sont synonymes de provocation, voire de délits. Outre les regards condescendants et les reproches incessants que ce commerçant respectable manifeste à ses épouses, on perçoit son puritanisme lorsqu'elle apprend que l'une d'entre elles lui a adressé une parole qui ne rentre pas dans les règles de l'art.

De l'autre côté se présente Moubarak, jeune homme colérique et qui lui aussi ne cesse de réprimander sa cousine épouse Hindou pour ses moindres faits et gestes. Reclus dans une situation précaire du fait de ses multiples échecs dans les affaires, ce dernier vit au milieu des gens attachées aux valeurs traditionnelles et islamiques, mais ne les respecte aucunement. Il tient des discours conservateurs sur les droits et libertés des femmes en estimant que ces dernières ne sont utiles que pour servir, cuisiner, nettoyer et enfanter.

Le fil de lecturedes deux romans amène à lire dans le même temps des récits de viesde femmes peules racontant comment les personnages féminins bataillent pour échapper à un avenir de soumission totale promis par la tradition et la religion, pour accéder au droit la parole et, donc, à la dignité féminine. Les romans de Djaïli Amadou Amal rappellent bien, sans emphase, quelle énergie il a fallu hier et faut encore aujourd'hui à une jeune fille peule sahélienne pour s'extirper du sort commun promis par le patriarcat coutumier à toutes les femmes en Afrique : obéir et se taire.Forte de cette conviction, Djaïli se lance dans un projet de récit un peu « fou » : révéler l'intérieur de la culture peule,les procédés qui permettent aux hommes de maintenir en captivité la femme avec la complicité des religieux et des femmes même.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote