WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La victimisation du personnage féminin dans Walaandé, l'art de partager un mari et Munyal, les larmes de la patience de Djaili Amadou Amal


par Germaine DANGA MOUDA
Université de Maroua - Master2 2021
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

3.2.2. L'image de la polygamie et de la procréation

L'attention que les romanciers africains accordent au thème du mariage nous indique à quel point cette institution est d'importance dans la vie des africains. Ce sujet est abordé sous des optiques différentes mais il reste toujours un thème dominant. « La vie familiale, les coutumes du mariage, la dot, la cola symbole de liens et de solidarité, le choix du conjoint, l'épouse traditionnelle idéale, la polygamie, toutes ces questions sont posées face au défi du modernisme qui gagne la vie des africains depuis plus d'un siècle. » (IkhlasSiddig, 2011 : 16). Suivant le rythme rapide de la vie, traçant les changements qui donnent leur impact sur la société, les écrivains ont leur mot à dire. Alors ils écrivent tantôt sur un ton plus ou moins nostalgique en chantant les louanges des moeurs et des valeurs traditionnelles. Tantôt sur un ton plus ou moins critique en envisageant certaines coutumes, certaines pratiques jugées comme non convenables aux exigences de la vie moderne. C'est le cas de la romancière Djaïli Amadou Amal. Ses oeuvres sont bâties sur un fondement de contrastes et de conflits sociaux qui résultent de la coexistence des cultures et des valeurs traditionnelles ou occidentales.

Les oeuvres mettent en avant principalement de l'ironie exprimée par le langage et les réflexions du point de vue du narrateur. Ce que racontent ces écrivains, il faut le prendre au sérieux, parce qu'ils sont les témoins de leurs époques. Il va sans dire que nous avons besoin de ces témoignages, de ces expériences qui servent d'éclairage et nous guident et qui nourrissent notre vie actuelle et celle de l'avenir. Le corpus sur lequel s'articule notre analyse traite de ce phénomène de société pour connaître, à travers les personnages particulièrement féminins, le statut de la femme, la première concernée par cette pratique.La polygamie telle que pratiquée dans les romans de Djaïli Amadou Amal présente des facettes assez négatives. Le ménage perd sa tranquillité. Il rompt avec la communication quotidienne entre le couple. L'atmosphère s'empoisonne. Ce sont les premiers symptômes. Les suivants seront encore plus durs lorsque le projet est réalisé.

En effet, les dépenses des coépouses fait partie de la compétition qui est entretenue entre elles. Chacune veut tirer le maximum de la poche de leur époux pour des motifs toujours différents. À titre d'exemple, pour AlhadjiOumarou, la deuxième femme qu'il a répudiée, son comportement dépensier, le gaspillage sont devenus une habitude. Elle dépensait pour rien, cela est dû à son caractère superficiel et léger. Elle possède un gout très poussé pour l'argent; au point d'en devenir addictive et se transformer en cleptomane.Le comportement dépensier de la seconde épouse, Djaili, dans Walaandé. L'art de partager un mari, frise également la mécréance. L'on remarque qu'elle dépense en peu de temps la même somme qu'elle parvient à économiser pendant des semaines. Elle le fait exprès, car elle pense à son avenir dans le foyer. Elle se dit qu'il ne lui reste qu'à s'accrocher, se mettre à l'abri des aléas de la vie. Dans sa situation elle a raison de s'inquiéter, puisque son mari ne se contente pas de la troisième épouse mais il en prend une quatrième. Donc, c'est mieux d'économiser pour les temps dûrs, pour l'avenir qui n'est pas toujours rassurant dans une famille polygame.

Pour résoudre des problèmes matrimoniaux, on constate un recours permanent au maraboutage, à la sorcellerie. Une pratique très répandue en Afrique que la polygamie encourage davantage. Les femmes abandonnées par les maris ou celles qui perdent le privilège d'être femmes préférées par leur mari ou même celles qui craignent que leurs maris prennent de nouvelles femmes, sont une bonne clientèle des marabouts. Pour écarter une nouvelle coépouse ou bien ramener l'époux à son foyer, il y a des charlatans reconnus partout. Ils sont excellents en philtre magique mais ils habitent toujours loin et il faut les payer cher.

La sorcellerie fait partie des activités journalières des femmes telles que de Djaïli. Quant à Aïssatou, la première femme AlhadjiOumarou dans Walaandé. .L'art de partager un mari, elles vont régulièrement chez un marabout cherchant la faveur d'Alhadji. Elles suivent scrupuleusement ses consignes.Il en est de même dans Munyal Les larmes de la patience. Sous l'impulsion de la jalousie provoquée par son détrônement par la nouvelle épouse, Ramla, Safira s'emploie à mettre en lumière des pratiques ésotérique dans le but de reconquérir son époux. Pour elle, tous les moyens mystiques sont bons, pourvu qu'elle retrouve sa place. Ainsi, Sakina envoie son amie chez le marabout et lui donne des instructions en ces termes : 

Dis-lui que je suis prête à tout. Je donnerai tout ce qu'il voudra. Je ferai tout ce qu'il demandera. Je veux seulement qu'elle parte ! Immédiatement ! Qu'Alhadji la répudie ! Reste là-bas le temps qu'il faudra. Tu as cinq cent mille francs dans cette enveloppe. N'hésite pas à dépenser. Même s'il demande un boeuf en sacrifice, fais-le ! L'argent n'est rien. Je veux qu'elle se casse ! Rappelle-toi bien son nom, celui de sa mère et celui de son père aussi pour qu'il lui jette un sort. (MLP : 146)

Cet extrait révèle la profondeur de l'engagement de cette épouse à nuire à sa rivale. Cette situation est provoquée par le remariage d'Alhadji. Elle est amplifiée par le traitement inégalitaire que celui-ci accorde à ses épouses, pourtant prescrit par le Coran. Safira se sent insultée dans son honneur. Elle se sent délaissée. De ce fait, elle se doit de reconquérir son trône.En plus des pratiques ésotériques, Safira se livre à de la mesquinerie pour parvenir à ses fins. Tout y passe, toutes les bassesses. Elle n'épargne personne et tous les moyens sont bons:

L'air de rien, je me révélais une adversaire redoutable et utilisais parfois mes enfants et les domestiques pour arriver à mes fins. Je n'arrêtais pas de monter des coups contre Ramla. Et tout y passait ! Je faisais verser des grains de sable sur ses grillades et dans sa farine destinée au couscous. Je rajoutais du sel dans sa sauce. Je glissais discrètement encore du sable mais sous les draps dans le lit conjugal au sortir de mon waalande. Je dissimulais savon et papier hygiénique, salissais les serviettes, et Alhadji se plaignait, tempêtait et s'énervait contre Ramla sans qu'elle puisse se justifier. (MLP : 181-182)

La révélation du comportement mesquin de cette épouse, est la face hideuse de la polygamie qui est étalée ici. Certainement la polygamie est l'une des pratiques dont la femme africaine souffre beaucoup. Le corpus attirer l'attention sur le fait que les souffrances de la femme africaine présentent de multiples visages, ce qui veut dire que la femme ne souffre pas uniquement à cause de la polygamie. Les exemples pris dans le cadre de cette analyse montrent qu'il existe d'autres souffrances qui sont parfois même pires que celles de la polygamie. À vrai dire la vie n'est pas toujours douce, souple ou agréable, les problèmes, les obstacles sont partout et dans la vie de tout le monde. Personne ne peut s'en échapper, même les hommes, ils ont leur partie de la misère, des souffrances. Il faut donc que les femmes soient fortes, solides et lucides pour les affronter.

Parvenu au terme de ce chapitre qui traite des conséquences de la victimisation, il ressort que cette pratique entraine d'importantes marques sur les victimes ainsi que sur la famille entière. Ainsi, l'on note la dislocation de la famille telle que celle d'AlhadjiOumarou, les troubles psychologiques et pour finir, la mort de la victime. Par ailleurs, la tradition et la culture impactent aussi dans le foyer.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984