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La victimisation du personnage féminin dans Walaandé, l'art de partager un mari et Munyal, les larmes de la patience de Djaili Amadou Amal


par Germaine DANGA MOUDA
Université de Maroua - Master2 2021
  

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2.1.3. La souffrance

Dans le corpus, le récit est singulier puisqu'il évoque une injustice face à laquelle la femme seule est confrontée. Elle vit l'hypocrisie, le machisme et partant, le patriarcat imposé par l'homme et la société. Toutes les actions et situations représentées dans le corpus sont en défaveur de la femme. Ce qu'elles vivent, les femmes, le mariage forcé, la polygamie, la violence, le déclassement et le mépris, ne visent qu'une seule chose : la faire souffrir. Dans Munyal. Les larmes de la patience, la souffrance de la femme est atteint son degré de paroxysme. Hindou, l'une des protagonistes en a vécu l'expérience : « Je prends une douche, laissant l'eau couler sur son corps meurtri comme pour me laver de mes souffrances. J'essaie d'étouffer mes sanglots de peur d'attiser à nouveau sa colère mais j'ai du mal à m'en empêcher » (MLP : 109). Ici, le personnage fait les frais de l'arrogance masculine. L'épouse est ici traitée comme un objet par son époux. Elle n'a aucune considération, aucun égard. La violence sous toutes ses formes s'abat sur elle. Et elle en souffre. Moubarak l'époux, s'est imposé comme le mâle dominant, il a investi l'espace conjugal, en occupant la place du bourreau, en la terrorisant tout en la privant de toute dignité. Le comble du malheur de la jeune Hindou est que la brutalité de son époux est de plus enplus fréquente et cela sans prétexte aucun : « Il continue de me brutaliser, de m'abreuver d'insultes aussi dégradantes qu'humiliantes. On ne compte plus les hématomes, égratignures et ecchymoses que ses coups laissent sur mon corps - et ce dans la plus grande indifférence des membres de la famille. On sait que Moubarak me frappe, et c'est dans l'ordre des choses. Il est naturel qu'un homme corrige, insulte ou répudie ses épouses. » (MLP :104).La souffrance qu'endure la jeune femme rentre désormais dans l'ordre normal des choses. Toute la famille est complice de ce traitement. Elle est seule face à son destin.

Le corpus est un roman de pleurs, de souffrance, une expression de la douleur de la femme. C'est la femme-souffrance par excellence. Un récit qui décrit la souffrance des mères et des épouses. Une souffrance qui est venue accroitre la douleur de ces femmes après qu'elles sont devenues objets entre les mains des hommes. Ce récit explique l'étendu de la souffrance chez toutes ces femmes. Une étape cruciale dans leur vie qui a été un point de départ dans un long chemin de lutte pour la plupart d'entre elles. Dans Walaandé. L'art de partager un mari, Nafissa, l'une des épouses de Alhadji, ne connais que souffrance dans ce foyer. En fait, jeune et frêle, elle est astreinte à des travaux domestiques, à des charges très lourdes. La concession qui ne désemplit pas de monde, elle est obligée de faire la cuisine pour satisfaire toute la population. Or, sa jeunesse ne lui permet pas de réaliser cette tâche. Pendant que toutes ses coépouses attendent leur tour avec impatience, elle redoute quant à elle ce jour. Elle est terrorisée par le fait de ne pas pouvoir assumer se tâches domestiques. Elle est terrorisée par son époux : « Tout dans ce duplex la met mal à l'aise. Elle s'y sent gauche et pas à sa place. Elle a peur d'ouvrir la bouche et de la froisser par une phrase pourtant simple. Elle a peur de lui, de tout, elle ne sait plus de quoi elle a peur, mais elle a peur quand même. » (WAPM : 46). Tous les traitements qu'elle subit au quotidien de la part de son époux l'on rendu frileuse. Elle est traumatisée par cette violence à la fois physique et psychologique qui est devenue son quotidien. Le plus souvent, quand le personnage féminin veut faire entendre sa voix, c'est pour exprimer et manifester sa souffrance dont l'époux est le responsable. C'est ce qui justifie les propos d'Aîssatou : « qu'il est court le temps de bonheur de la femme. La femme est née à genoux aux pieds de l'homme ; me disait une amie. Nous passons notre temps à souffrir ! Souffrir pour faire plaisir à nos pères, puis à nos maris, puis à nos enfants.Nous passons notre vie pour les autrescar en réalité, nous n'avons pas de vie » (WAPM :121).Cet extrait de texte nous montre à suffisance que la femme est un être né uniquement pour faire plaisir aux autre et partager leur souffrance.

Donc, les romans de Djaïli laissent transparaître les événements de la vie familiale et personnelle caractérisés par la souffrance des femmes. Elle a su dévoiler d'une façon surprenante les souffrances et les chagrins des coeurs liés à la femme : la précocité amoureuse, l'inégalité. Un vécu intime relaté tout au long de son oeuvre.La lecture des textes montre que les personnages féminins vivent tous dans les mêmes sentiments de détresse. D'une façon ou d'une autre, elles subissent les mêmes situations, chacune d'elle a un monde propre où elle se trouve séquestrée, cependant, on peut dire aussi que ces femmes vivent aussi ensemble dans une parfaite harmonie, elles ont pu s'adapter à leurs vies pour pouvoir vivre leurs journées en sérénité. Malgré leurs divergences vis-à-vis de leur statut familial, ces femmes sont restées toujours solidaires entre elles, et ont essayé de s'entraider. Elles ont toutes vécu une complicité permanente. On peut dire que la cause derrière cette réalité, c'est le fait que toutes ces femmes vivaient les mêmes conditions de vie et cachaient au fond d'elles les mêmes souffrances, la même amertume et la même soif de liberté.On peut donc dire que cette spécificité d'écriture est de caractère féminin.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein